Nous reprenons la mer
Vols retour sans problème. Même si, à près de 11000 m d'altitude, dans le sud du Groenloand, Gonzalo a bien secoué notre Boeing. À plus de 900 km/h, le jet n'a heureusement pas mis trop de temps à s'en éloigner. Il s'agissait de la queue du cyclone qui a balayé Saint Barth début octobre. Nous avons quitté Paris à 7h du matin pour rejoindre Roissy. Moyennant quelques tonnes de kérozène, moins de 15 heures de vol au total, 9 heures d'escale à Toronto, et enfin 45mn de taxi dans les embouteillages matinaux de Port of Spain, nous retrouvons Spip et une vie plus... frugale !
À terre, terminé la facilité de la voiture personnel : transports en commun ou, le plus souvent, marche à pieds vont redevenir nos moyens de locomotion. Il va nous falloir aussi reprendre l'habitude de réduire au maximum notre consommation électrique ; et, pas facile non plus, limiter au stricte nécessaire l'utilisation de l'eau douce (mais nous retrouvons avec plaisir notre très, très grande baignoire !!!). Il y a également le gaz : veiller à ne pas se faire surprendre par la panne faute d'avoir cherché à temps à faire remplir la petite bouteille bleue qui est en réserve. Côté cuisine justement, il faut oublier, par exemple, les rillettes sarthoises tout comme la tomme de Savoie, la tête de veau de La Gariguette tout comme les plats de champignons de Michelle, la choucroute alsacienne tout comme les galettes de blé noir... Mais plus besoin de balance pour surveiller l'évolution de notre légére surcharge pondérale ! Poulet, poisson, riz, haricots, tomates, salades, bananes et ananas vont nous permettre de retrouver la ligne de nos 20 ans !!! Quand à nos foies, ils ne se plaindront pas du manque de pastis dans l'eau ni de l'absence d'une bonne bouteille sur la table même si nos palais gardent le souvenir de quelques bons crus que, les uns et les autres, avez si gentiment sortis de vos caves à l'occasion de notre passage. Restent quand même la bière et le rhum... Si les journaux télévisés ne vont pas nous manquer, nous ne pourrons "écouter les informations" que lorsque nous aurons une bonne connexion Wi-fi : enfin un peu de recul !
Bref, pour reprendre les mots d'Agnès, nous allons, au moins temporairement, sortir de " cette nouvelle servitude volontaire [qui] vient peut-être de ce que nous sommes toujours plus avides de confort et aussi toujours davantage privés du goût de la vraie liberté : celle dont il est possible de jouir sans la moindre prothèse et sans le moindre risque d’addiction.
Nous passons les deux premiers jours à nettoyer le bateau : à l'intérieur une fine couche de moisissure, due à l'humidité ambiante, recouvrait les parois et, sur le pont, nos pieds marquaient leurs empreintes dans la poussiere...
Ensuite, plein de petites choses à bricoler mais avec 35 degrés à l'ombre ça avance lentement. Quelques mauvaises surprises, comme l'alternateur qui a rendu l'âme, mais comme autour du chantier nous disposions de toutes les compétences techniques des artisans locaux nous avons réussi à tout remettre en état, même si ce fût un peu plus long que prévu. Et en plus nous avons rencontré plein de gens charmants, qui eux aussi remettaient leur bateau en état soit avant la saison de charter qui va bientôt commencer soit en voyage comme nous, toujours prêts à donner un coup de main ou le bon conseil qui facilite les choses.
Et 11 heure après l'arrivée de Loic Peyron nous remettions Spip à l'eau. Reste à faire les formalités de douane et un plein en produits détaxés avant de lever l'ancre demain matin : cap au nord sur l'île de Granada.
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