Après avoir passé une journée à Porto Colum, un joli village presque trop calme en cette période de l´année, nous décidons d´un départ matinal. 7h du matin, grand voile haute mais au moteur faute de vent, nous commençons la journée avec le lever du soleil. Un peu avant 10h, le génois remplace le moteur et nous longeons la pointe sud-est de Majorque jusqu´au Cap Salinas. À notre grand étonnement, ce cap est exempt de toute construction, avec un côté sauvage subtilement entretenu. Nous apprendrons plus tard que c´est une vaste propriété privée, domaine d´une riche et ancienne famille de banquiers majorquais...

Nous voilà sur la côte sud de Majorque et ne tardons pas prendre un corps-mort devant une petite plage dans l´est de Colonia San Jordi. Nous profitons d´un soleil généreux pour déguster en terrasse le fameux ali-oli (sorte d´ailloli) servi avec du pain et des olives que nous accompagnons d´un verre de vin blanc local. Renseignements pris auprès de la gentille - et francophone - hôtesse de l´office du tourisme qui pour une fois n´est pas fermé ( la saison aurait-elle commencée ?), nous convenons d´éviter les marinas aux prix exorbitants de Palma. L´approvisionnement fait pour le week-end, ayant pris goût aux départs matinaux, nous tirons quelques bords dans une légère brise pour traverser la baie de Palma et aller jeter l´ancre dans la magnifique cala Portals, au nord du cap de cala Figuera qui ferme cette baie à l´ouest. La partie nord de l´anse abrite derrière une jetée un tout petit port peu profond et quelques immeubles. Mais la partie sud est restée sauvage et nous apprécions le calme et les eaux transparentes de ce beau mouillage abrité de quasiment tous les vents, bordés au sud de petites falaises caverneuses et au nord de curieuses concrétions calcaires.

Le lendemain il ne nous faudra que quelques heures pour rejoindre le port d´Andratx qui occupe un site privilégié au fond d´une petite baie naturellement bien protégée, dernière étape sous voile pour nos deux passagères. Nous pendillons dans la partie ancienne du port, non loin des quelques bateaux de pêche et des quais assez animés en ce début de semaine sainte et où on entend plus souvent parler allemand que catalan ou majorquin... Certains restaurants n´affichent leur carte que dans la langue d´outre Rhin !
C´est en bus que nous nous rendons à Palma pour une visite ensoleillée. Palma abrite la moitié des 800000 habitants de Majorque (à multiplier sûrement par 3ou 4 en période estivale...).
Nous commençons par l´imposante cathédrale, qui n´est plus au bord de la mer depuis la construction d´une voie rapide mais reste la deuxième plus grande d´Espagne après Séville. L´intérieur, extrêmement lumineux, est assez surprenant : Notamment ses trois absides : l´une est de style baroque du XVIIe, celle du centre a été complètement réorganisé au début du XXe siècle par le célèbre architecte catalan Antonio Gaudi et la troisième est un ensemble de céramiques, de sculptures et de vitraux achevé en 2006 par Miquel Barcló, un artiste majorquais contemporain.

Nous déambulons longuement dans les vieilles rues des quartiers avoisinants : surpris ici par une demeure ancienne dont la porte donne sur un beau patio ; étonnés plus loin par ces immeubles manifestement inspirés de Gaudi ; charmés par ces petites places et ces ruelles en escalier ; brusquement dépaysés dans ces vestiges de bains arabes et leur petit jardin que les premières fleurs d´orangers embaument déjà...

Dans une petite rue piétonne, juste en face d´un magasin Desigual, nous entrons presque par hasard dans un magnifique petit musée d´art contemporain ouvert gratuitement au public. C´est un « cadeau » de notre riche banquier de Cabo Salinas et nous y découvrons ce surprenant portrait :

Plus loin, sur la Plazza Major, nous faisons cet étrange rencontre avec un saltimbanque moderne...

Avant notre retour, une porte de parking inopinément ouverte nous permet d´aller voir de près quelques uns des luxueux bateaux de plaisance accostés dans une des marinas de Palma (par exemple le Lady Moura, plus de 100m de long !!!) d´où nous aurons un peu de mal à ressortir : la porte s´étant tout aussi inopinément ... refermée !

Mercredi, après une courte visite toujours en bus au village d´Andratx, à quelques kilomètres du port, et avant que nos hôtes ne préparent leurs bagages pour prendre le lendemain à 6h30 le taxi qui les emmènera à l´aéroport de Palma, direction Nantes, un petit tour à la criée locale et nous régalons de petites gambas et de rougets tout juste débarqués du chalutier et merveilleusement cuisinés par la capitaine en second !

Aujourd´hui vendredi saint, donc jour férié en Espagne (comme le jeudi saint, le dimanche et le lundi de Pâques), mais les bus marchent normalement et les musées sont ouverts. Nous en avons profité pour retourner à Palma visiter la fondation Mirò ouverte il y a vingt ans là où il vécut et travailla  près de trente ans jusqu´à sa mort en 1983. La visite de son atelier a évidemment quelque chose d´assez émouvant mais nous avons été déçu par le nombre restreint d´oeuvres presentées. Le musée qui lui est consacré à Barcelone est bien plus riche et donc plus intéressant.

Demain dernier préparatifs et repos avant un départ matinal dimanche pour une bonne journée de mer à destination d´Ibiza.

Le jeu (pascal évidemment)

On va voir ceux qui n´ont pas tout oublié de leur catéchisme : que manque-t-il à ce beau Christ en ivoire de la salle capitulaire de la cathédrale de Palma ?