WALLIS - SEPTEMBRE 2023
Notre vidéo : https://youtu.be/eZyydQjNxac
Musique : Hicham Chahidi – Free ; Yom - Celebration
Chers amis !
De Penrhyn à Wallis :
A peine avons-nous quitté Penrhyn que nous pêchons un magnifique thon obèse dit "thon jaune" : un quart d'heure de lutte pour Dom avec le bateau à 8 nœuds, qui rend la remontée des cent mètres de traîne plutôt sportive. Une très belle prise cuisinée en tartare, darnes, gravelax et en curry vert, que nous allons manger toute la semaine.
La traversée se déroule sans souci à plus de 200 mn par jour, lorsque soudain la drisse de GV casse. Paul imagine immédiatement d'installer une drisse de secours et le voici en haut du mât, en pleine mer, à se faire malmener contre le mât et les haubans tel un petit fétu de paille... Il hurle comme un beau diable mais termine son installation, et lorsque je le redescends, il est couvert de bleus sur les jambes, les bras et il a même un gnon à la mâchoire. Nous terminons donc notre navigation avec la GV 1 ris, mais il nous faut encore ralentir pour arriver au petit matin et de jour à Wallis.
Bien que n’ayant pas tout à fait atteint le 180è méridien, nous changeons de date et d’heure (lire l’article).
L'entrée dans le lagon de Wallis nous plaît beaucoup. Vaste, nombreux îlots verdoyants, belles plages. Nous allons mouiller dans la baie de Gahi, plus abritée, et allons dès le lundi au village de Mata’Utu pour faire les formalités, acheter une carte Internet, faire quelques courses. Les gens sont d’une gentillesse incroyable, très souriants, et il y a un taux record de beaux rugbymen ! Le stop fonctionne bien, et nous en faisons beaucoup car nous peinons à trouver une voiture à louer (les scooters n’existent plus ici). Ne manque que le beau temps, car nous subissons pendant la première semaine un mauvais temps chargé de vents et de pluies.
Wallis :
Bienvenue au royaume de Wallis et Futuna, un cas unique à bien des égards en France : d’abord 3 rois encore en place qui régissent du bon et du moins bon : le droit coutumier, la propriété des terres aux familles, les usages traditionnels, mais aussi les privilèges (par exemple dans l’emploi) et les querelles de clocher. Un territoire exonéré d’impôts, un enseignement et des soins médicaux et hospitaliers totalement pris en charge par la France (ici ils disent « gratuit »). Des fonctionnaires incroyablement bien payés qui représentent 75 % de l’emploi (salaire double payé sur 21 mois par an) : Wallis détient le record de la sur-rémunération des fonctionnaires (Médiapart 2023) ! Du coup, l’île est riche (c’est pour ça qu’il n’y a plus de scooters) et les Wallisiens heureux, d’autant qu’ici ils vivent sur leurs terres, ont leurs parcs à cochons et leurs champs d’ignames, de taros, et leurs pieds de bananes, papayes etc. Pas besoin de beaucoup d’argent et on s’en procure facilement en vendant un peu de sa production ou en louant une maison.
A l’occasion d’un dîner au Beach Club auquel nous sommes invités, nous avons l’opportunité de découvrir qui sont ces fonctionnaires bienheureux de l’Etat français, et la rencontre nous fait plaisir : la quinzaine de personnes qui sont là ont entre 30 et 40 ans et ont tous un parcours incroyable d’expat. Dynamiques, mobiles, impliqués dans leur travail, capable de démissionner si le boulot ne leur apprend rien, bref, c’est une belle surprise loin des clichés qu’on pourrait imaginer… Avis aux amateurs !
Malheureusement, cette manne financière française n’est pas sans distorsion : travailler dans le privé devient inintéressant, la culture de fruits et légumes tend à disparaitre. En traversant l’île un peu plus tard en voiture (on a fini par trouver 3 jours de location), on constate que 90 % de la terre n’est pas cultivée et complètement envahie par une liane invasive qui étouffe les arbres et les palmiers. Une vraie malédiction à laquelle il n’est pas pour l’instant trouvé de solution.
Des opportunités de travail, il y en a, par exemple : les œufs (on en manque régulièrement, il n’y a qu’un producteur qui ne fournit pas assez), les tomates (il n’y a qu’un producteur qui vend sa production en une demi-heure le samedi matin alors qu’elles se vendraient ici à très bon prix (le marché est captif). Bref, il y a du potentiel inexploité ici…
Côté voisinage, le lien le plus évident et le plus fréquent de Wallis est la Nouvelle Calédonie, autre terre française à 1 900 km, et où se sont expatrié les 2/3 des Wallisiens, au point de représenter en là-bas la 3è population locale (après les Kanak et les Caldoches). Malgré son cadre de vie, Wallis ne retient pas ses jeunes, qui une fois partis, ne reviennent éventuellement que pour leur retraite.
Alors que nous arrivons à terre pour aller marcher un peu, Thomas et Marie-Pierre, qui habitent au bord de la baie, décident de nous emmener visiter le sud de l’île en voiture (marcher ??). Avec eux, nous apprenons plein de chose, par exemple qu’il n’y a guère de différence entre les Tongiens et les Wallisiens, parce qu’au début du XVè siècle, le royaume des Tonga (voisin) a attaqué le royaume de Wallis. Les vainqueurs (les Tongiens) se sont installés à Wallis et ont fusionné au fils des décennies avec la population. D’où le format masculin : Joma Lomu par exemple, star des All Blacks, est d’origine Wallisienne par son grand-père (j’écris sous la dictée de Paul car là nous sommes en dehors de mes compétences, mais mon fils sera content !). Il nous apprend aussi que les Wallisiens sont des bâtisseurs dans l’âme, et que leurs grandes églises (souvent originales) ont été construites par la population sans aucun plan préalable ni architecte (ni même dépôt de permis de construire d’ailleurs). Et ça tient bien debout !
Après quelques jours de balades sur l’île, des rencontres sympathiques (Delphine, Raza, Dominique), des courses au village, nous passons la suite de notre séjour sur les îles du lagon où les Wallisiens viennent passer le dimanche. Très beaux snorkelings dans des sortes de piscines naturelles aux bleus incroyables, coraux préservés, plages de rêve (mais rien à chasser pour Paul). Nous sommes invités par Thomas et Marie-Pierre sur leur îlot pour fêter l’anniversaire d’une de leurs filles. Quelques personnes annoncées au départ, une trentaine en réalité, que nous prenons à bord de Peikea et Balthazar, le voilier de Magnus et Julia. Une virée complètement en dehors des clous (juridiquement parlant) mais qui remplit Thomas de joie.
Puis nous attendons encore une semaine que le vent se calme pour nous permettre de partir vers Futuna, où le mouillage n’est pas abrité (il vaut donc mieux une mer apaisée).
Au total, notre séjour aura été assez long, une belle étape avant Futuna, dont on nous dit que c’est Wallis en plus authentique ! On ne demande qu’à voir…
A bientôt donc, et merci de vos nouvelles !
Dom et Paul
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