Nous traversons vers le continent depuis la Corse.

Nous traversons vers le continent depuis la Corse.

Posté par : François
25 June 2014 à 17h
Last updated 27 November 2014 à 09h
1795 vues
Flux-RSS

Nous traversons vers le continent depuis la Corse pour une balade sur la côte varoise qu’il serait dommage de ne pas découvrir en avant saison.

           Une traversée banale direz-vous?  C’est vrai. Mais est-ce que chaque traversée, petite ou grande, courte ou longue, n’est pas chaque fois unique, hors du commun, différente de toutes celles déjà effectuées? Personnellement, je crois que oui. C’est d’ailleurs ce qui donne du charme à chacune d’entre elle, avec chaque fois des anecdotes uniques à raconter le soir à la veillée ou sur ce blog…


Nous traversons vers le continent depuis la Corse pour une balade sur la côte varoise qu’il serait dommage de ne pas découvrir en avant saison.

           Une traversée banale direz-vous.  C’est vrai. Mais est-ce que chaque traversée, petite ou grande, courte ou longue, n’est pas chaque fois unique, hors du commun, différente de toutes celles déjà effectuées? Personnellement, je crois que oui. C’est d’ailleurs ce qui donne du charme à chacune d’entre elle, avec chaque fois des anecdotes uniques à raconter le soir à la veillée ou sur ce blog…

Nous avons donc quitté le mouillage près de Galéria destination Porquerolles, après avoir attendu le moment opportun : profiter au maximum d’un vent portant avant que celui-ci devienne contraire sur notre route. Le créneau favorable de courte durée nous a précipités à lever l’ancre.

           Nous avons profité d’un vent de NE de 15/20kts bien établi. Ainsi, nous avons progressé au portant à 8kts de façon régulière pendant 5 heures. L’heure estimée d’arrivée annoncée par le GPS  allait nous faire arriver avant la nuit ! Pas possible. Mais ce qui est régulier ne dure qu’un temps, surtout en voile c’est bien connu. Pourtant, on a tendance à croire ce qui s’affiche sur l’écran, surtout lorsque c’est  en notre faveur et la déception devient plus grande encore  lorsque, inévitablement, comme l’annonçait d’ailleurs la MTO, à mi-parcours,  le vent diminue, là aussi de façon hélas régulière. Ne voulant rien lâcher, espérant un geste du ciel, nous gardons les voiles hautes qui nous propulsent maintenant à 2 ou 3 kts. Nous voyons arriver derrière nous 2 voiliers qui profitent encore du vent qui se maintient à leur endroit. Très vite, eux aussi seront ralentis, ils comprendront plus vite que nous qu’il est vain d’espérer encore un geste d’Eole. Ils affaleront avant nous pour nous doubler au moteur. Au rythme de la houle, notre grand voile bat les airs d’un bord sur l’autre, contraint devant une telle évidence, nous abandonnons nous aussi. Nous mettons en marche le moteur pour cheminer toute la nuit, à la queue leu leu, sans le savoir vers le même but que nos voisins d’infortune : Porquerolles.

         Revenons un instant quelques heures plus tôt pendant que nous avancions à la voile. Le pilote s’occupe de la barre, très bien, avec rigueur et obstination. Nous avançons correctement dans la bonne direction, tout va bien. Il n’y a qu’à surveiller et laisser faire… ce qui laisse du temps  car il faut bien le dire, il n’y a pas grand-chose à faire. La mer est immense, pas besoin de regarder tout le temps devant soit puisqu’il n’y a rien, puisqu’on ne voit rien, on  est seul. Pas si sûr. Ce n’est pas parce qu’on ne voit rien qu’il n’y a rien.

Soudain, devant nous à 30 ou 40 mètres  légèrement sur notre bâbord, une tâche grisâtre apparait émergeant à peine de l’eau. Instantanément, je comprends, je crie : ‘’Nicole, vite une baleine’’.  En quelques secondes ce ‘’dôme’’ de peau et de chair défile sous mes yeux surpris, étonnés, ébahis.

Dans notre sillage, cette masse disparait en s’enfonçant doucement dans l’eau. Trop vite, Nicole n’a rien pu voir! Je n’ai pas eu le temps, moi non plus, de savoir s’il s’agissait de la baleine bleue, grise ou à bosse. J’aurai pourtant bien aimé en voir un peu plus et qu’elle me dévoile un peu son anatomie…

N’ayant vu que la courbure du dos, je mesure après coup la taille de l’animal : énorme, au moins 2 fois la longueur du bateau. Je n’avais jamais vu un être vivant si volumineux, là, je n’ai fait que le deviner, je suis déçu et inquiet à la fois. Déçu car ma curiosité n’est pas satisfaite et inquiet pour le risque de collision. Mais pourquoi la nature fait elle dans la démesure?  A quoi bon, pour quelles raisons ? Qu’a-t-elle à prouver ? La nature est si surprenante lorsqu’elle fait dans le minuscule qu’elle n’a vraiment pas besoin de se distinguer dans le gigantesque.

Après ce moment d’émotion, retour à la réalité. Un coup d’œil devant et sur les cotés, peut-être est-on au milieu d’un troupeau de baleines sans le savoir. Mais non, retour à la normale.

Si notre route avait été déviée de quelques mètres, 10 ou 15 mètres à peine, on aurait fait pour le coup une sacré rencontre en la prenant entre les deux étraves !  Vu le profil des étraves et la courbure  du dos de l’animal, à 8 kts on serait probablement monté dessus !  Peut-être aurions nous fait une culbute au pire, en tous les cas avec des dégâts  auxquels il est préférable de ne pas penser. La probabilité de heurter un tel animal n’est pas nulle même si elle est très faible, elle existe. Il est pratiquement impossible de jour et surtout de nuit de voir la présence d’un si  gros animal qui émerge à peine de l’eau, ce n’est pas la peine d’être si gros et ne pas être visible. Je réclame devant la cours européenne s’il le faut, le port d’un gilet fluo pour ces bêtes là! Il y a bien d’autres règlements administratifs absurdes.

Des rencontres, il y en a de bonnes comme ces dauphins venus (spécialement) nous saluer en passant devant nos étraves. Ou bien  cette tortue flottant à la surface de l’eau, elle  pour le coup, bien visible à nos yeux. Nous avons stoppé les moteurs pour nous en approcher et faire quelques clichés. Etait-elle endormie ou était-ce un cadavre de tortue ? Elle n’a pas fait le moindre mouvement pour fuir devant notre présence. Sans insister et sans bruit, nous l’avons laissée dans notre sillage avec son énigme…

 

 Autre belle rencontre que l’on ne peut pas faire sur terre car on n’est pas dans les mêmes conditions. Il s’agit plutôt d’une contemplation, d’un émoi, lorsque la lune se lève.

Voir apparaitre dans la nuit noire légèrement bleutée une lumière, un point lumineux d’abord minuscule mais déjà intense qui imperceptiblement va peu à peu grossir pour devenir une énorme boule rouge attire le regard et capte l’attention pendant cet instant unique presque magique où la lune apparait. A cet instant, la nuit n’est plus la même.

Le levé de la lune est véritablement un spectacle,  on ressent à la fois le temps qui s’écoule, qui nous échappe, qui nous dépasse, qui est plus fort que nous. On prend conscience de la grandeur de cet univers en devinant le soleil en dessous de nous éclairant cet astre. Pendant ces quelques minutes, on prend la mesure de l’espace, on a le sentiment d’être non seulement sur la terre mais aussi dans l’univers.

Quelques minutes plus tard, la lune déjà haute dans le ciel poursuit sa course, elle a changé d’aspect, semble moins volumineuse et moins colorée, elle est à présent jaune pale. Désormais elle est devenue une tâche dans le ciel à laquelle personne ne porte plus attention, le soleil bientôt en se levant la fera disparaitre dans la clarté du jour.

Nous contournons Port Cros, virons les roches des Medes, devant la baie de l’Alicastre,  nous filons le mouillage, les premiers baigneurs arrivent sur la plage ensoleillée, nous allons nous coucher, pour nous la nuit commence, il est 9 heures du  matin ce 18 juin.

 

Location

Nous , nous nous contentons entre 8h et9h des carpes du lac de Bouafles en faisant notre marche , mais je viens de casser mon parapluie et si vous aviez pu me rapporter 2 ou 3 baleines cela me rendrait service . Il ne nous reste qu'à vous souhaiter bonne nuit en plein jour . Bisou .

Vous devez vous identifier pour laisser un commentaire : cliquez ici pour vous connecter .

Le site de la Grande Croisière...