Algérie, une expérience

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Algérie, une expérience
sujet n°115573

Le[k1]  plus important si vous voulez naviguer en Algérie, c’est de s’armer de patience et accepter des contradictions évidentes ; l’uniforme a toujours donné du pouvoir à celui qui le porte qui de plus a toujours raison! pendant les 7 jours généreusement accordé pour un prix voisin de 90 € par le consulat!

Ce visa vous permettra d’aller à terre sans problème. Si pas de visa, obligation de rester à bord où d’aller à terre accompagné d’un policier juste pour faire un minimum de ravitaillement (pas autorisé partout et dépendant de la volonté du haut gradé !)

Les autorités qui viennent à bord sont nombreuses, variées et différentes suivant les ports ; douanes maritimes et terrestres, polices maritime, police portuaire, polices des frontières, autorités portuaires et surtout la marine qui a TOUS les droits ; elle arrive généralement en un groupe de 4/5 personnes et inspectent tout ; de l’extincteur à la boîte de fusées, de la cambuse au moteur et quand ils « tombent » sur des cartouche de cigarettes américaines ou des bouteilles de vins….On s’est fait « emprunté »  avec le sourire , lampe torche à led, casquette, fruits, fusées (mais revenues rapidement car étant largement périmées, on leur a dit qu’elles pouvaient exploser sans prévenir !). Dans pratiquement chaque port on a été amené à donner quelque chose mais jamais d’argent en expliquant que, n’ayant besoin de rien ici, nous avions seulement que des  dirhams marocains (non convertibles) et aucun dinar algérien ni tunisien !

Pour le change en Algérie, tirer une fois à la CB (pas possible partout) une petite somme, garder surtout le ticket, et changer  au noir avec un bonus de 30% env !

 

A Mostaganem, une lieutenant à même été jusqu’à compter les médicaments……L’un de ses subalternes, qui avait « emprunté » deux bouteilles, a du se faire remonter les bretelles quand, avant de quitter le port, on devait obligatoirement passer devant la marine (comme partout), on a fait demander à la lieutenant si elle avait apprécié le Bordeaux qu’on lui avait offert par l’intermédiaire du matelot !!!!

L’Algérie n’a que 2 « ports de plaisance », à Oran où autorités et personnel de la marina sont d’une grande amabilité, très serviables, c’est la seule fois où on a pu faire les démarches d’entrée en moins d’une heure et débarquer la moto sans difficulté. Partout ailleurs, vu la paperasserie, on a abandonné pour la moto! En plus les taxis sont très peu chers.

L’autre marina est près d’Alger, à Sidi Fredj, mais elle ensablée en permanence et l’accès est pour un t.e de 1 à 1,5m.

Il reste donc les ports de commerce et de pêche ; ces derniers sont chaleureux et l’entente avec les pêcheurs est très bonne. C’est aussi plus facile pour faire de l’eau et du gazole.

A 12 cts le litre, c’est un super endroit pour faire le plein : théoriquement, on ne peut obtenir plus de 400 l à la fois alors on rajoute de petites quantités à la fois 200 à 250l (on est parti d’Algérie avec 500 l en réservoirs + 200 l en jerricans sur le pont + 80 l d’essence pour le HB et la moto !

Il est normalement interdit d’aller dans les mouillages (peu nombreux) mais nous avons réussi, étant fatigué a en trouver un le soir mais sommes partis  tôt le lendemain matin.

Votre progression est régulièrement suivie par les nombreux radars et sémaphores le long de la côte lesquels vous abordent souvent à la VHF (C.16 à allumer en navigation)

Un soir, avant la nuit, on décide de s’arrêter dans un port après avoir passé la journée au près serré avec 25 nds de vent. Petit de port de pêche très sympa où l’on est très bien accueilli en nous disant qu’ici, pas d’autorités ! Un pêcheur nous offre des poulpes et du poisson etc….on boit un coup avec d’autres qui prenaient pleins de selfies etc… aucun voilier n’était jamais venu ici !

Vers 21h arrivent deux Zodiacs pleins….d’uniformes ! Après vérifications des papiers le lieutenant de marine m’indique que je ne peux rester ici car le port n’est pas « sécurisé » !!!.Je dois aller à Delly à plus de 30M !  Je refuse de partir car le vent avait forci et lui indique que je ne peux reprendre la mer dans ces conditions au risque d’avoir une avarie et qu’il en assurerait la responsabilité.

Vers minuit, il nous quitte non sans avoir réquisitionné deux flics pour garder le bateau ! Le vent étant tombé on est reparti le surlendemain matin après avoir été en ville avec un des flics pour quelques appros.

Tous ces gents en uniformes ont très peu de boulot, notamment les subalternes , ils jouent à longueur de journée avec leur portable, ont une formation réduite et une mauvaise connaissance des lois, surtout internationales :

Par exemple, le bateau étant sous pavillon USA, je ne pouvais mettre mon pavillon français à bâbord ! Seuls les pavillons du bateau et celui de courtoisie étaient autorisés à être portés en permanence jour et nuit (alors que dans les ports de commerce, très peu de cargos ont leur pavillon à l’arrière !)

Alors pour éviter (surtout les jeunes)  de se faire réprimander par un  supérieur aussi nul qu’incompétent,  ils demandent des copies de tout : papier du bateau, assurance, passeport, papier du HB, (et pour nous en plus, papier de la moto avec assurance !!!), copie du certificat de téléphoniste etc…. Chaque administration demande quasiment les mêmes choses ! J’avais pris la précaution de faires une trentaines de photocopies de chaque documents, en quittant le pays il n’ en restaient que 2 ! Faire des photocopies fait gagner un temps fou car, n’ayant pas de photocopieuse dans leur cabane en bois, un sous fifre doit aller en ville….2 h minimum et de jour !.

Reste à remplir enfin leurs formulaires spéciaux avec nom du      bateau…équipage…provenance etc….le tout en 2ou 3 exemplaires originaux.

Naviguer en Algérie est une expérience, qui demande de la patience et qui montre la démesure d’une administration kafkaienne , ubuesque et d’une autre époque.

L’avantage est que tout est fait et dit avec le sourire même devant un mensonge ou une contradiction flagrante : Vous êtes les bienvenus, on est là pour vous aider etc…

Il est vrai que l’on a toujours été très bien accueillis par les gens, quelque soit l’endroit, ils étaient curieux de nous voir ainsi et cherchait le dialogue.

Mon équipier tunisien m’a beaucoup servi aussi dans les discutions ou pour résoudre un problème administratif comme le fait de ne pas avoir un tampon avec le nom du bateau comme au commerce.

L’Algérie, contrairement à ses deux voisins ne recherche pas le tourisme (alors que la côte est belle avec de grandes plages comme l’arrière pays est aussi  beau), les gens n’ ont aucune notion du tourisme (sauf dans de grandes villes mais tourisme d’affaires),  elle compte sur  ses ressources naturelles pour vivre, mais combien de temps ??? En plus, la jeunesse est en forte majorité, très au fait de la modernité (internet etc…) et va certainement demander un peu plus de liberté….l’emploi sécurisé de fonctionnaire tend à se raréfier avec la conjoncture et il faudra bien occuper ces milliers de jeunes….

Kpicris

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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réponse n°268641

Bonjour,

Merci pour ce retour d'expérience sur l'Algérie, cela nous rassure dans notre choix de destination. En effet, nous venons de descendre notre bateau à Almérimar et nous allons partir pour une croisière de 6 mois en famille. La première étape, Oran où nous aimerions que nos enfants partagent un peu de temps  avec d'autres enfants dans une école.  Après nous souhaitons remonter sur les Baléares, puis   Nord Sardaigne, Rome, Naples, Sud de l'Italie avant de rentrer  en Mer Egée par  Corinthe. Je suis preneur d'infos si une de ces destinations vous parle. Enfin nous sommes à la recherche d'un port en Grèce au Turquie pour laisser notre bateau.

@ très vite, Stéphan

www.stelie4.com

 

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réponse n°268658

Pour Oran, la "marina", bien que très sympa et acceuillante, est située assez loin  de la ville et d'une école (et des commerces). Ensuite il y a le pb du visa valable 7 jours pour  l'équipage.

Mais Oran a un statut un peu à part. Il faut voir avec le club et les autorités (très cool) en expliquant bien vos intentions.

En arrivant dans le port, faire sa déclaration d'entrée  au poste de la marine à mi-chemin du môle S (petite cahute en bois!)  .  En suite gagner le club tout au fond du port.

PS: ne pas oublier le pavillon algérien à tribord dans les barres de flêches.

Bon séjour dans cette ville acceuillante au style désuet charmant.

Kpicris

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réponse n°268681

Merci pour cette réponse rapide et bon vent

 

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