Aujourd'hui cela fait 2 ans que nous vivons à bord de Django Mayosa.

En route pour un petit bilan d'anniversaire.

Si le bateau a beaucoup changé (travaux, améliorations techniques et d'espace de vie),

il n'est pas le seul: nous aussi.

Marius nous a dit: "ces 2 ans ont passé très vite, et pourtant, notre vie d'avant : c'était y'a très longtemps."

C'est ô combien vrai. Ce changement de vie a des répercussions profondes sur nous, notre vécu et nos attentes.

Voir le monde était mon rêve de petite fille, et si à l'époque je n'avais pas imaginé le visiter en bateau, aujourd'hui j'en suis ravie.

Voyager sans quitter sa maison tout en n'emportant que le nécessaire et donc se passer du superflu; voyager tout confort et se jouer des modes consuméristes; vivre au plus près de la nature et comprendre notre dépendance énergétique, la maîtriser, la contenir, et faire la guerre au gaspi; être disponible pour la découverte car libéré des contraintes sociétales; avoir le temps, prendre le temps de partager, d'apprendre, avoir le temps d'être: c'est finalement notre mode de vie tout en simplicité, mais ne serait-ce pas le luxe ultime?

Fonciérement honnête (on m'appelle bisounours), je ne veux pas laisser croire que tout est rose, simple, naturel, idéal. Mais la liste des + est tellement plus longue que celle des – (dont le principal à mes yeux est l'éloignement des enfants, bien avant le mal de mer et la mer croisée, la complexité des avitaillements....) : le solde est néanmoins largement en faveur de ce choix de vie.

Et si c'était à refaire?

On le referait! Sans aucun doute, et nous essaierions certainement de nous organiser pour partir encore plus tôt. Il faut bien reconnaître que l'aspect financier est non négligeable et il convient de bien préparer son départ pour en vivre le meilleur.

"Il n'y a point de chemin vers le bonheur, le bonheur c'est le chemin." Lao Tseu.

Et le notre (de chemin) est loin d'être terminé. Fort heureusement!

Le petit bout que nous avons fait nous a permis d'ouvrir nos yeux, notre esprit et notre coeur, d'en laisser des petits morceaux en certains endroits dans les mains de personnes qu'on appellera pudiquement "de belles personnes" (sans que la liste soit exhaustive, bien loin de là) comme Càtia à Madère, comme dans le village de Bassar sur le Sine Saloum ,

avoir fait un bout de ce chemin en flotille nous a également permis de partager de belles tranches de vie qui ne demandent qu'à être vécues de nouveau; de voir des endroits totalement préservés comme l'île de Marajo, et surtout Fernando do Noronha (comme quoi quand les hommes veulent les hommes peuvent) qui redonnent confiance en nos capacités à appréhender l'avenir de notre petite planête;

de voir également des endroits où la pauvreté est pregnante (et côtoie même douloureusement parfois les plus grosses richesses comme au Brésil,) mais jamais n'empêche la joie de vivre que ce soit au Sénégal, au Cap Vert ou au Brésil... Une belle leçon de vie et de relativité.

Se pourrait-il que la vieille Europe toute à sa course vers le toujours plus (de possession) et le toujours moins (de travail) oublie de respirer et se laisse asphyxier par des chimères?

Cette pause dans notre périple nous permet aussi de mesurer, d'apprécier le chemin parcouru, et de languir sa reprise... A bientôt pour de nouvelles "aventures".