LANZAROTÉ, l'âme de César Manriqué
LANZAROTÉ, l'âme de César Manriqué (archipel des Canaries)
Moteur à 10h00, chaîne relevée à 10h30. Aprés un appel passé à la VHF pour remercier les guides et la police de Selvagem Grande de leur accueil, nous mettons le cap au 127° en direction du sud de l'île de Lanzaroté. L'allure est belle avec le vent au travers. 150M nous sépare de Lanzaroté. Nous y serons demain en fin de matiné à ce train là. Mais dans la nuit le vent baisse et au petit matin nous mettons le moteur. Nous espérions qu'entre Lanzaroté et Fuertéventura le vent redouble mais il n'en sera rien et nous restons au moteur. Dans ce passage entre ces 2 îles, je vois mon premier poisson volant rasant les flots et plonger !
Sinon côté pêche, c'est le néant absolu ! nous piocherons dans le congélateur pour les protéines !
A 12h35 nous entrons dans la marina de Puerto Calero située sur la côte sud de Lanzaroté. Le gars de la marina me montre l'emplacement. Diable que c'est étroit ! Juste la place, les parebattages frottent mais aucun mal pour le bateau. A 13h00 nous sommes amarrés.
Nous louons une voiture pour 3 jours et le lendemain samedi 8 octobre, la visite de l'île commence par le sud ouest avec les salines de Janubio. Plutôt jolies ces salines. Très différentes des salines françaises. Les bords de chaque bassin sont construits en pierres de basalte.
Après l'achat obligé d'un paquet de gros sel, nous remontons de quelques kilométres vers le nord pour admirer un lac tout vert,
L'eau est celle de la mer filtrée par la plage de sable et la couleur verte est dû à une micro algue. On ne peut admirer ce site que d'assez loin. Les pentes sont trop raides en cendres volcaniques, prêtes à s'ébouler sous le pas d'un promeneur téméraire.
Toujours un peu plus haut vers le nord, nous allons découvrir Los Hervideros, une côte avec ses fallaises très découpées où la mer gronde en pénétrant dans les cavités rocheuses (tubes volcaniques qui débouchent sur la mer)
Le bleu turquoise de l'eau se marie avec l'ocre de la roche volcanique.
Ce site doit être très spéctaculaire par mer déchaînée, ce qui n'était pas le cas lors de notre passage.
Après le traditionnel repas au restaurant avec au menu le poisson du jour tout frais, nous nous dirigeons alors vers le parc national de Timanfaya avec comme première étape Echadero de los camellos. Les chameaux nous attendent pour un petit tour sur les pentes en cendre volcanique des volcans avoisinants.
La promenade est de toute beauté, absolument fabuleux de déambuler à dos de chameau dans ce décor aux nombreux volcans. Nous aurions tous aimé prolonger la séance ! La patte du chameau bien large ne s'enfonce pas dans la cendre. Les chameaux ont été longtemps utilisés sur l'île pour les travaux agricoles et le transport des récoltes. Ils n'ont plus maintenant qu'une utilité touristique.
Il n'est pas possible dans le parc national de Timanfaya de se promener à pied pour des questions de sauvegarde de l'environnement et pour des questions de sécurité également, le sol pouvant s'effondrer sous les pas au hasard des cavités volcaniques qui truffent la zone.
Nous nous rendons en car, unique moyen de visite, à la montañas del Fuego (montagne de feu). Elle fait partie d'une vaste zone affectée par les éruptions volcaniques qui ont eu lieu entre 1730 et 1736 puis en 1824. Ce long processus d'éruption a modifié considérablement la morphologie de l'île. Un quart de sa surface a été ensevelie sous une épaisse couverture de lave et de cendre.
Brindilles qui s'enflamment spontanément après quelques secondes dans une cavité. Impressionnant !
Le guide verse de l'eau dans des tubes. Elle ressort sous forme de geysers brûlants !
200 °C à 10 cm sous terre, 600 °C à 20 m ou moins, à certains endroits.
Quelques vues panoramiques lors de la traversée en car sue le site de Timanfaya :
Nous terminons cette magnifique journée par une marche dans un site balisé autour d'un volcan
Brigitte et Jean nous accompagent depuis Madère.
pyroclastes (verre fondu) de lave
Nous sommes tous subjugués par la découverte de cette île, première journée vraiment spectaculaire.
Le dimanche 9 octobre 2016 au matin c'est le jour du marché à Téguise. Rien de tel pour refaire l'avitaillement du bateau en poissons frais, fruits et légumes.
Plusieurs grands parking attendent les clients à l'entrée de la ville. Un monde fou et nous ne sommes pas dans la saison touristique !
Le marché à notre grande déception est principalement composé d'articles touristiques - bijoux en pierre de lave et olivine- cuir- tissu etc...
Nous finissons par trouver à l'extrêmité sur une petite place quelques bancs de fruits et légumes dont 1 bio qui fera notre affaire.
Puis, le musée du Timple m'attire et j'y vais avec Jean. Le timple est un instrument de musique à cordes pincées typique des Canaries mais plusieurs pays l'ont adoptés. Il en existe de très sophistiqués et d'autres beaucoup plus rudimentaires. C'est la plus petite des guitares.
La maison qui abrite ce musée vaut également le coup d'oeil.
Nous nous dirigeons ensuite vers le jardin des cactus. Séduit par celui de Madère, nous réitérons ce type de visite. Ce jardin a été réalisé par César Manrique. Nous ne serons pas déçus :
Ensuite, c'est l'heure de la découverte pour nous tous de César Manriqué et nous nous arrêtons à la fondation.
César Manriqué est natif de Lanzaroté. Il est né le 24 avril 1919 à Arrécif, capitale de Lanzaroté. Il fit des études aux beaux arts de Madrid où il a vécu et exposa pendant 4 ans à New York et Houston avant de revenir, à Lanzaroté.
Son oeuvre est colossale. C'est à la fois un peintre, un architecte et un sculpteur, et un expert de la communication, avec une idée maîtresse, l'intégration de l'homme et ses oeuvres à l'environnement. Il a fortement marqué son île natale. Le conseil régional de Lanzaroté lui a donné main libre. C'est ainsi selon ses directives qu'aucun batiment (sauf les clochers et un hotel à Arrécif construit pendant son absence) n'est plus haut qu'un palmier. Il a également interdit les panneaux publicitaires en bordure de route et fait enterrer les cables électriques. Il a également recommandé aux habitants de peindre les façades des maisons uniquement avec du blanc et du vert. Cela confère à Lanzaroté une unité architecturale et une beauté sans égale. Son oeuvre est visible à de nombreux carrefours sous forme de grands mobiles jouant avec le vent. Il n'acceptait pas de rémunération pour ce type de travail là car disait-il sa récompense était de voir les visiteurs et les habitants de l'ïle apprécier la beauté sauvage de Lanzaroté.
Il a été récompensé par le prix de l'écologie mondiale et du tourisme en 1978 et en 1986 a reçu le prix Europa Nostra pour la conservation de l'île. La caractéristique principale de son art architectural est l'intégration de rochers, de lave, de pierres dans l'habitat. La frontière est moindre entre le dehors et le dedans. Il recherche la symbiose entre l'homme et la nature. Il utilise des matériaux naturels bruts avec des formes arrondies, douces, faconnées à la main. L'atmosphère est à la fois vivante et paisible. On s'y sent merveilleuse bien.
Visiter la fondation et sa maison donne envie de réfléchir à notre cadre de vie habituel et de tenter de le revoir avec ses concepts.
le jardin Une vitre à peine visible sépare le dedans du dehors. La roche se prolonge à l'intérieur.couloir
Nous visiterons la maison dans laquelle il a vécut de 1988 à 1992 le lendemain mais les photos sont interdites. Elle est à l'image de la fondation. Tout y est fluide. Son atelier est un grand espace bien organisé. César Manriqué est décédé le 25 septembre 1992 d'un accident de la circulation.
Ensuite nous filons à Jameos del Agua qui est une partie d'une section d'un tube volcanique qui part du volcan de la Corona et qui va jusqu'à la mer dont l'éruption remonte à 3000 ans . Les Jameos del Agua possédent un lac intérieur situé sous le niveau de la mer dans lequel vivent des petits crabes albinos et aveugles(plutôt des écrevisses), Munidopsis Polymorpha (famille des Galatheidae), uniques au monde. Ils se nourrissent de diatomées (organismes unicellulaires), présentes dans l'eau. D'autres espèces de Munidopsis habitent les grands fonds océaniques. Jameos del Agua est le premier Centre d'art, de Culture et de Tourisme crée par César Manrique et inaugurée en 1966.
Nous prolongeons la découverte de l'île par la Cueva de los verdes, véritable voyage initiatique dans les entrailles de la terre.
Max et sa soeur Brigitte
Ces grottes ont servi de refuge à la populations lors des invasions et des guerres.
amusant jeux de glace à la sortie.
La journée se termine par le nord avec le Mirador del Rio. Une vue imprenable sur l'île de Graciosia qui appartient tout comme Lanzaroté à l'archipel des Canaries.
César Manriqué s'était engagé à conserver l'identité culturelle et les paysages de son île natale, ce qui lui valut les honneurs posthumes du gouvernement de l'île qui souscrit à poursuivre le chemin que Manriqué a tracé.
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