RURUTU - NOV DEC 2022

Posté par : Paul et Dom
15 December 2022 à 00h
Last updated 15 December 2022 à 17h
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Chers amis,

Notre vidéo : https://youtu.be/29oQLxRbMiA

Vidéo mariage : https://youtu.be/6P0TjIiuEZU

Ah la la les amis ! Notre cœur a vibré très fort à Rurutu. Et si nous devions attribuer une palme d’or de l’accueil en Polynésie Française, nous la remettrions avec joie et cérémonie à Rurutu et à Timaru et sa famille qui nous ont si chaleureusement accueillis à Avera, comme tous ses habitants. Que dire ? Partout dans l’île, un accueil spontané, chaleureux, intéressé par nous et notre voyage, heureux de voir un voilier dans la baie. Ici les gens traversent la rue pour venir nous dire bonjour, s’arrêtent dès que nous sommes sur le bord de la route pour nous emmener au village d’à côté. Et que dire de cette île luxuriante où poussent à profusion bananiers, pamplemoussiers, citronniers, papayers etc…

Peu de voiliers viennent ici car le mouillage est peu protégé (seule la baie d’Avera offre une protection relative par vent d’est et sud-est), et la plupart ne restent que quelques jours. Alors en trois semaines, nous avons fait la différence ! Nous restons seuls au mouillage durant ces trois semaines, et les habitants en sont enchantés.

Mais commençons par une petite présentation générale : isolée de ses voisines (environ 100 miles) et sans lagon, mais avec un platier qui la protège des vagues de l’océan (en face de nous, côté ouest, il y a à vol d’oiseau…. l’Australie et sa barrière de corail, à plus de 5 000 miles (9 000 km)), Rurutu a subi deux poussées tectoniques qui ont fait apparaître au-dessus du niveau de la mer des falaises et des grottes de corail (le makatea), que l’on visite de préférence avec un guide pour les petites histoires qui vont avec : guerres tribales et cannibalisme jusqu’au début du XIXe siècle.

Peuplée assez récemment (10è siècle ?) elle a hébergé jusqu’à 35 000 habitants, regroupés en tribus qui se firent longtemps la guerre, encouragées par des prêtres belliqueux et avides de puissance. Puis, dans les années 1800 et quelque (après un premier passage de James Cook en 1769), vinrent les Espagnols et leur dieu unique pacificateur qui permit aux habitants de quitter leur mode tribal et guerrier et de s’unifier. Peu de temps après, une petite grippe (espagnole ?) décima 90 % de la population. Aujourd’hui ils sont 1 500 à 2 000 habitants, et la démographie se porte bien car des gens viennent s’installer ici, retraités ou Tahitien en mal de vie plus simple (et moins coûteuse).

Au moment de cette « unification » pacifiante, l’île devient Rurutu (prononcer Rouroutou en roulant les R) :  « Droit, debout, jusqu’au bout », devise qui a donné beaucoup de force et d’autonomie à l’île (la jeune génération va sûrement affaiblir cette volonté d’identité, même si les parents et l’école tentent de maintenir ces valeurs). Ici encore, un conseil des sages donne son avis sur le développement de l’île, et il est entendu. Chaque village possède sa passe, sa tarodière (culture de taro), ses ressources en eau, son four à chaux (coralien) qui sert à blanchir les maisons. Sur le bord des routes sont plantés par les cantonniers des bananiers, des pamplemoussiers, papayers, mis à la disposition de tous.

Ici jusqu’en 1960, une flotte d’une douzaine de voiliers de commerce assurait la liaison avec Tahiti, livrait les fruits et les légumes et revenait avec le nécessaire pour l’île. Aujourd’hui, le bateau ravitailleur est trop gros pour entrer dans la darse de Moerai, le village principal, et le déchargement par tous les temps des marchandises et des passagers se fait avec une baleinière. On nous a raconté quelques anecdotes de débarquement épiques !

Quand nous revenons au quai après une balade à terre, nous trouvons des cartons de fruits et des régimes de bananes qui ont été déposés à notre intention. Incroyable ! A l’épicerie, où la jeune Timaru et Blandine nous ont pris en affection, nous achetons un litre de lait et repartons avec des tomates, des bananes feï, des ananas du jardin. Mais que faire de tous ces fruits, sinon adopter les recettes locales : banane citron, crêpes de banane manioc (on vous recommande), poe de banane, bananes frites, bananes flambées, bananes séchées, banane manioc lait de coco (servies au petit déjeuner traditionnel), salades de fruits etc !!! Puis la même chose avec les papayes, les mangues, les ananas. Et nous goûtons enfin les célèbres litchis qui sont arrivés à maturité.

Oh et puis ce matin, une baleine et son petit, parmi les derniers à partir, à 100 m du bateau, poursuivant tranquillement leur route vers le nord (un bonheur !). Car Rurutu est aussi l’île aux baleines. L’eau ici est extrêmement claire et permet de bien profiter de ces observations (très normées et contrôlées). Mais la saison se terminait fin octobre, nous l’avons ratée au profit du festival de Tubuai. Décidément il faudra revenir !

Si nous devions un jour nous installer à terre, ce serait peut-être bien là (mais il faudrait abandonner la voile car aucun abri n’existe ici pour un voilier).

Nous faisons le tour de l’île avec Paul, taxi et guide touristique, visitons les grottes, ramassons des fruits, visitons la gueule du monstre avec Brandon, allons boire le café chez François et Joseph, allons à Moerai faire de l’internet et déjeuner au snack, passons deux heures à cueillir des litchis chez Timaru qui partiront demain à Tahiti pour la famille, partons en balade avec Timaru, profitons des chemins de randonnée balisés. Paul part à la pêche avec Tauere … Bref, belle vie, belles gens, belle île, que du bonheur.

Et on reste encore, tant que le temps le permet (la saison des cyclones a commencé), pour assister (partiellement) à un mariage traditionnel auquel nous sommes invités. Il n’y a qu’ici à Rurutu que le mariage traditionnel se pratique encore. Cette fois-ci, ce sont 4 frères et sœurs qui se marient, bien que vivant en couples depuis déjà plusieurs années (ils ont tous des enfants). Le mariage avait été annulé en 2020 à cause du Covid, il a donc lieu maintenant. Il se déroule sur une semaine : 4 jours consacrés aux offrandes aux familles (presque toute l’île est concernée), 1 jour pour la cérémonie (tout l’ile est invitée, près de 1000 personnes participent), et 1 jour pour les proches. Intéressant à voir pour les coutumes et les costumes des familles, tous habillés à l’identique jusqu’au moindre détail (coiffures, bijoux, ..). Côté repas, on compte deux portions par appétit tahitien, ça fait des quantités de nourriture assez colossales !

En ces premiers jours de décembre, la température a bien monté : elle était de 24 ° il y a 3 semaines (l’eau aussi), elle atteint maintenant les 30° et nous commençons à avoir (un peu trop) chaud ! La belle et grande houle finit par nous chasser, le mouillage devient difficile (il faut plusieurs fois par jour et par nuit aller à l’eau, avec le risque des brisants pas très loin). Nous partons un matin de manière un peu précipitée parce qu’une partie du mouillage a lâché pendant la nuit. Les conditions météo annoncées ne sont toujours pas optimales, mais elles vont se révéler bien pires, et nous mettons 4 jours à remonter à Tahiti (2 jours normalement), en navigant 488 miles pour les 313 miles en ligne droite ! A Tahiti, on reprend avec joie nos habitudes urbaines, puis nous allons passer la fin d’année avec 4 amis d’ici : Els et Jess d’Aquarius, pour qui c’est bientôt la fin du voyage (retour en France, snif !), et Fab et Jean-Christophe qui nous attendent chez eux à Huahine. 

Bonne fin d’année à toutes et tous, et à l’année prochaine !

N’hésitez pas à nous donner de vos nouvelles !

Dom et Paul

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