Nouveau continent
Mardi 7 mai 10h55 : moteur ! Nous repartons enfin avec un pilote réparé à... Naples ! Il faut savoir que Raymarine n´a quasiment pas de service après-vente et encore moins en Espagne : on nous a affirmé qu´il n´y avait, à Barcelone, qu´un technicien pour toute l´Espagne... Nous avons perdu beaucoup de temps mais évité une grosse dépense. Nous décidons de mettre le cap direct sur Gibraltar, soit au moins trois jours de mer vue les prévisions météo.
Nous sommes au moteur, grand voile haute, depuis près de trois heures, lorsque soudain je crois voir comme un jet à environ un mille de Spip. Nous sortons les jumelles et Katia s´écrie : « des baleines! ». Notre route nous rapproche et nous avons droit au spectacle grandiose de deux rorquals à museau pointu qui sondent et refont surface périodiquement. Nous n´en croyonspas nos yeux : ces cétacés peuvent mesurer jusqu´à 10m de long. Pour nous convaincre, comme dans les films de Cousteau, l´un d´eux nous gratifie même d´une superbe plongé queue en l´air ! Puis ils remontent comme pour nous saluer et disparaissent. Ébahis, nous n´avons même pas essayer de faire des photos. Nous poursuivons notre route sous voile : le vent s´est établi au sud-ouest, force 2. Il monte lentement au cours de l´après-midi. Comme il approche de force 5, nous prenons un ris à la tombée du jour pour ne pas avoir à le faire pendant la nuit et prenons nos quart. Le bateau marche bien mais nous devons tirer des bords sous un ciel sans lune et donc plein d´étoiles. Un autre spectacle m´attend au petit matin.
Il est 5h45. Dans le ciel les étoiles ont commencé à pâlir et là-bas, vers l´est, la nuit s´éclaircit. L´horizon a déjà ce rose bleuté de l´aube lorsque une petite trace blanche attire mon attention. Elle ressemble à celles que les avions laissent parfois dans leur sillage. Mais bizarrement, elle semble s´élever au-dessus de la ligne d´horizon. Un coup de jumelle : c´est la nouvelle lune qui, comme une jeune fille espérant cacher sa fugue nocturne, s´enfuit au petit matin avant le réveil de son amant. Petit à petit ce tout premier très fin croissant de lune montante s´élève dans le ciel devenu orangé. Lorsque des couleurs de braise précède de peu le lever du soleil, la belle vient de disparaître dans un le premier coin d´azur de cette nouvelle journée...
Le vent a molli et c´est avec toute voile dehors que nous poursuivons notre route. Le 8 mai 2013, à 17h55, nous passons à l´ouest : Spip franchit sans hésitation le méridien de Greenwich. Mais le vent renacle et cette nuit nous entendrons plus souvent le bruit du moteur que le léger sifflement du vent dans nos haubans. Il en est de même le lendemain ; on se console avec les visites des dauphins communs à bec court qui viennent jouer à la proue du bateau. Ils sont si près qu´on pourrait presque les touchers ! Vers 17h le vent monte : 3, 4 puis 5 ; on prend un ris puis quelques tours de foc pour diminuer la gîte et préserver le matériel. Trois heure après, c´est fini et il faut remettre le moteur. Une mer assez grosse, de brusques sautes de vent et la perspective de devoir tirer des bords ne nous enchantent guère. La côte est toute proche, nous décidons d´aller tranquillement dormir quelques heures dans l´anse Cabezo del Negro.
Vers 3h du matin nous relevons l´ancre et doublons deux heures après le Cabo del Gata : nous quittons la Méditerranée pour entrer dans la Mer d´Alboran. Au moment de prendre son quart, Katia me rappelle : « viens voir, on voit la neige ! ».
Les premiers rayons du soleil éclaire au loin les sommets encore enneigés de la Sierra Nevada qui domine Grenade. Comme nous n´arriverons pas à Gibraltar avant dimanche, nous faisons halte à Almerimar pour faire quelques courses et en repartons samedi matin sur une mer qui ressemble a un miroir (un peu sale) et sous un ciel assez couvert mais qui ne nous empêche pas dene porter que short et tee-shirt ! Le vent doit se lever en fin de matinée et souffler enfin de secteur est ce qui nous permettra de faire route directe au portant. La grenouille de la météo était un peu optimiste : c´est encore au moteur que nous faisons une grande partie de la route vers Gibraltar.
Dernier spectacle de cette traversée : le show nocturne d´une bande de dauphins. Par ces nuits noires faute de lune, au passage de Spip, le plancton agité provoque un phénomène mal connu des terriens : vague d´étrave et sillage deviennent phosphorescents. Alors imaginez le ballet des dauphins qu´on aperçoit à peine mais qui laissent dans la mer de grandes traces lumineuses : lors qu´ils sont sous l´étrave, leur corps est auréolé de cette luminescence et leurs sauts provoquent des gerbes lumineuses : féerique !
Nous retrouvons dans la brume la route des cargos -certains font près de 300m de long- un peu se devant Gibraltar que nous atteignons en fin de matinée. Le célèbre rocher se découvre dans la brume alors qu´un gros poisson lune paresse en surface tandis qu´au loin un sous-marin s´apprête à rejoindre les profondeurs.
Une brève pause dans la marina de la Linéa nous permet de refaire le plein de vivres et de profiter du régime détaxé de Gibraltar pour faire quelques achats et nous reprenons la mer mardi matin, un peu avant 4 heure, destination : Rabat.
Nous traversons le rail de séparation du trafic des cargos de bon matin avant de longer le continent africain ; la météo semble encore une fois nous en vouloir... Le vent prévu d´ouest-nord-ouest force 3 s´avère plutôt ouest-sud-ouest force 4 à 5 : donc au lieu d´être au portant tranquille, on est au près bien agité ! Et mercredi matin nous ne sommes pas mécontent, après cette traversée tumultueuse, de pointer notre étrave devant les digues du port de Rabat un peu plus tôt que prévu. Mais une mauvaise surprise nous attend : le port est fermé ! La houle de secteur ouest qui s´est levée avec le vent rend l´entrée du port dangereuse à cause des vagues qui déferlent et pourraient donc mettre Spip en fâcheuse posture. Sur les conseils des autorités portuaires, nous mettons le cap sur Mohammedia, 30 milles plus au sud, que nous rallions en fin de journée. Enfin, nous nous amarrons à un ponton marocain...
Et la pluie vient arroser l´évènement : nous avons changé de continent !!!
LE JEU
Ces boulettes vous ont laissés sans voix... Que deux réponses ! Et c´est Domi qui le premier a reconnu des fibres de Posidonie formées en « balles » par les vagues et qui sont appelées aegagropile sur les côtes méditerranéennes françaises.
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