Sur l'île de Robinson Crusoé
Jeudi 22 mai, 17h30, grand voile sous deux ris, nous envoyons les 2/3 du génois : il nous a fallu 5h pour descendre le fleuve et le long chenal qui sinue entre les bancs de sable avant de trouver enfin des profondeurs d'une dizaine de mètres. L'eau est encore limoneuse mais un bon vent d'est-nord-est nous laisse envisager une remontée rapide vers Tobago. En effet, Spip avance à plus de 7 nœuds de moyenne pendant la nuit mais le lendemain le vent faiblit en matinée et nous nous retrouvons sous un soleil de plomb. Quelques grains font monter le vent jusqu'à 25 nœuds mais au début de la nuit, c'est la pétole : petit bord diesel. Le vent revient un peu avant minuit ; ciel couvert et pas de lune, nous naviguons dans un noir profond et, loin de la route des cargos, dans une solitude absolue. Le lendemain, vent établi à 15 nœuds, soleil : journée et nuit cool. Dimanche à l'aube, le ciel est tout gris ; une forte pluie s'abat bientôt sur le pont obligeant le capitaine à ressortir son ciré. La visibilité devient nulle et nous avons tout juste le temps de réduire le génois que le vent atteint puis dépasse les 30 nœuds, heureusement toujours portant. À moins de 20 milles de Tobago, nous n'apercevons pas les hauteurs de l'île. Lorsque le soleil fait son apparition en fin de matinée nous sommes juste au large des îlots qui débordent la pointe nord de l'île : des centaines d'oiseaux, frégates et fous, sont en pêche ! Un peu après 13h, nous jetons l'ancre devant Charlotteville.
Nous voilà dans les Caraïbes, au sud des Petites Antilles, de retour à Tobago où nous étions déjà venu pour quelques jours en 2000 lorsque, avec des copains, nous avions loué un catamaran en Martinique. D. Defoe, l'auteur de Robinson Crusoé, se serait inspiré de Tobago pour écrire son roman.
Charloteville est une petite bourgade, centre administratif de la partie nord de l'île, où nous pouvons faire nos démarches d'entrée dans le pays. De nombreuses barques de pêche sont mouillées devant une belle, plage bordée de cocotiers et de manguiers : il suffit de se baisser pour ramasser des mangues ! De petites maisons, souvent pimpantes et aux jardins colorés, bordent les quelques rues et abritent de petits commerces. Lorsqu'une barque de retour de pêche débarque ses prises, c'est en soufflant dans une conque qu'un des matelots avertit qu'il y a du poisson à acheter. Cette partie de l'île est la plus sauvage : petites montagnes (genre Morvan) couvertes de forêt, notamment de bambous ; elle abrite quantité de lézards, d'iguanes et d'oiseaux (plus de 220 espèces paraît-il). De petites ballades sont l'occasion d'apprécier ces espaces encore assez sauvages et d'apercevoir les curieux et rares nids suspendus des oropendolas.
Un taxi collectif à l'aller et un bus au retour, nous permettent d'aller faire un tour à Scarborough, la ville principale, en empruntant la route qui traverse l'île avec des pentes à plus de 25% puis longe la côte au vent en traversant les petits villages qui se nichent au creux de chaque baie. Près de 15 ans après, la ville a bien changé : moins de rasta et plus de voitures... Si le marché est resté aussi vivant, le port est toujours aussi peu hospitalier et nous ne regrettons pas de ne pas y être revenu avec Spip.
Un matin, un pêcheur vient me demander si je peux l'accompagner pour relever ses casiers. Je l'aide à remonter et ré-appâter cinq grands casiers métalliques en admirant sa technique d'utilisation de la houle pour réduire nos efforts et en savourant ses encouragements : « Take your time ! ». Nous revenons trois heures plus tard avec quelques poissons et, surtout, une demi douzaines de belles langoustes. Le soir, nous nous régalerons de l'une d'elles.
Quelques sorties de pêche sous-marine sont l'occasion de varier un peu les menus mais les poissons de récifs coraliens sont certes très colorés, mais pas fameux. Peu importe : masque et tuba permettent surtout de profiter de l'eau claire et des fonds de coraux peuplés de petits poissons multicolores avec parfois de surprenantes rencontres telles qu'un banc de calamars, une grosse murène verte qui défend son trou ou une tortue à la recherche d'une plage pour pondre.
Le 10 juin,nous quittons Charlotteville et ses pélicans pour aller mouiller 10 milles plus au sud devant le petit village de pêcheurs de Castara Bay. Au bord de la plage, quelques restaurants, plusieurs bars, de jolies maisons en bois abritant des chambres d'hôtes : le tourisme fait vivre la petite communauté qui vit ici. Pour l'heure, nous sommes en saison des pluies et il n'y a pas grand monde.
Dans ce décor de carte postale, comment se lasser du regard étonné d'un gecko curieux, des longs vols planés des majestueuses frégates, des plongeons un peu lourdauds des pélicans poursuivis par les mouettes qui leur disputent leurs proies ou du ballet de quelques raies le long de la plage où nous échouons notre annexe , tandis que des pêcheurs tirent leur filet sur le rivage rapportant la friture qui leur servira d'appât pour pêcher au vif les dorades coryphènes ?
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Le jeu
Bien sûr, sur cette photo, vous auriez tous reconnus l'arbre du voyageur...
Comme vous reconnaissez tous un champ de course sur celle là :
Mais qui saura dire quels animaux fait on courir sur cette belle piste gazonnée ?
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