9 juin - 13 juillet 2020 Archipel de la Guadeloupe 2° partie Guadeloupe

9 juin - 13 juillet 2020 Archipel de la Guadeloupe 2° partie Guadeloupe

Posté par : Dominique
14 October 2020 à 22h
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Lundi 15 juin au matin, nous quittons Marie-Galante pour rallier la Guadeloupe. Trois petites heures de belle navigation, au travers, avec un vent entre 10 et 15 nœuds, et une mer peu agitée, mais une bonne houle tout de même. Considérant le calme de cette saison, nous décidons d’aller expérimenter le mouillage de l’îlet du Gosier, réputé pour la blancheur du sable autour de l’îlet et pour la limpidité de l’eau.

En fait, après les belles plages de Marie-Galante, nous serons déçus par ce mouillage : les catamarans des compagnies de charter, immobilisés, occupent tout le mouillage ; nous sommes trop éloignés de l’îlet pour bénéficier de l’abri qu’il procure, ou pour savourer ses paysages. La houle qui le contourne nous malmène et le vent fort amène des bancs de sargasses, ce qui n’invite pas à la baignade ! Un « MayDay Relai » à la VHF, concernant un nageur en difficulté entre la plage du Gosier et l’îlet, (revenu sain et sauf à la plage), finit d’ôter tout aspect hospitalier au mouillage ; nous quittons rapidement les lieux et allons mouiller en rade de Pointe-à-Pitre, au nord de l’îlet à Cochon. L’eau n’y est pas très claire, mais l’îlet et les récifs protègent de la houle et nous bénéficions d’un mouillage plus calme.

La suite de notre séjour en Guadeloupe sera terrestre, puisque nous prenons une place à la marina Bas-du-Fort, pour une semaine. Nous louons une voiture de manière à découvrir les deux îles – La Grande-Terre et La Basse-Terre – de l’intérieur.

La Grande-Terre, à l’est, forme un triangle avec sa base sur la côte sud ; il paraît assez étendu, mais ne dépasse pas quarante kilomètres. La base du triangle est le lieu des plages et des stations balnéaires : Le Gosier, Sainte Anne, Saint François, et les plages du Lagon, des Raisins clairs, de Gros-Sable, de Bois Jolan.

Nous retrouvons le sable blanc, les cocotiers et les bleus des lagons, mais également les sargasses ! Assez touristique, cette partie de l’île est aménagée entre villas et résidences hôtelières, mais en cette période, il y a très peu d’activité.

Au-delà de Saint François, en prolongeant vers l’est, la route longe une langue de terre, entre de longues plages, au sud, derrière une forêt sèche, et au nord, des anses et les récifs de la Grande Saline, avant de s’arrêter à la Pointe des Châteaux.

Le paysage est façonné par les vents et les flots ; La Grande Saline est une plage de sable blanc derrière des récifs coralliens. La végétation est rase et couchée dans le sens du vent ; des anses arrondies, des éperons rocheux et acérés mènent à la Pointe des Châteaux, prolongée par des roches émergées, escarpées et battues par les flots.

Au sommet de la pointe, une imposante croix tient lieu d’amer, en l’absence de phare sur cette extrémité est de la Guadeloupe. Le spectacle des flots frappant de manière incessante les roches blanches et ocres, qui émergent de l’eau comme des ruines de forteresse, est fascinant.

Plus au nord, sur la côte est, le port du Moule, à l’entrée d’une anse ouverte sur l’Atlantique, conserve des traces de son passé de principal port sucrier de l’île au XIX° siècle. Les vestiges d’un fort et de dock dominent l’entrée du petit port, et les récifs marquant ses abords (Mouton de Bas et Mouton de Haut) sont signalés par des fûts de canon fichés dans le corail !

La place centrale est vaste, avec sa mairie imposante, son église trapue et ses boutiques au rez-de-chaussée de cases en bois plus ou moins bien entretenues. D’autres rues révèlent quelques belles maisons bien restaurées ou conservées.

Après les grandes plages de la côte sud, la côte nord-est et la côte nord sont plus escarpées. Une première « Porte d’Enfer », près du Moule en est l’illustration : de hautes falaises ferment presque entièrement une anse de forme arrondie et encaissée ; sa forme devient un piège pour les sargasses qui modifient la couleur de l’eau.

Tout au nord de l’île, les falaises sont plus imposantes ; un deuxième site nommé également « Porte d’Enfer » ressemble à une calanque s’avançant profondément dans les terres avec plage de sable blanc, eaux calmes, (mais invitant peu à la baignade, en raison des sargasses qui flottent et se décomposent rendant l’eau marron). A la sortie, en revanche, l’océan vient battre les falaises et rochers, formant une barrière de remous et d’écume justifiant son nom de Porte d’Enfer.

   

Un peu plus loin, sur le bord des falaises, le Trou Mame Coco est un autre gouffre sculpté par la mer ; il doit son nom à la pauvre Coco qui s’y serait jetée à la suite d’un chagrin d’amour. La mer s’y engouffre bruyamment, et le ressac dévoile des roches acérées.

A l’extrême nord de l’île, la Pointe de la Vigie offre un point de vue sur cette côte de falaises, pouvant atteindre quatre-vingt mètres de haut, fouettées par l’Atlantique, tandis qu’à l’intérieur des terres, sur le plateau, au-delà de la végétation rase du bord de mer, s’étendent les champs de canne à sucre.

Contrastant complètement avec la Grande-Terre, la Basse-Terre, à l’ouest, forme la deuxième aile de ce papillon exotique auquel on compare la Guadeloupe. Zone très montagneuse, c’est l’île des volcans, d’âges différents, alignés du nord au sud, dont la Soufrière (1467 m) est toujours actif. Les pluies sont très abondantes sur la côte au vent, les montagnes faisant barrage aux nuages. De ce fait, les indiens Caraïbes, lorsqu’ils prirent la place des Arawaks, vers la fin du VII° siècle baptisèrent l’île « Karukera » : l’île aux belles eaux. Le nom de Guadeloupe sera donné par Christophe Colomb, lorsqu’il y débarqua en 1493, en hommage au monastère de Santa Maria de Guadaloupe en Espagne. Une route côtière fait le tour de l’île, de forme ovale, d’environ quarante-cinq kilomètres sur vingt. La Route de la Traversée, ouverte en 1967, permet, aux deux tiers de sa hauteur environ, de rejoindre l’est et l’ouest plus rapidement.

La route côtière, au nord, une fois passées la Rivière Salée qui sépare les deux îles, et les vastes zones commerciales situées dans les plaines côtières qui la bordent, permet d’admirer, en se dirigeant vers l’ouest, les plages, les îlets et les cayes (récifs) qui caractérisent cette partie de la côte. A Sainte Rose, le petit port de pêche paraît accueillant mais les ourlets blancs d’écume au loin et lest teintes variées de l’eau laissent entrevoir les pièges de ces fonds, à l’ouest du Grand-Cul de Sac du Marin ; la barrière de corail s’y étend sur près de vingt-cinq kilomètres.

Viennent ensuite, en se dirigeant vers l’ouest, les belles et longues anses de sable ocre : se succèdent ainsi la plage de Clugny , la plage de la Perle, et Grande Anse ; cette dernière s’étire au pied d’un grand versant de colline couvert de forêt tropicale ; mais sous leurs airs enchanteurs, ces anses peuvent être dangereuses en raison des vagues qui passent la barrière de corail et des courants puissants qui les accompagnent.

Poursuivant notre route, nous atteignons, sur la côte ouest, le petit village de Deshaies, au bord de l’anse du même nom ;

nous flânons le long de la rue principale, bordée de maisons colorées en bois, et des nombreux bars et restaurants un peu endormis en cette saison et en raison du contexte sanitaire. Appréciant le calme de l’eau et de la baie nous avons compris pourquoi cette escale est si réputée.

Nous ne manquons pas la visite du jardin botanique, ancienne propriété de Coluche. Le plan d’eau et ses espèces aquatiques nous accueillent ; plus loin, la volière permet de s’approcher de beaux loriquets à tête bleue, et plus en contrebas, des perroquets multicolores regardent les rares visiteurs d’un air goguenard et nous toisent.

Malheureusement, en cette fin de saison sèche, nous avons été un peu déçus par l’ensemble. Pourtant de beaux spécimens d’arbres sont présents, aux formes particulières : baobabs, palmiers, corossoliers, Ylang-Ylang, Pin de Norfolk, vanille de Madagascar, bananiers de décoration, fleurs de balisiers, alpinias, d’héliconias se mêlent aux bougainvilliers…

Plus au sud, la plage de Malendure et les îlets Pigeon qui la bordent sont un beau mouillage, également, plus ouvert sur la mer Caraïbe que Deshaies. C’est un haut lieu de plongée mis en valeur par le commandant Cousteau. Une réserve permet de préserver ces fonds, et les activités de plongée en bouteille, ou simple promenade en palmes, masque, tuba sont nombreuses.

En poursuivant notre route le long de ce littoral de sable noir, on atteint Bouillante, l’un des plus anciens bourgs de la Guadeloupe ; comme son nom l’indique de nombreuses sources d’eau chaude jaillissent un peu partout. Cela a permis l’installation d’une centrale géothermique à l’extrémité sud de la plage du bourg. Un canal déverse dans la mer l’eau chaude relâchée et c’est un jeu de venir par la plage goûter le plaisir de ce spa naturel (malgré les nombreux panneaux avertissant du danger de la température de l’eau) ; si le massage chaud est agréable, le goût et l’odeur de cette eau sulfurée le sont moins !

Les mornes et falaises qui séparent les plages deviennent plus nombreux, vers le sud, abritant de petites anses de sable blanc ou noir et de petits ports de pêche, d’accès escarpé. Le bourg de Vieux-Fort, à la pointe sud de l’île surplombe le Canal des Saintes et nous dévoile cet archipel qui sera notre prochaine escale. Le clocher trapu, en pierres, du XVIII° siècle est construit à côté de l’église.

La route, en surplomb, offre de beaux points de vue avant de rejoindre Trois Rivières ; ce bourg est accroché sur un pan de montagne qui descend de manière abrupte jusqu’à la mer rendant difficile l’accès à son port, point de départ des vedettes vers les Saintes.

Sur la côte est, les plages s’étirent à nouveau le long de la route, aboutissement de vallons moins abrupts recouverts de bananeraies. C’est à Sainte Marie, sur cette côte que Christophe Colomb aurait débarqué pour la première fois en Guadeloupe…

 

La Route de la Traversée, démarre au nord de la plage de Malendure, et d’ouest en est, s’élève rapidement au-dessus des mornes. Traversant la forêt tropicale humide, elle dévoile la richesse de sa végétation, sa terre rouge et grasse, et quelques points de vue sur les anciens volcans endormis, avant de redescendre vers le Petit Cul de Sac, au sud de la Rivière Salée.

Outre l’avantage majeur de raccourcir le trajet selon la partie de la côte de la Basse-Terre que l’on veut atteindre, cette route passe par la Cascade aux Ecrevisses. Les cascades très nombreuses et très appréciées par les habitants donnent raison à l’appellation « Karukera » de cette île.

La Cascade aux Ecrevisses est située sur la Rivière Corossol que la route traverse ; un chemin bien aménagé y conduit en quelques minutes et nombreuses sont les familles qui viennent se rafraîchir sous la cascade ou dans les trous d’eau de la rivière. Des carbets et des aires de barbecue sont aménagés sur les berges permettant des rencontres conviviales au bord de l’eau. Ici, on va à la rivière, à la chute, au saut, comme on va à la plage, ailleurs…

Les rivières près desquelles nous avons marché, ne sont pas sans rappeler les torrents alpins. L’eau s’écoule claire, plus ou moins violemment, selon la déclivité du terrain, au milieu de blocs de rochers ronds, ménageant des « piscines », ou des courants. Le soleil, au travers de la canopée de la forêt tropicale, ou le temps nuageux ou pluvieux, apportent des couleurs ou des atmosphères particulières à chacune.

Le Saut de la Lézarde, à proximité de Petit-Bourg, se découvre après une descente glissante et raide, à travers un déploiement de fleurs et de verdure. Le sentier en lacets a pratiquement disparu, à moitié effondré, au profit de raccourcis dans les racines et la boue, car dans les Antilles, on ne craint pas la route directe sur les mornes pentus ! On atteint la rivière en contrebas, et une dernière descente d’un verrou nous conduit au pied du Saut de la Lézarde. Pas spécialement haute, une dizaine de mètres, la cascade offre le spectacle d’un beau bassin arrondi autour de la chute. Quelques jeunes en quête de sensations, remontent le verrou, pieds nus, pour atteindre les roches au bord de la chute, avant de sauter dans le bassin, d’autres préfèrent savourer la fraîcheur de l’eau, depuis ses berges caillouteuses.

Nous avons pris le temps d’une marche à travers la forêt (moins exposée à la chaleur !) pour aller contempler la Troisième Chute du Carbet. Le sentier, aménagé par endroits pour éviter boue et racines s’avance à flanc de morne, avant de descendre vers la Rivière Grand Carbet qui se fait entendre de plus en plus lors de notre avancée. Trois chutes, réputées émaillent son cours, la troisième étant la plus en aval. Cette rivière descend des contreforts de la Soufrière, vers l’est, avant de se jeter dans la mer au sud de Capesterre-Belle-Eau. Moins haute que ses deux sœurs (qui dépassent les cent mètres de haut), la troisième chute, de vingt mètres, est plus confidentielle ; une plate-forme sur un piton en balcon au-dessus permet de l’apercevoir entre les frondaisons ; vient ensuite la descente entre les rochers boueux à l’aide de rampes de cordes pour atteindre le pied de la chute et son bassin.

Le bruit de la chute couvre le chant des oiseaux et des insectes que l’on retrouve à mesure que l’on s’éloigne dans la forêt sur le chemin du retour.

Plus accessible, en quinze minutes de marche, sur un chemin presque carrossable, dans une végétation luxuriante, le Bassin Bleu est remarquable par la couleur que prend l’eau dans le bassin semi-naturel, de roches noires, où chute une courte cascade.

Ses rives rocheuses, comme celles des autres bassins que nous avons vus, permettent de s’installer assez confortablement pour un pique-nique amélioré. Nous avons vu ainsi arriver un groupe avec glacières, grilles de barbecue, charbon de bois, plats ; malgré la pluie, le déjeuner et les grillades entre deux rochers, et l’après-midi au bord de l’eau s’annonçaient sympathiques !

 

Durant cette escale, nous avons pu commencer à connaître un peu mieux la Guadeloupe ; nous avons effectué quelques reconnaissances de mouillages et marinas. Les anses de Malendure et de Deshaies nous ont paru correspondre à leur réputation. A l’est, la marina de Saint François nous a paru peu hospitalière ; l’eau est sombre et stagnante ; les sargasses emprisonnées y pourrissent et l’odeur est assez nauséabonde. En cette période peu touristique, l’arrêt économique apporté par le confinement se fait ressentir : les bars et restaurants sont fermés pour la plupart et le silence règne dans la marina. A l’ouest, la marina de Rivière Sens nous a paru plus hospitalière, protégée par de hauts enrochements et par une chicane d’entrée étroite ; très calme, elle aussi, elle a l’avantage d’être aménagée dans une anse de la côte au pied du bourg qui apporte un peu d’animation.

Nous avons pu également admirer des sites côtiers que nous ne pouvons pas atteindre soit à cause de notre tirant d’eau, soit à cause de l’impétuosité de l’Océan, soit à cause des récifs qui les bordent. Magnifiques et sauvages, ces sites nous rappellent que nous restons petits sur cette mer que nous aimons sillonner.

Cette escale a été aussi l’occasion de passer une belle journée avec Madeleine et Georges. Nous étions voisins à la marina de Port-Louis, à Grenade, l’été dernier. Ils avaient repris leur navigation jusqu’en Guadeloupe où ils sont restés à la suite du confinement. Tombés amoureux, à juste titre, de la Petite Anse (au sud de Bouillante) où ils avaient passé le confinement, ils y ont pris un pied à terre, appréciant la convivialité qui règne autour de l’anse, dans les bungalows cachés par les flamboyants en fleurs.

« Charisma », leur voilier est en sécurité, à quai, à la marina de Rivière Sens et ils savourent les environs soit par la mer, soit par la terre… Avec eux, nous avons nagé dans les eaux chaudes de Bouillante, apprécié le site de Notre-Dame des Larmes, sanctuaire au bord d’une petite rivière, à quelques kilomètres de Pointe Noire, admiré le travail des artisans de « Rêve de Sable » qui réalisent de très beaux tableaux de sables colorés (de Guadeloupe ou d’ailleurs), et mesuré la qualité des installations de la marina de Rivière Sens.

Nous n’avons pas beaucoup randonné, au regard de la multitude de parcours possibles, par manque de temps, et en raison de la météo. En effet, d’épaisses brumes de sable rendaient l’atmosphère chaude voire étouffante, le soleil devenant un disque blanc à travers les nuages ; nous avons même dû renoncer à nous promener sur la plage de Malendure, « attaqués » par le sable porté par le vent.  Après cette belle escale, qui nous a donné envie de revenir, nous sommes heureux de reprendre la mer, le mercredi 24 juin, pour gagner, au sud-ouest, l’archipel des Saintes, troisième et dernière étape de cette escapade en Guadeloupe.

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