Canaries-Martinique 2021 entre rêve et réalité

Canaries-Martinique 2021 entre rêve et réalité

Posté par : DANIEL
09 February 2021 à 01h
Last updated 24 August 2021 à 22h
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Pour sa troisième traversée mythique, du 11 janvier au 1er février 2021, Teranga avait beaucoup d'espérances, il fallait qu'elle soit rapide et confortable, rien que ça !

Rapide dans le sens où quand il y a plus de 2600 milles à faire, on a pas vraiment envie de naviguer dans la pétole, risque existant seulement dans la première partie du parcours, voire dans du vent inférieur à 10 nœuds, Teranga n'ayant pas de spi symétrique, ce qui peut arriver n'importe où et sur des périodes pouvant vite devenir longue en cas de houle venant de nulle part, ce qui arrive aussi très régulièrement, on dira pour faire simple plus de 50% du temps. La satisfaction de ces conditions assurent à Teranga une vitesse moyenne comprise entre 5,5 et 6,5 nœuds, sa longueur de flottaison avoisinant les 10,5 m.

 

Confortable pour Teranga signifie avec le moins possible de gîte significative, la gîte permanente représentant un effort physique de rééquilibrage non moins permanent bien plus fatigant qu'un roulis autour de l'horizontale, au goût du skipper.

 

Cela veut aussi dire pas trop de vent, les surfs fréquents à plus de 11 nœuds (imposés par les vagues) deviennent vite pénibles (bruyant dehors et vibrations assurées à l'intérieur) voire stressant même si Teranga, dérive relevée et sous la conduite de l'hydrovane, n'a jamais besoin d'assistance humaine et continue de naviguer, lui, en toute sérénité. On dira que pour ce bateau un vent entre force 4 et 5, soit entre 13 et 20 nœuds, représente l'optimum.

 

Enfin et plus accessoirement, on devient vite exigeant quand on rêve, confort égale aussi pas de pluie, éclairage lunaire pour enchanter les nuits et cerise sur le gateau, poissons et oiseaux.

 

La première moitié du parcours a rempli ces conditions de rapidité et confort rêvées aux bémols suivants près :

 

Sur les dix premiers jours, trois ont été réalisés grand largue, tribord amure, les autres se passant tranquillement, avec quand même des surfs à plus de 14 nœuds par moment (l'ancien record était à 13,2), GV 2 ris tribord amure et génois entre 1 et 3 ris, tangonné sur tribord, en ciseaux donc.

 

La moyenne a été de 150 milles par jour avec une route parcourue augmentée d'environ 15% par rapport à la route directe sur la Martinique. On constate d'ailleurs que l'Alizé n'est jamais constant et ondule régulièrement en force et direction (pas de corrélation observée) dans une fourchette d'au moins de 10° en direction et 20% en force.

 

Sinon la lune a été dans son premier quartier bien discrète, se cachant le plus souvent derrière les voiles.

 

Quant aux poissons, deux seulement, un thon blanc et une daurade, de un kg chacun, sont montés à bord.

 

Après les cinq premiers jours quelques exocets sont venus animer la surface de l'eau, et au dixième, le premier paille en queue est venu voir si notre leurre n'était pas comestible.

 

Pas loin du rêve donc !

La deuxième partie qui comprend onze jours a elle aussi tenu ses promesses de rapidité et confort.

 

Quatre jours de grand largue tribord amure, GV 2 ris et génois variable, pour faire un peu de sud.

 

Ensuite le vent a faiblit et a refusé et nous sommes revenus en ciseau toujours tribord amure, GV 1 ris, on est maintenant à moins de 6 nœuds de moyenne.

 

Ayant atteint la latitude de la Martinique, plus de sud à faire, nous passons le tangon à babord, GV et génois au complet.

 

Une journée de ciseau pénible car vent force trois variable qui nécessite de fréquents réglages de l'Hydrovane, et roulis plus battement des voiles, un peu casse pieds !

 

Cela finit par un empannage surprise dû probablement au vent qui refuse associé à une vague scélérate ! Heureusement que Walder était là car la bôme a traversé la totalité du bateau avec une facilité déconcertante mais avec une vitesse contrôlé qui a évité tout choc dommageable.

 

A chaque traversée « Alizées », Teranga empanne au moins une fois, il y a 6 ans pour cause de fatigue du barreur (pas d'Hydrovane à l'époque), il y a trois ans au passage d'un cumulus bien arrosé, et ce coup ci, on dira à cause d'une vague vicieuse dans du petit temps.

 

Les bonnes raisons pour empanner ne manquent pas, celles pour équiper sa bôme d'un système anti-empannage encore moins !

 

Les six derniers jours le vent va remonter à 4, sauf une journée au milieu à 3, entre grand largue et ciseau babord amure, GV 1 ou 2 ris et génois variable.

 

Côté confort j'ai eu confirmation que je préfère l'allure en ciseau au grand largue. Entre les deux, le pénible roulis dû aux vagues croisées n'est pas très différent, par contre la situation moyenne à l'horizontale est physiquement moins fatiguante. Comme ce sont des traversées qui se passent le plus des trois quart du temps en ciseaux, ça me convient tout à fait.

 

Sur cette traversée, j'ai l'impression d'avoir rencontré beaucoup plus que d'habitude des mers croisées, les mers du vent ont été trop rares. A contrario, les conditions dures de vagues croiséees significatives à plus de 6 nœuds de moyenne qui transforment votre couchette en manège d'auto-tamponneuses, n'auront quasiment pas été rencontrées, contrairement aux mauvais souvenirs des deux autres traversées.

 

Cette deuxième partie aura été particulièrement nuageuse, ce qui a gravement nuit à la poésie des spectacles nocturnes organisés pourtant toutes les nuits par la lune ou les étoiles, mais qui ont été trop souvent cachées.

 

Les poissons eux sont restés fidèles, 3 prises, un thon et deux daurades dont une de 90 cm, et deux hamecons arrachés ; j'hésite à trainer un bas de ligne métallique car je doute qu'une daurade casse le nylon vu sa faible et peu agressive dentition, et je ne me vois pas remonter sur Teranga un poisson plus agressif.

Les sargasses, ces tapis jaunes qu'on trouve dans la seconde partie du parcours, ont été moins concentrées que d'habitude, peut-être à cause de cette mer plus chaotique cette année.

 

Enfin, c'est ainsi que, devant l'immensité alizéenne du ciel et de la mer, le rêve devint réalité, source d'inépuisables émerveillements.

 

C'était extra ! On reviendra …... au moins en rêve.

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