Cap sur le Cap-Vert

Posté par : Gérard
09 August 2013 à 18h
Last updated 20 November 2014 à 09h
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17h55, vendredi 26 juillet : nous larguons les amarres. 830 milles nous séparent du Cap Vert par la route la plus courte. Mais l'étude des prévisions météo nous a conduit à rallonger sensiblement notre route. Une dépression se creuse entre les Canaries et le Cap Vert et des vents de plus de 40 nœuds sont prévus d'ici trois ou quatre jours si nous naviguons au plus court. Nous choisissons donc de faire route plus à l'ouest au départ pour nous éloigner du centre de la dépression, et donc des zones de vent forts, avant de piquer vers le sud pour rallier l'archipel. Une estimation raisonnable de notre vitesse probable nous fait envisager sept jours de mer pour parcourir ces 910 milles.

 P1020872.JPGUn petit vent d'ouest à nord-ouest nous accompagne au départ mais il tombe complètement dans la nuit. 24h de moteur sur une mer d´huile : nous apercevons de nombreuses tortues de mer plus ou moins grosses ; je me baigner par plus de 3500m de fonds ; Katia voit la ligne de la canne à pêche emportée par « un très, très gros poisson » avant d'avoir eu le temps de me réveiller. Le vent revient par le nord-nord-est ; le ciel se couvre peu à peu mais dix heures plus tard nous remettons le moteur pour 14h d'accalmie. Un cargo en route pour le Brésil nous double lorsque le vent revient enfin, et s'établit au nord-est force 3. P1020885.JPGComme il est prévu qu´il se renforce, nous affalons la grand voile et tangonons le génois : les manœuvres de voile à venir seront plus faciles et la vitesse du bateau n'en souffre pas. Lundi 29 au soir nous prenons encore notre dîner sur le pont mais sous un ciel qui laisse présager un prochain renforcement, ce que confirme les fichiers météo que nous téléchargeons via notre téléphone satellite. Le lendemain, plus question de dîner en terrasse : la nappe s'envolerait ! Nous avons pu empanner pour prendre un cap plus sud juste avant que le vent monte jusqu'à atteindre force 6 à 7. Nous réduisons le génois, en prévision des 48 h à venir. La mer devient grosse et la hauteur de la houle s'amplifie : elle atteindra 3 à 4m.P1020882.JPGLe vent étant revenu un peu plus nord en même temps qu'il forcissait, la bateau roule pas mal, rendant la vie à bord plutôt inconfortable même si nous arrivons à cuisiner (surtout Katia) et à dormir (surtout moi). Mais le pilote tient bon la barre et nous permet de passer une bonne partie de nos quarts, trois heures chacun, à l'intérieur : la veille consiste à surveiller que le vent ne force pas plus, qu'un bateau n'est pas dans les parages immédiats, que le pilote ne dévie pas de la route, bref ; que tout va bien pendant que l'autre dort. Les cargos – nous en avons aperçu à peu près un par jour – sont équipés du P1020891.JPGsystème AIS. Nous les voyons sur notre écran de PC et ils nous voient sur leurs propres écrans, sans compter leur radar. Mais tous les voiliers et les bateaux de pêche ne sont pas encore équipés et un cargo peut avoir son système en panne : la veille visuelle reste donc nécessaire à notre sécurité même si la mer est le plus souvent déserte et que seul le bruit du vent et des vagues nous accompagne. La lune en phase descendante n'est là qu'en seconde partie de nuit et quand les nuages ne la cachent pas : les nuits sontP1020876.JPG noires et les poissons volants s'écrasent sur le pont en tentant de fuir notre sillage. Certains matins on en a trouvé plus d'une demi-douzaine, hélas trop petits pour être cuisinés... Il y en a même un qui a failli m'atterrir sur la figure pendant que je somnolais, allongé dans le cockpit !!! Jeudi 1er août, le vent commence à baisser tout comme le plafond nuageux : on a plutôt l'impression d'approcher de Ouessant que du Cap Vert ! D'ailleurs, dans la journée, une courte petite bruine confirmerait cette impression si la température ne se chargeait de la démentir en ne descendant plus sous les 30 degrés à l'intérieur du bateau. À force de faiblir le vent nous contraint à une dernière nuit au moteur avant de distinguer, à 10h37 le 2 août, à moins de 5 milles sous le vent, la côte de l'île de São Antao. Quatre heures et demie plus tard nous sommes amarrés au ponton de la marina de Mindelo sur l'île de São Vicente. Nous voilà au Cap Vert !

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