Cuba : au delà du rhum et des cigares...

Cuba : au delà du rhum et des cigares...

Posté par : Gérard
13 July 2016 à 00h
Last updated 13 July 2016 à 12h
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Nous quittons le joli mouillage de San Andres le samedi 19 mars 2016 en fin d'après-midi. Nous remontons dans l'est de Providencia puis décidons de passer à l'est de Grand Cayman espérant trouver des vents un peu plus soutenus. L'option est plutôt bonne : nous faisons un peu plus de route (on aperçoit même le phare de la pointe ouest de la Jamaïque!) mais pas trop de moteur. On passe même à l'est de Petite Cayman pour atteindre Canal Caballones, l'une des entrée possible dans les Jardins de la Reine et le 24 au soir nous sommes à Cuba, après avoir parcouru un peu plus de 600 milles en six jours. Punta de Hierro, Cayo Ciinco, Cayo Zaza, Cayo Blanco : nous musardons dans ces fameux Jardins de la Reine sans vraiment comprendre à quoi est due leur réputation... Tous ces îlots sont inhabités (calme garanti !), couverts de mangrove (paradis des moustiques...), souvent entourés de hauts fonds qui empêchent tout mouillage proche du rivage où l'eau n'est pas assez claire pour faire un peu de snorkelling. Nous y rencontrons peu de bateaux à voile mais quelques pêcheurs cubains viennent nous proposer langoustes et grosses crevettes dont nous régalons.
Au bout de six jours nous rallions Cienfuegos où nous faisons notre entrée officielle à Cuba : nous allons y passer un peu plus de cinq semaines. Une jolie passe mène à une grande rade, très bien abritée mais où les orages peuvent être accompagnés de vents forts : nous aurons jusqu'à 40 nœuds et ne regretterons pas d'avoir mouillé sur deux ancres empennelées. À Cuba, le mouillage sauvage n'est autorisé que sur les îles inhabités, tout autre mouillage doit se faire devant un port où se trouve un poste de douane et un service d'immigration auxquels il faut se présenter à l'arrivée puis au départ. Comme c'est notre premier port nous n'avons pas le droit de mettre ne serait-ce qu'un pied sur le ponton avant le passage du médecin. Une fois vérifié que nous ne sommes pas contagieux, douaniers et officiers de l'immigration peuvent monter à bord. Ayant obtenu nos visas, nous sommes autoriser à  nous rendre au bout du quai à la Capitainerie pour nous acquitter des frais de port. Nous finirons par comprendre que ces strictes formalités d'entrée et de sortie, à renouveler dans chaque port, ne sont dues qu'à la crainte de voir un citoyen cubain profiter de l'occasion pour quitter le pays...
Depuis Cienfuegos, d'abord avec Michelle, puis avec Florent et Amélie, et enfin avec Monique, nous partons à la découverte d'une partie de cette grande île de plus de 1200 km de long et à la rencontre de quelques uns de ses 11,5 millions d'habitants. Nous visitons Trinidad qui connut une grande prospérité avec la canne à sucre et dont le centre ville et son architecture coloniale est inscrit au patrimoine de l'Unesco depuis près de trente ans. Nous partageons l'émotion des cubains qui nous entourent lors de notre visite au mausolée du Che à Santa Clara où ses restes ont été rapportés en 1997, et qui préparent le cinquantième anniversaire de sa mort le 9 octobre 2017 ! Nous tombons sous le charme de La Havane et, sans nous lasser, déambulons des heures dans les rues pleines de vie et de soleil du vieux quartier près du port. Vieilles façades (certaines, en ruine, nous rapellent les immeubles bombardés de Beyrouth) et palais rénovés témoignent encore de cette époque pas si lointaine où l'argent du jeu coulait à flot dans cette capitale où le temps semble s'être arrêté à l'année de ma naissance. Nous goûtons une escapade champêtre au milieu des champs de tabac au pied des mogotes (grosses collines aux formes arrondies) de Vinales. Partout nous rencontrons des gens aimables, souriants, accueillants et très fiers d'être cubains. Mais nous ne vous dirons pas combien de Mojitos nous avons bu ni combien de cigares nous avons fumé...

De prochains billets seront consacrés aux images de ce pays que nous voulons partager avec vous. En attendant voilà quelques éléments sur notre appréciation de la vie à Cuba à l'issue de nos deux mois de séjour.

Peu d'entre eux parlent anglais (et encore moins français), et mon espagnol est resté très scolaire, mais ça n'a pas empêché de très belle rencontres – dans les bars, avec les chauffeurs de taxi ou encore avec nos hôtes dans les « casa particulars » où nous avons séjourné – qui ont été pour nous l'occasion de comprendre un peu les difficultés de la vie quotidienne des cubains.
Depuis 1962, trois ans après la révolution castriste, les USA ont décrété un embargo (« bloqueo » -blocus- disent les cubains) qui a eu pour effet, outre de jeter Cuba dans les bras de l'URSS, de figer toute évolution technologique. Ajoutez à cela le communisme comme modèle économique et social, la perte de toute aide avec la disparition de l'URSS, la chute du prix du pétrole - et la disparition de Chavez - qui limite les avantages accordés par le Venezuela et vous comprenez pourquoi nous avons souvent eu l'impression d'un retard économique de cinquante ans. Avec des conséquences parfois inattendues comme le nombre de (très) vieilles voitures américaines – vous souvenez-vous d'avoir roulé dans une voiture construite avant votre naissance ? - qui marchent encore malgré l'absence de pièces détachées et dont Fidel a interdit l'exportation en les déclarant « patrimoine national » (sans rire…). Les quelques industries locales, notamment la production de sucre, les transports, la construction et l'entretien des immeubles, l'agriculture (canne et tabac), etc. n'ont pas profité des progrès techniques. La plupart des biens de consommation courantes et des denrées alimentaires est importée. Comment les acheter avec des salaires qui restent très bas (20 euros/mois pour un enseignant de collège) ? Sans oublier qu'il y a deux monnaies à Cuba : le peso cubain, celui qui sert au quotidien, et le peso convertible, celui des touristes, qui seul permet des achats dans les magasins d'État les mieux achalandés. Solidarité mais aussi travail au noir et marché noir - tout le monde semble avoir quelque chose à vendre - permettent de... se débrouiller ! Par contre, l'accès aux soins est gratuit pour tous – et les médecins cubains sont réputés pour leur formation – comme toutes les études jusque et y compris à l'université, chaque diplômé doit alors trois ans de travail à l'État.
Pourtant tout cela n'entame pas leur joie de vivre, leur gaieté, la musique présente partout et leur besoin de bouger à la moindre note : finalement ce dont se plaignent le plus les cubains que nous avons rencontrés, c'est le manque de libertés. Pas de pluralité politique, une presse aux ordres de l'État, des accès à l'Internet très difficiles et étroitement surveillés, une obtention de visas quasi impossible donc interdiction de fait de se rendre à l'étranger... Et, malgré les quelques réformes entreprises depuis peu et la dernière visite d'Obama, ils ne sont pas très optimistes quand à une évolution qu'ils souhaitent prochaine mais qu'ils ne veulent pas trop rapide pour ne pas détruire leur cohésion sociale.
Pour finir, une blague cubaine  : « Quelles sont les trois bonnes réformes apportées par la révolution ? L'éducation gratuite pour tous, les soins gratuits pour tous et la fierté nationale retrouvée. Quels sont les trois problèmes apportées par la révolution ? Le petit déjeuner, le déjeuner et le diner ! ».

Après avoir eu le plaisir d'accueillir deux semaines à bord Florent et Amélie, arrivés pour mon anniversaire, nous (Monique,Katia et moi) quittons Cienfuegos le 6 mai pour faire escale à Cayo Largo, puis un bref arrêt à Cayo Matias, avant de mouiller notre ancre devant la « marina » de Siguanera sur Isla de la Juventud. Monique rejoint la patrie le 14 mai tandis que nous poursuivons notre route vers l'ouest. Nous empruntons le Canal du Yucatan et passons à moins de 100 milles de Cancun pour entrer dans le golfe du Mexique et accoster à la « marina » Morros dans l'Ensenada de Cajon, pointe sud-ouest de Cuba.

   

La côte ouest de Cuba est bordée d'une longue succession de hauts fonds de coraux. Pour profiter des vents qui nous sont favorables nous la longeons par l'extérieur et nous rentrons à l'intérieur le soir pour mouiller à l'abri de la houle. En trois étapes, Punta Canal Bianca, Cayo Levisa, Ensanada Teresa, longeant la côte où se profilent de belles Sierras, nous rejoignons le 20 mai la marina Hemingway, à l'ouest de La Havane.
Le 23, Katia part pour la France avec l'avion qui a amené Pierre et Arnaud, mes deux équipiers pour la traversée retour vers les Açores.

                         

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