9 juin - 13 juillet 2020 Archipel de la Guadeloupe 1° partie Marie-Galante

9 juin - 13 juillet 2020 Archipel de la Guadeloupe 1° partie Marie-Galante

Posté par : Dominique
02 October 2020 à 21h
Last updated 02 October 2020 à 22h
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Le 9 juin, mettant à profit la possibilité qui nous est rendue de circuler entre les îles françaises, nous appareillons de Sainte Anne, afin de gagner l’archipel de la Guadeloupe. Nous sommes heureux à la perspective de pouvoir enfin naviguer à nouveau, et la météo est favorable pour cette remontée vers le nord, le vent étant de tendance est-sud-est. Nous faisons une escale dans la Grande Anse d’Arlet, pour le plaisir de retrouver le charme de l’Anse. Les flamboyants apportent leurs touches de rouge ou jaune sur les berges de l’anse, et les cases du bourg rivalisent de luminosité avec le soleil…

     

Puis, par une journée orageuse, nous gagnons la baie de Saint Pierre, où nous faisons escale le reste de la journée, regardant les nuages s’effilocher sur les flancs de la Montagne Pelée, après les pluies abondantes de l’après-midi. Nous appareillons à la tombée de la nuit, pour parcourir les 90 milles qui nous séparent de Marie-Galante, projetant ainsi d’arriver au petit matin ; un dauphin solitaire passe au loin devant notre étrave, tandis que le soleil couchant éclaire notre route, Saint Pierre et la Montagne Pelée de ses couleurs flamboyantes.

   

Une fois atteint le canal entre la Martinique et la Dominique, nous pouvons établir les voiles et commencer notre navigation de nuit : mer peu agitée, vent travers 10 / 15 nœuds. Nous traversons le canal par une belle nuit, la lune nous accompagnant. Un peu de moteur pour passer sous le vent de la Dominique et nous retrouvons de l’air au nord de Portsmouth, au petit matin, qui nous mènera jusqu’à Marie-Galante, après une bonne remontée au près. Un petit tour dans le port de Grand-Bourg, au sud, nous permet de vite comprendre que le mouillage et l’accostage n’y sont pas possibles (les indications du guide Patuelli ne sont guère à jour), et nous longeons la côte ouest vers le nord, en direction de la baie de Saint-Louis : de grandes plages de sable bordées de belles forêts forment cette partie de la côte, et la sucrerie de Grande-Anse, en activité, envoie vers le ciel les volutes parfumées de ses cheminées….

Nous prenons une bouée dans la baie de Saint-Louis, et commençons notre séjour guadeloupéen, heureux d’avoir enfin senti les flots sous la coque, et d’avoir retrouvé les sensations de la navigation nocturne…

Notre annexe est vite remise à l’eau ; en effet, grâce à l’aide d’Yves de « La Balluch’ » (tant pour la réflexion que pour la réalisation), nous avons enfin trouvé un moyen pour fixer les bossoirs sur lesquels  l’annexe est amarrée, pour la nuit au mouillage notamment. Désormais, pour de courtes navigations, nous pouvons la laisser sur la plate-forme arrière, sans la voir se balancer et plonger dans la vague.

Un petit tour à terre matinal nous permet de repérer quelques boutiques, notamment « Chez Zèles », dans la rue principale, qui en plus de proposer divers objets artisanaux réalisés à Marie-Galante, offre le service de clearance. Mais il faut effectuer cette démarche avant 11h30, car il n’y a pas d’ordinateur dédié à cette déclaration, et les exemplaires papiers doivent être déposés à la poste avant midi…

Nous louons une voiture pour trois jours et partons à la découverte de l’île. Cette période du mois de juin est, traditionnellement, une saison calme du point de vue touristique, et les effets du confinement se font ressentir. Nous parcourons donc l’île sans être dérangés par les flots de touristes et les restaurants et « lolos » n’ont pratiquement pas repris leur activité…

Nous arpentons rapidement les principaux bourgs : le port de Grand-Bourg  s’anime à l’arrivée des vedettes qui relient l’île à la Guadeloupe (nous sommes à la veille d’un week-end) et la place devant le débarcadère accueille les visiteurs avec ses palissades décorées.

Dans le port, la goëlette Bielle attire nos regards ; nous l’avions croisée au port de Santa Cruz de La Palma ; la distillerie Bielle, un des sponsors du Rallye des Iles du Soleil, avait affrêté sa goëlette pour participer à la traversée de l’Atlantique. Nous évoquons ainsi le chemin parcouru depuis ce mois de novembre 2018, et apprendrons avec une grande tristesse son naufrage, une semaine plus tard, fracassée sur la Pointe des Châteaux à l’est de la Guadeloupe, au début de son périple vers la métropole…

Capesterre plus à l’est sur la côte, semble endormie sous le soleil ; quelques cases en bois, délabrées, font face à la mairie, « abri sûr en cas de cyclone », en ciment armé, tandis que dans d’autres rues, de belles demeures s’élèvent encore, ou sont restaurées.

Nous retrouvons la même caractéristique architecturale des mairies ou autres bâtiments administratifs dans chacun des bourgs, érigés dans les années 1930, sous la direction de l’architecte Ali Tur, après les ravages opérés par le cyclone de 1928.

Marie-Galante est une île presque ronde et peu élevée. Des récifs coralliens la bordent dans la partie sud et la partie est et offrent dans les lagons de beaux camaïeux de bleus, turquoise ou plus foncé, mais, hélas pour nous, les roux et bruns (accoompagnés d’odeurs plutôt pestilentielles) des sargasses s’ajoutent à la palette des couleurs. Malgré les récifs coralliens qui ourlent sa côte d’écume blanche avant le bleu turquoise des lagons, le port et les plages de Capesterre sont envahis de sargasses et les grands moyens sont employés pour essayer d’enrayer cette « invasion »…

Nonobstant cet inconvénient, les paysages des rivages sont variés et attrayants : plages de sable blanc, cocotiers, ouvertes sur l’Atlantique comme la plage de la Feuillère à Capesterre,

ou longues anses s’étirant au nord-ouest : Anse Canot, Anse de Vieux Fort, à l’abri de la houle du large. Là l’eau est limpide et c’est avec plaisir que nous nous y baignons.

Sur la côte nord-est, l’océan a façonné le calcaire corallien et nous sommes impressionnés par « les Galeries » : sans atteindre la profondeur et la taille des chaudrons que nous avions découverts aux îles Canaries, les Galeries sont des trous d’eau dans des roches aiguisées et battues de manière incessante par les flots ; le chemin les surplombant passe au travers de ces roches agressives. Ici encore, aux teintes des roches ou des flots s’ajoutent les ocres des sargasses, assortis, il est vrai, à la flore sèche du bord de mer.

  

Plus au nord, Gueule Grand-Gouffre nous dévoile son arche blanche au-dessus de la mer, et le gouffre d’eau bleue creusé dans la falaise ; le temps est calme, le mer est belle, mais l’on devine que ce site est bien nommé en cas de mer forte !

 

L’ïle de Marie-Galante est également l’île de la canne à sucre et il n’est pas rare de trouver des ruines de moulins ou d’Habitations : trois distilleries sont encore en activité et nous décidons de visiter la distillerie Bellevue. Fondée au XVII° siècle, elle a gardé son ancien moulin à vent, son ancienne distillerie à côté d’installations modernes en activité. Un grand champ de panneaux photovoltaïques, non loin de là, fournit l’énergie au domaine. Malheureusement, seul le moulin est libre d’accès ; il n’y a plus de visites du domaine et des installations en raison de la pandémie. La boutique, dans une maison traditionnelle en bois reste, bien sûr, accueillante et nous apprécierons le rhum-vanille produit dans ce domaine…

D’autres anciennes Habitations en ruines sont réputées, comme l’Habitation Murat qui abrite un éco-musée, mais là encore, nous trouvons porte close. Par chance, sur la route reliant Saint-Louis à Grand-Bourg, nous découvrons les ruines de l’Habitation Roussel Trianon. Elles sont dans un espace ouvert, soigneusement entretenues, débarrassées des figuiers maudits, sauf par endroits, où leurs racines ont laissé des traces, et des panneaux explicatifs permettent de visiter le site. Le moulin à vent, rehaussé par une base en pierres (car l’Habitation est située sur la plaine côtière), est bien conservé, avec des médaillons sculptés au-dessus de chaque ouverture ; il a remplacé un ancien moulin à bestiaux dont l’emplacement est visible à proximité ; des fûts de canons sont fichés en terre qui servaient à l’amarrage des ailes du moulin.

La distillerie est un long bâtiment autour duquel on trouve d’anciennes cuves ; la cheminée est remarquable, elle aussi, construite sur une base de pierres de taille, et surtout par la forme galbée de son conduit.

S’il ne reste que les soubassements des bâtiments d’habitation, envahis par les racines étouffantes des figuiers maudits, les écuries, en revanche, à l’architecture militaire, sont intactes.

Une mare, des bassins complètent les installations de cette Habitation qui a développé une très grande activité au XIX° siècle.

 

Munis d’un guide des sentiers de randonnée, nous avons pris le temps d’apprécier à pied, la diversité des paysages. Le sentier de Vieux-Fort, partant de l’Anse Canot longe les plages vers l’ouest : fin sable blanc, mer aux eaux cristallines, forêt sèche sur les petites pointes rocailleuses séparant les anses.

Puis, en suivant une ravine appelée Trou Massacre (de nombreux lieux font mémoire des différents massacres, entre colons et indiens Caraïbes, ayant émaillé la conquête des îles), on s’éloigne de la côte en remontant dans la forêt sèche traversant quelques champs jusqu’à un morne avant de redescendre en direction de Vieux-Fort ; le chemin passe dans une ancienne carrière, à travers une forêt plus dense où les lianes forment des rideaux entre les arbres, où mangues et abricots-pays jonchent le sol.

On atteint enfin la mangrove à l’arrière de la plage de Vieux-Fort ; une passerelle mène à une cabane d’observation de la faune et de la flore sur le plan d’eau. Les palétuviers rouges à racines à échasses bordent la passerelle, faisant la transition entre le plan d’eau et la terre ; plus loin les « mangles médailles » confortent le terrain avec leurs larges contreforts.

On rejoint ensuite le bord de mer, retrouvant la clarté et la luminosité de la mer et du sable blanc, vus à travers la forêt sèche de la Pointe Fleur d’Epée, qui permet de rejoindre notre point de départ.

Le bain à l’Anse Canot est une belle récompense après cette promenade de trois heures, à travers ces paysages si variés, offrant de belles vues sur la mer et ses quelques voiliers venus régater depuis Pointe à Pitre pour le week-end.

Nous avons parcouru également le Sentier Murat : partant de l’habitation Murat, il longe des champs de canne à sucre. Ce jour-là, quelques hommes les coupaient, plan après plan, à la machette, séparant feuilles et tiges, alignées sur le sol. Ici, les tiges étaient d’un rouge grenat, contrastant avec le vert des feuilles. Ensuite, le chemin s’élève dans le sous-bois de la Coulée Ouliée ; dans ce lit de ruisseau, à sec, la progression se fait lentement entre rochers et racines entremêlés et arbres d’une rive à l’autre. Plus loin, après une clairière, des manguiers apportent une ombre différente ; ensuite, passant entre génisses et jeunes taureaux, guère plus rassurés de nous voir, que nous de passer au milieu d’eux (les longes qui les rattachent à leurs piquets paraissent bien usées !), nous montons dans les pâtures pour atteindre en haut du morne, ou plus exactement du plateau, la Mare au Punch. De nombreuses mares façonnent le paysage dans un sol calcaire.  Celle-ci doit son nom à un soulèvement d’anciens esclaves de l’Habitation Pirogue, qui jouxte la mare, en 1849. Ils y déversèrent les réserves de rhum et de sucre pour faire un gigantesque punch ! La mare a retrouvé son aspect bucolique et seul un panneau fait mémoire de cet événement. On rejoint ensuite l’Habitation Murat, en redescendant à travers champs et maisons.

 

Nous gardons de ces quatre jours à Marie-Galante un excellent souvenir, pour la beauté des paysages, la douceur de vivre, la qualité de l’accueil : les bouées dans la baie de Saint-Louis étaient en excellent état, car installées depuis janvier, et gratuites ! Le temps semble s’être arrêté, même les liaisons internet sont au ralenti, et trouver un bar avec wi-fi était difficile ! Si les nombreux petits restaurants de bord de route étaient fermés, nous avons néanmoins découvert un excellent restaurant à Chalet, à la sortie nord de Saint Louis : « Eden voile, chez Jacqueline » ; la terrasse en surplomb au-dessus de la petite plage est colorée, la cuisine excellente, et le planteur maison savoureux. Même les petits requins à pointe noire semble apprécier le lieu, puisque nous les avons vus nager tranquillement comme en attente de quelque nourriture ou déchet …

Nous espérons pouvoir revenir à Marie-Galante, dans une période plus « normale », mais à ce jour, les nouvelles décisions gouvernementales concernant la Guadeloupe (et Marseille !) limitent à nouveau les déplacements vers cet archipel, repoussant sine die les navigations vers le nord de l’Arc Antillais !

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