Tour de France 2013

Posté par : Olivier
20 September 2013 à 18h
Last updated 16 January 2016 à 11h
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Tour de France 2013

 

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   Deuxième  saison d'hivernage à Navy Service à Port St Louis du Rhône et je me permets de leur attribuer un AAA :

          Tout le personnel, administratif et technique, est sympa , souriant et professionnel et même Helmutt le gardien, certe un peu bourru, veille consciencieusement à notre sécurité.

           Plutôt insensible aux piqures de moustiques , notre ennemi le plus craint reste le Mistral; cet hiver, il s'en donna à coeur joie avec quelques séances à 130 km/h et pendant que le fier Napoléon, fleuron de la SNCM, rompait ses amarres et faisait naufrage au milieu du port de Marseille , nous les petits bateaux de Navy Service , étraves face au vent déchainé nous faisions front en vibrant de la quille à la tête du mât et, solidarité oblige,  tout le monde est resté debout. Sinon , bonjour le Domino géant qui aurait entrainé le suicide de nos assureurs respectifs.

            Le retour du printemps ramène mes proprios et je suis impatient et inquiet de découvrir leurs  cogitations hivernales : Et ça commence trés fort car leur premier chantier est de me couper les ailes  en me démâtant; me voilà devenu un Albatros mutilé. De plus ils embarquent à mon bord un intrus japonais à l'aspect peu recommandable et ils repartent chez eux ; je suis mort d'inquiétude jusqu'à ce qu'ils reviennent pour le grand départ.

 

 

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             Antifouling, mise à l'eau , avitaillement et ils me conduisent, pauvre infirme jusqu'à la marina de port St Louis où je retrouve d'autres congénères souffrant de la même infirmité. Dans ce qui ressemble à un Hospice ils me dévoilent enfin leur plan : comme ils n'ont pas réussi, la saison passée, à trouver la sortie de cette mer méditérrannée ils m'informent que nous allons rejoindre mon cher océan Atlantique en passant par Paris, c'est à dire en empruntant les fleuves et canaux de France et de Navarre, d'où la nécessité de mon dématage. Ce plan me parait franchement foireux car je n'ai aucune expérience de la batellerie et eux guère plus : leur expérience se limite à l'obtention du permis fluvial dans une salle d'examen et l'achat des guides Vagnon et de la vignette de VNF. Et comme mise en jambe ils ont prévu l'Everest de la navigation fluviale , c'est à dire la remontée du Rhône en période de fortes eaux. C'est un peu comme si un alpiniste débutant choisissait la face nord des grandes Jorasses pour découvrir la discipline ou un cycliste novice l'enchainement de 4 cols pyrénéens comme échauffement.

        Et comme prévu , ça foire ; car bien que situé à 100m  de l'écluse d'accès au Rhône elle reste fermée car surmontant les 2 feux rouges d'accés un gros panneaux lumineux indique en grosses lettres rouges : RNPC. Quésaco? Les guides nautiques semblant ignorer ce terme , on demande à notre voisin , un dénommé Dream, la signification de cette inscription, et lui, est parfaitement au courant car il est planté devant ce panneau depuis déjà 8 jours: RNPC signifie Restriction à la Navigation en Prévision de Crues. En clair celà signifie que l'accès au Rhône est interdit.

        Qu'est ce qu'on fait? Ben! on attend et on devient un spécialiste des sites internet Vigicrues et InfoRhône et on va voir le Rhône situé à 200 m et on observe les canards posés sur l'eau : si ils dérivent vers le large à la vitesse d'un cycliste ou d'un jogger c'est pas bon , si ils dérivent à la vitesse d'un marcheur ça peut le faire. En terme plus scientifique, pour que le Rhône soit accessible à la navigation de plaisance il faut attendre que le débit au barrage de Beaucaire soit inférieur à trois millions neuf cents mille bouteilles d'eau de un litre à la seconde, ce qui fait encore  beaucoup d'eau.  Ce n'est peut être pas l'Amazone mais on est sûr que si on fait pipi dans l'eau ce sera bien dilué.

           Les jours passent et RNPC est toujours là. Ils tuent le temps en visitant en bus et en train ce qui aurait du être nos escales fluviales Arles, Avignon , les salins de Giraud. Une semaine plus tard RNPC daigne s'effaçer mais c'est le mistral qui rentre en jeu et nous interdit alors l'accès au fleuve.

           Un jour enfin , tous les clignotants passent au vert; plus de RNPC ni de Mistral, l'écluse s'ouvre enfin et nous donne accès au puissant fleuve. Moment d'inquiétude : allons-nous reculer et être rejetés en mer vers les côtes africaines , ou faire du sur place ou avancer à la vitesse d'un escargot. Finalement avec 2  noeuds de courant dans le nez on avance dans la bonne direction à la vitesse d'un randonneur; ouf!

 

 

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         Nous faisons route en compagnie de Dream jusqu'à Arles où il doit nous quitter pour rejoindre le Petit Rhône et le canal du midi.

 

 

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       Un incident sur le moteur de Dream nous invite à effectuer un remorquage dans une zone de courant de plus de 3 noeuds et pour éviter de faire exploser mon fidèle Volvo , ils sortent leur botte secrète: ils mettent à l'eau le japonais patibulaire suspendu sur mon arrière, tire une ficelle et l'individu se met à vrombrir en me propulsant de plus de 2 noeuds. Ils me font alors les présentations de l'individu: il se nomme Susuki , prétend encore assurer ses 15 CV malgré son âge canonique mais comme il fonctionne en mode 2 temps il est interdit de séjour en France. Avec ce clandestin à bord il est préférable de ne pas subir un controle des autorités fluviales.

       Aprés un au revoir à Dream à l'embouchure du petit Rhône , nous voilà seuls face à notre destin  et surtout face au prochain obstacle : Le pont de Tarascon. Le guide fluvial nous annonce 12 à 15 Km/H de courant par fort débit. On est pile poil dedans et l'affaire ne s'annonce donc pas comme une Tartarinade. A l'approche du pont , gaz sur Volvo et Suzuki au boulot. Le loch affiche plus de 7 noeuds mais notre vitesse sous le pont est celle d'un Papy en déambulateur. Mais ouf! ça passe. Sinon il aurait fallu attendre le mois de Septembre.

        La journée n'est pas finie, car il va falloir passer la première grosse écluse du Rhône pour grand Gabarit 195 m de longueur, 12m  de largeur et 11, 3 m de dénivellé. Mais auparavant il faut franchir la montée de Beaucaire car on découvre qu'en aval de chaque écluse ça monte et que le courant est donc fort et que l'aide de Suzuki est appréciable. Quand apparait l'écluse de Vallabrégues accollée au barage de Beaucaire, nous , le petit montant, comme nous appèlle affectueusement les éclusiers,  paraissons minuscule et en rentrant dans le fond de l'immense bassine on a l'impression que notre dernière heure est proche. Et puis finalement, l'amarrage sur bolard flottant est plutôt pratique et la montée des 11 m se fait plutôt en douceur et on retrouve avec plaisir le ciel et l'air libre.

       C'est suffisant pour cette première journée  et l'escale au petit port de Vallabrègues sera bienvenue : 62 kms  en 12h ce n'est certes pas rapide mais celà aurait pu être pire.

      Il nous faudra  finalement 7 jours pour remonter les 323 Kms du Rhône jusqu'à Lyon , en franchissant 12 écluses géantes qui nous éléveront à l'altitude de 150 m et chaque jour fut une épreuve digne des grandes étapes du tour de France: ce ne fut point l'Izoard, le mont Ventoux ou le Tourmalet mais l'écluse de Bollène et ces 22 m de hauteur, le virage et les ponts de Tournon, le défilé de Donzére Mondragon les interminables montées d'Andance et de Pierre Bénite , tout celà en naviguant au milieu des troncs d'arbres emportés par les crues, en cherchant les contre courants le long des rives et en croisant quelques convois poussés de 2 barges , péniches de gros gabarit et les bateaux de tourisme  Croisi Europe de 150 m de long. Nous étions bien un" petit montant" au beau milieu de tant de gigantisme : Entre les ponts autoroutier , les ponts TGV qui passèrent à 300 km/h au dessus de ma tête , les centrales hydrauliques et nucléaires nous étions bien les plus petits exceptés les canards et leurs canetons. Même les poissons du Rhône sont géants : Le Silure dépasse les 2m de longueur.

 

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        Et pour arranger nos affaires le ciel se ligua contre nous et ce mois de Mai fut le plus pourri depuis Vercingétorix et chaque jour les pluies diluviennes fermaient les portes derrière nous sur les tronçons du Rhône rendus impraticables et à quelques heures près on put franchir la derniére écluse  de Pierre Bénite , la bien nommée, avant que la totalité du Rhône repasse en RNPC donc en interdiction à la navigation. Ouf! L'escale de Lyon dans la nouvelle marina du quai Rambaud à l'architecture futuriste fut bien accueillie.

 

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           Maintenant nous sommes sur la Saône et bien entendu elle est aussi en crue et le préposé de VNF nous met en garde pour la traversée de l'alternat de Lyon et ses onze ponts. Mais quand on sort du Rhône plus rien ne parait impossible et avec l'aide du japonais on s'enfile les onze ponts de Lyon comme qui rigole.

            Ce sera la dernière mission du japonais et je me sens obligé de lui tirer mon chapeau pour sa vigueur et sa fiabilité mais je ne peux passer sous silence son  péché mignon : qu'est ce qu'il boit! super 95 ou 98 il avale tout à la cadence de 5 litres à l'heure. Pour l'excuser on va croire qu'il  a fait l'essentiel de sa carrière avec un marin breton et qu'il a été à bonne école côté descente.

 

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            la Saône , même en crue, se révèle un long fleuve tranquille au courant faible  et la seule difficulté fut de ne pas partir naviguer dans les champs et de s'échouer avec les vaches. Deux jours et demi furent nécessaires pour parcourir les 142 kms  et les 3 écluses entre Lyon et Chalons sur Saône . La dernière écluse noyée sous la crue fut franchie en passant par dessus le barrage.

 

             Ouf, sauvé, fini fleuves et rivières en crues. A nous les paisibles canaux et à la  sortie de Chalons sur Saône on s'engage dans le canal du Centre. Et là le plan foireux continue : l'éclusier de la première écluse: "Vous allez où?" Nous :" A Paris"; l'éclusier : "c'est pas possible , le canal est fermé en raison d'une rupture de berge et on ne sait pas quand il va rouvrir".  Nous: "tant pis , on a pas le choix , on y va et on  attendra".

           Et nous voilà parti un peu penauds , pour une galère de plus; Toutefois un coup de téléphone judicieux à la subdivision  de VNF de Montceau les Mines nous rassure un peu: Le canal est effectivement fermé depuis 20 jours suite à une rupture de vanne à Montchanin, mais les travaux sont terminés et le canal devrait rouvrir incessamment sous peu. Nous ferons donc une escale de 3 jours à Chagny en attendant l'heureux événement.

           Le petit port de Chagny  est une escale agréable à quelques encablures du joli bourg en pleine festivité set surtout d'une sympathique cantine, le restaurant "Lameloise", un des rares 3 étoiles du guide Michelin (il y en a 15 dans toute la France), avec en cuisine le grand chef Eric Pras. Se pose alors le dilemme : on y va et après ce sera 3 semaines de diète pour recoller au budget de la caisse de bord ou on se contente de baver devant la carte et à rêver devant notre plat de pâtes bolognaise, au chaud-froid de langoustine au jus de pomme verte  ou à la côte de veau de lait frottée de marjolaine et d'orange. La raison l'emportera mais ce fut d'autant plus difficile que le collègue Dream sur son canal du midi nous informe de sa dégustation du célébrissime cassoulet de l'hôtel de la poste de Castelnaudary.

 

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     Dés la réouverture du canal  nous partons pour 3 jours  et demi de navigation pour parcourir ses 116 kms avec ses 61 écluses. Nous battons notre record de passage d'écluses durant l'étape Chagny- Montchanin avec 23 écluses pour seulement 33 kms parcourus; certes les écluses au gabarit Freycinet nous paraissent bien petites mais comme il s'agit d'écluses montantes il faut gravir les 3 mètres de dénivelé par une échelle vaseuse, amarrer le bateau et actionner la commande de l'automatisme : pas un truc pour vieux arthritiques. A Montchanin nous atteignons le point culminant de 301 m : jamais vu un marnage pareil, même à St Malo et nous quittons le bassin du Rhône, pour descendre jusqu' à Digoin sur le bassin de la Loire. Et comme toujours c'est plus facile de descendre que de monter : plus d'échelles à gravir dans les écluses qui se vident en douceur au lieu de se remplir dans des flots tourbillonnants.

       Ce canal du centre, certes passablement délabré, est sinueux, très sauvage et bucolique : hérons, canards, vaches et paysages vallonnés de Bourgogne, parsemés de jolis demeures et châteaux sont bien sympathiques. On se croirait presque en vacances. J'ai eu quand même une grande émotion le jour où la latitude de ma mémoire interne indiqua 46° 8,9' N. Je reconnus immédiatement la latitude du port des Minimes , ça y est on est arrivé!!! Ils calmèrent vite mon enthousiasme en m'expliquant que côté latitude on était bien OK mais qu'on avait un léger souci côté longitude et que ce n'était pas les tours de la Rochelle qu'on allait découvrir au prochain virage mais le clocher de Paray le Monial.

         A Digoin je fais une découverte extraordinaire, je navigue plusieurs mètres au dessus du grand fleuve Loire , bien entendu en crue, sur ce qu'ils appellent un pont Canal ce qui me permet d'accéder au canal latéral à la Loire. Il me faudra 4 jours pour rallier Digoin à Briare, parcourir 198 Kms et franchir 39  écluses descendantes. Ce long  canal rectiligne et parfois un peu monotone permet de faire cap au nord en compagnie de quelques péniches de travail et bateaux de plaisance  mais  surtout des bateaux de location qui ouvrent la saison.

          Sur les berges les cyclotouristes venus des pays nordiques pédalent stoïquement sous la pluie et le soir venu s'abritent sous leur mini tente, toujours sous la pluie; chapeau ! En bateau on est au moins au sec et à l'abri  à l'escale.

           Le canal se termine à Briard par un moment magique : on arrive sur le très célèbre pont canal de Briard pour retraverser la Loire un dimanche après midi ensoleillé et les 600 mètres de trottoirs qui bordent le pont canal sont couverts de touristes et promeneurs  et on parcourt ce bel ouvrage sous le crépitement des appareils photos; on aurait presque pu signer des autographes, quasiment comme le tapis rouge et les marches au festival de Cannes.

 

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           A partir de Briard, le canal de Briard se remet à grimper jusqu'à l'altitude de 165 m pour franchir la ligne de partage des eaux entre Loire et Seine. Arrivé à ce col il ne nous reste plus qu'à nous laisser descendre jusqu'à la mer, on est en bonne voie !  2 jours, 55 kms et 31 écluses seront nécessaires pour rejoindre Montargis , la petite Venise du Gatinais  où le canal change de nom pour devenir canal du Loing qui nous conduira en 1 jour et demi , 52 kms et 23 écluses jusqu'à Moret sur Loing.

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      Ces 2 canaux, essentiellement destinés au tourisme fluvial sont les plus plaisants à parcourir depuis notre départ: Eclusiers accueillants et serviables qui font des concours d'écluses fleuries, voie verte pour cycliste, haltes nautiques nombreuses et bien aménagées, le bonheur.

 

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      La seule difficulté sera  provoquée par le zèle des employés de VNF qui, en cette période de nettoyage des berges, balancent dans le canal les herbes de leurs travaux de débroussaillage, ce qui constitue des iles flottantes de plusieurs dizaines de mètre et nous oblige à forcer le passage par de nombreuses marche arrière. Comme on remonte inexorablement vers le Nord je les soupçonne de m'entrainer pour le franchissement des champs de growlers de l'Arctique.

     Le canal du Loing se termine par un parcours en forêt de Fontainebleau au milieu des châteaux et pavillons de chasse. La classe!!

    A Moret  sur Loing, finis les canaux bucoliques car on retrouve les joies des grands fleuves : La Seine est en légère crue , mais crue quand même, mais cette fois le courant est dans le bon sens et on retrouve un fort trafic fluvial de bateaux de travail et les écluses géantes pour ces gros gabarits mais leur dénivellation  descendante de 3 à 5 m nous semble bien cool par rapport à leurs homologues du Rhône; de plus les éclusiers sont plutôt sympa et nous appellent  affectueusement "le petit Avalant" et les mariniers des péniches ou convois poussés sont incomparablement plus courtois envers nous et respectueux des règles que leurs collègues d'eau salée : une belle démonstration de cohabitation entre professionnels et plaisanciers.

     En amont de Paris la Seine traverse le val de Marne et les demeures qui bordent le fleuve ne ressemblent en rien aux immeubles du 93: ça sent l'ISF pour leurs pauvres propriétaires.

       

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        Aux abords de Paris, les  hérons et canards laissent la place aux usines, entrepôts, silos et autres aéroports et en passant devant le ministère des finances à Bercy on prépare notre vignette de VNF et notre acte de francisation au cas où un fonctionnaire zélé  aurait la mauvaise idée de venir nous contrôler, car malgré ces beaux papiers j'aurai bien du mal à justifier d'un domicile fixe, moi "le sans marina fixe". D'ici à ce que je me retrouve en garde à vue au quai des orfèvres ! !

         Finalement je passe incognito et je me réfugie pour deux nuits dans le port de l'arsenal, certes onéreux mais idéalement situé au cœur de Paris et Paris au mois de mai c'est quand même pas mal.

         La route est encore longue et le dimanche matin alors que Paris somnole encore , j'ai le privilège d'effectuer seul ma traversée de Paris avec pour moi tout seul, Notre Dame , le Louvre, le pont des Arts et de l'Alma avec son  Zouave  et clou du spectacle la Tour Eiffel; Profitons en , car c'est pas tous les jours que moi, le petit Charentais, j'aurai l'occasion de faire un truc pareil.

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   Paris c'est bien beau, mais je ne suis pas une péniche d'habitation pour bobos et il nous faut continuer notre route vers la mer en traversant la riche Normandie et faisant au passage une halte de 4 jours à Rouen. Le hasard du calendrier faisant bien les choses notre arrivée coïncide avec les festivités de l'Armada et je me sens bien petit et ridicule sans mon mat au milieu de ces voiliers géants.

 

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    Mais au miracle, j'ai l'agréable surprise de retrouver mon mat au sympathique port de plaisance de  Rouen et entre les travaux de remâtage, les concerts de Mika , Pony run run et Nolwenn Leroy, visites des bateaux de l'armada et feux d'artifices, s'écouleront quatre agréables journées, d'autant plus qu'il me semble ressentir quelques effluves maritimes.

      Avec mon mat , je retrouve ma dignité et on profite du passage d'un copain à Rouen pour lui confier le Japonais qui finira le voyage dans le coffre d'une voiture: Adieu l'ami, on t'aimait bien

     Effectivement la mer n'est pas loin, mais la Seine grande experte en méandres prend un malin plaisir à rallonger le chemin : une longue journée de 110 kms sera nécessaire pour nous conduire vers l'estuaire , le pont de Tancarville puis celui de Normandie.

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   L'escale dans le magnifique écrin du port de Honfleur conclura  en beauté notre parcours en eau douce. Le port est certes plein comme un œuf en raison du passage de l'armada le lendemain , mais quel cadre et quelle ambiance.

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  C'est le moment du bilan pour matheux et si on rajoute les 355 kms de Seine et ses 14 écluses on obtient 26 longues journées pour parcourir 1330 kms en franchissant 183 écluses pour rallier la Méditerranée à la Manche et si on rajoute les jours d’immobilisation  pour crues ou problèmes techniques des voies navigables on est sur le rythme d'un Randonneur standard. 

   Avec la Manche je suis heureux de retrouver mes ailes et le souffle régulier de l'Atlantique, mais franchement inquiet de mon inexorable remontée vers le Nord. Et même si un moment on recoupe la longitude de la Rochelle , je ne me fais aucune illusion , je ne suis pas chez moi avec ce froid , ces brumes , ce soleil qui n'en finit pas de se coucher, j'ai même eu l'impression d'avoir vu des ours blanc et des aurores boréales.

    A Cherbourg , je rencontre un jeune frère qui s'appelle Douz. Moi qui me croyais fils unique je suis heureux de me trouver une famille, avec un aussi beau spécimen . Il est habitué au grand Nord et il se prépare à partir avec son équipage dynamique pour des contrées encore plus polaires.

    Et puis un jour notre progression vers les glaces s'arrête car ils ont décidé de s'enfiler la Manche , non stop : L'anticyclone est là, le vent d'Est aussi , les coefficients de marée sont faibles et les brumes ont disparues : c'est pas tous les jours qu'on a de telles conditions dans le pays et ce sera donc une seule étape pour rallier Cherbourg à l'Aber Wrach et comme les conditions se maintiennent on enchaine les passages difficiles et finalement les Raz Barfleur, Blanchard , Sein et les Héauts de Brèhat , chenal du Four et autre Teignouse seront des obstacles bien plus faciles à franchir que le pont de Tarascon. Comme quoi ,les marins de mer feraient bien de tourner sept fois leur langue dans leur bouche quand ils traitent méprisament leur voisin de marin d'eau douce . Il est vrai qu'après le printemps  le plus pourri depuis des lustres la météo nous gratifie d'un été idéal pour redescendre les côtes bretonnes vers le Sud : Anticyclone, vent d'Est et mer belle pleine de dauphins et de maquereaux.

     

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      La Bretagne Sud sous le soleil et des vents portants c'est bien beau , d'autant plus que nous avons l'occasion d'heureuses rencontres : A Lorient je découvre à mes côtés, Cerise, un jeune frère magnifiquement réalisé et plein de projets de voyage.

 

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      A Vannes  ce sont les retrouvailles avec Dream, depuis notre laborieux départ de Port St Louis et nous avons tant de choses à nous raconter. Cela mérite bien une bouteille de Champagne avant que nos routes se séparent, lui vers le Nord et moi vers le Sud.

 

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      A la Roche Bernard on retrouve les petites filles et leurs parents, on ne prend pas de risques et on se limite à une croisière sur la Vilaine au cas où le Mistral aurait prévu une incursion Atlantique.

 

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      A l'entrée du mythique chenal des Sables d'Olonne on a bien préparé nos fumigènes pour remercier la foule de son accueil mais il y aura juste un pêcheur pour nous saluer nonchalamment. Faut pas rêver, je ne m'appelle pas Macif ou Banque Populaire.

 

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       Et puis maintenant, après 7 années de vagabondage,  je reconnais le phare des Baleines et son Baleineau, le pont de l'ile de Ré, la pointe de chef de Baie et le phare du bout du Monde et enfin le chenal de la Rochelle et les Tours du vieux port. Un grand frère , RM 10,50 à coque bleue nommé Symi m'accompagne jusqu'à l'entrée du port; J'espère pour lui qu'il aura l'occasion de découvrir ce joyau des iles Grecques. On s'amarre au ponton d'accueil pour effectuer les formalités . On a du mal à me trouver une place et je sens que mon retour ne  remplit pas de joie l'administration du port. Pour leur montrer que je n'ai pas du tout envie qu'on me fiche dehors, je leur fais le coup de la panne moteur ce qui les oblige à me trainer avec leur Zozo jusqu'à une place temporaire. Quand je pense que la plupart des terriens pense que les bateaux n'ont pas d’âme!!!

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Bravo à tous les 2, il fallait le faire et cette dernière étape fluviale en aurait découragé plus d'un. Elle conclut un superbe périple de 7 ans en Méditerranée qui n'est pas toujours le long fleuve tranquille que l'on imagine. En d'autres temps, Ulysse en a fait la dure expérience. Merci de nous avoir fait partager toute cette aventure avec humour et sincérité. Nous n'oublierons pas non plus le bon souvenir de nos rencontres au hasard des escales en Adriatique, en mer Ionionienne et en mer Egée. Maintenant que la boucle est bouclée, continuez de nous faire rêver avec vos navigations en Atlantique, nous continuerons de suivre vos aventures avec grand intérêt. Bon vent au Sud et à son brillant équipage. Hervé et Brigitte de Borêval.

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