PANAMA, C'EST PAS LE PIED !
Chers amis,
Exceptionnellement, du moins je l’espère, cette lettre sera à la première personne du singulier, et c’est Dom qui vous parle.
Sachez d’abord que les navigateurs sont aussi touchés par le «COVIR ». Les îles veulent se préserver du virus, ce qui est bien normal. Certains voiliers deviennent des vaisseaux (fantômes ?) errant d’île en île, refoulés, à court de vivres et d’eau douce… Non non non, on en est pas encore là (enfin presque) !
Quant à nous, bien des choses se sont passées depuis notre dernière lettre d’info. Une fois les « enfants » partis, nous étions fin prêts pour le grand départ, sauf que je ne pouvais toujours pas poser le pied par terre. Nous sommes donc allés consulter dans une clinique à Panama, et je me suis retrouvée opérée en urgence d’une fracture de la malléole (avec déplacement et début de calcification). Ça nous a fait un choc ! Je nous revois encore tous les deux en train d’essayer d’encaisser la nouvelle, assis dans le hall de la clinique, car tout à coup, nous avons compris que rien n’allait se passer comme nous l’avions prévu… Nous étions encore le 10 mars à ce moment-là, et après l’opération, le 11, nous avons attendu 3 jours à l’hôtel pour que je sois rapatriée (je vous passe les difficultés à surmonter avec l’assurance rapatriement !), en étudiant toutes les possibilités qui se présentaient à nous : rentrer tous les deux, laisser le bateau, m’attendre 3 mois au Panama, etc. Finalement, j’ai embarqué le 14 mars à bord du dernier vol Air France juste avant que Panama ne suspende ses vols avec l’Europe (ouf !). Je suis maintenant installée à Toulon chez mon fils pour 2 mois et demi : avec la maison, la terrasse, le jardin, le climat de printemps et les bons petits plats, je ne me plains pas. Mais Noa , Paul, et notre programme de navigation me manquent.
Paul est resté à bord, ne pouvant laisser Noa dans la marina où il était. La seule solution qui est apparue jouable a été de traverser le Pacifique en solitaire. Une fois la décision prise ensemble, il a fallu faire vite car il était presque trop tard : les mesures d’entrée et de sortie des territoires devenaient de plus en plus drastiques au fil des jours. De l’autre côté, bien loin, la Polynésie annonçait la fermeture de ses territoires ! Une fois la clearance de sortie (autorisation de sortie du territoire) en poche, il a mis le cap sur une petite île non loin de Panama, où il a attendu quelques jours pour préparer Noa et nettoyer la coque . La traversée du Pacifique ne lui fait pas peur, c’est pour lui une belle expérience qui démarre, malgré mon absence et la solitude qui va avec. Le risque principal : tomber à l’eau «la braguette ouverte » comme on dit dans le milieu, car c’est l’accident le plus fréquent chez les marins… J’aurai un contact par jour avec lui, via le mail de notre iridium. Vous pouvez suivre sa progression en cliquant sur Konnectis .
Destination finale : les Gambiers, territoire français au sud des Tuamotu (français aussi). Nous nous retrouverons là-bas si tout va bien au mois de juin. De là, la navigation sera lente et paisible jusqu’aux Marquises où nous pensons arriver en fin d’année 2020.
Amitiés à toutes et à tous
Dominique
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