Transat 2010 : St Martin - Les Açores - Saïdia

Transat 2010 : St Martin - Les Açores - Saïdia

Posté par : Alain
06 Août 2010 à 00h
Dernière mise à jour 22 Novembre 2014 à 12h
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Le Voilier :

Importante modification depuis la transat 2009 : 2 panneaux solaires de 135 w chacun ont été rajoutés, ce qui devrait résoudre le problème de charge batterie, donc le groupe froid marchera en permanence et utilisation du pilote plus fréquemment.

L'équipage:

Au départ, je souhaitais réaliser cette transat en double, les équipiers potentiels ne pouvant se libérer. Je m'orientais pour une traversée en solitaire. Devant les craintes de ma famille j'ai opté pour solution mitigée. J'ai mis une offre d'embarquement sur STW. J'ai reçu plusieurs demandes, certaines plus ou moins sérieuses, dont une très douteuse, je n'en parlerai pas plus. Mais l'une d'elle m'a attiré une attention particulière. Après échange de plusieurs mail, une jeune fille me transmet par mail l'annonce quelle avait mise sur STW. Voici le texte intégral :

"Des idées plein la tête, les jambes qui fourmillent à l’idée de naviguer vers des terres inconnues et une soif incroyable d'apprendre, de voir, et surtout de vivre...

C'est ainsi, le coeur battant, que nous entamons notre vingtaine.

Mahée, infirmière au grand rêve de développer des soins de santé aux valeurs humaines. Florence, étudiante en art et en anthropologie avec l'idéal d'apprendre d'autrui et de mettre sur pied une école alternative basée sur les arts et l'écologie.

Profiter du moment présent, être là à chaque instant pour partager avec l'autre, mettre nos connaissances à profit pour aider et créer; c'est la philosophie qui nous mènera jusqu'à l’autre rive, jusqu'au nouveau port.

Toutes deux, par le voyage ou lors de pauses sédentaires, un souci n'a fait que grandir, celui de l'impact de notre passade sur les populations rencontrées en chemin et l'emprunte sur l'environnement des terres sillonnées. Nous tentons donc, jour après jour de rendre notre envolée plus bénéfique que néfaste.

Nous entamons donc une nouvelle page vers ce sage apprentissage, par la traversée de l'océan atlantique par la force du vent, la grandeur du large et la beauté de la mer…

Pourquoi la voie maritime? D’abord pour réduire notre impact écologique lors de notre passage puis surtout pour abreuver notre soif infinie d’apprendre!

Nous détenons peu d’expérience à bord mais nous croyons que notre motivation sans fin, notre débrouillardise, notre aptitude a apprendre rapidement, notre passion pour la cuisine, nos expériences antérieures de voyage {maîtrise du français, de l’anglais et de l’espagnol} et de travail {veille de Nuit}, sur plante ce manque."

Voilà après plusieurs lectures de ce texte, d'échange de mail entre Florence et moi, mon choix c'est porté sur ces deux jeunes Québécoises de 23 ans et puis leurs profils correspondaient beaucoup à celui d'Amandine, équipière de la transat 2009 . Pour moi c'était un compromis entre la solo et l'équipage. Le seul risque que je prenais, c'est de voir deux filles malades à crever dans les cabines, donc je m'étais préparé à cette éventualité et dans ce cas là un débarquement aux Açores était envisageable ! 

Le capitaine

Alain, puisque c'est son voilier, après un mois et demi en France est revenu à St Martin début mai pour préparer cette transat retour et profiter encore un peu des Antilles. Durant l'hiver a soigné sa sciatique et en prévision de la transat a reçu 2 infiltrations. Donc à la grande forme maintenant.

 

Dimanche 23 mai

Accueil des équipières à l'aéroport et embarquement sur Frankiz.  Il fait très chaud, nous sommes dans les Caraïbes et en mai. Cette journée sera consacrée à l'acclimatation de ces deux jeunes québécoises qui visiblement ne sont pas habituées à un tel climat. Première présentation du voilier, ses équipements, la sécurité et la vie à bord.  Normalement nous aurions du réaliser une sortie en mer aujourd'hui, mais ces jeunes filles ont raté l'avion devant arrivée la veille, par la faute de …… et puis non je n'en parlerai pas, contentes Mahé et Florence ! Ben si j'ai bien lu le motif sur le cahier du bord, vous savez celui que l'on tenait lors de la transat 2009. Enfin, l'arrivée tardive n'est pas non plus le seul motif si Frankiz est resté au ponton. La pose des panneaux solaires n'est pas encore terminée, l'artisan réalisant le travail était drôlement en retard et moi, capitaine, je pestais, grognais et râlais beaucoup.

 

Lundi 24 mai

Toujours la pose des panneaux et le soir venu, travail non terminé. Pas de commentaires !!!

De toute façon, j'avais réservé ce jour là pour terminer l'avitaillement avec mes équipières. Pas simple pour deux jeunes filles. Je note un passage du cahier écrit par Mahé "Les courses, les courses, les courses… Tout ce que l'on peut bouffer en 3 semaines ! Et difficile de voir toute cette abondance quant on revient d'Amérique latine … dire que la majorité de la planète se meure de faim… N'oublions pas d'apprécier." Bon les filles, nous allons partir pour 2 à 3 semaines, nous allons être dans un milieu difficile et pouvant être agressif, pour rester en forme, il faut bien manger et équilibrer. Il faudra boire aussi, pour cela j'ai déjà embarqué une centaine de bouteilles d'eau minérale. Alors l'avitaillement, nous nous sommes basés sur la liste établie lors de la transat 2009 avec un rapport de ¾. Beaucoup de frais, vu que nous allons avoir du froid tout le temps et aussi beaucoup de fruit et légumes, cela ne manque à st martin tant du coté Français (Chez Match et US Import)  que Hollandais (Le Grand Marché).  Ha ! Les filles ont décidé de revoir mon rangement à l'intérieur du voilier, pas de problème, c'est même une bonne décision, au moins vous saurez où toutes les victuailles sont planquées.

Le soir, dernière petite fête au restaurant "Ma TI Beach" situé coté Français à Baie Nettlé, je vous le recommande si vous voulez passer une belle soirée à St Martin. C'était un peu une soirée d'au revoir pour ma famille.

 

Mardi 25 mai

Jour du départ. Ben ce matin c'est les finitions du montage des panneaux. Je prévois de passer le pont de Sandy Ground à 14h30 et d'aller mouiller devant l'île de Tintamarre  à l'est de St Martin cela permettra aux filles de s'amariner un peu.

Mais voilà, nous sommes aller déjeuner en ville, et boire une dernière "Présidente". A notre retour sur Frankiz vers 13H30, les travaux sont finis, mais en rangeant des affaires dans le coffre arrière, nous nous apercevons qu'un renfort posé le matin, nous empêche de l'ouvrir. Une modification est nécessaire, donc se sera le pont de 17h30.

C'est bon, 17h30, nous appareillons. Viennent nous dire au revoir ma famille et pleins d'amis. Dur aussi le passage du pont de Sandy Ground où mon petit Valentin pleurait et hurlait parce que son "Papilain" partait. Je suis beaucoup ému de partir, j'aurai bien voulu rester ici aux Antilles, mais d'une part l'assurance me demandait une somme astronomique et je souhaitais revenir en Méditerranée pour naviguer vers la Grèce et la Turquie. Après cela un retour vers l'ouest sera envisagé.

18h30 : Après les adieux à Marigot, être passé devant les plages de Friar's baie et Anse Heureuse, nous mouillons en baie de Grand case, pas trop prêt du rivage, pour sentir un peu la houle nous bercé, cela permettra aux filles de s'adapter, j'espère. Allez les filles, profitez en, ici l'eau est a + de 30°, un bon bain vous fera du bien, car il faisait encore très chaud. Qu'est ce qu'elle se sont amusées, on aurait dit des petites fille de 10 ans, normal elles ne sont pas habituées à des eaux aussi chaudes au Québec ! Et maintenant profitez bien de la nuit, car demain levé à 5h du mat, bonne nuit les filles.

 

Mercredi 26 mai

Ce matin, lorsque nous avons appareillé, le vent de sud sud-est  était faible sous la côte de l'île et la mer belle. Plus nous avançons vers le nord est, plus le vent forcissait et la mer devenait de plus en plus agitée et formée. Les fichiers GRIB récupérés la veille prévoyait durant 3 jours des vent de sud-est de 15 à 20 nœuds avec une houle de 2 à 3 mètres, les alizés étaient toujours présents.  En regardant un peu sur la zone Bermudes, c'est encore pire, toutes les météos prévoient des coups de vent avec mer énorme, donc pour l'instant route directe sur les Açores. Au largue c'est parfait et en plus Frankiz marche bien, on verra plus tard pour remonter au nord. Par contre l'état de la mer très agitée est venu à bout des estomacs des filles. Florence a beaucoup souffert au début, mais a été très courageuse. Mahé, m'a impressionné, je voyais bien que s'était dur pour elle aussi, mais n'était pas malade et ne l'a jamais été par la suite. Elle a eu le courage d'aligner des mots sur le cahier du bord, dont je vous ferais part plus tard.

Mail envoyé par l'Iridium :

Bonsoir, (ici 19H30)
Nous avons quitté Marigot hier soir à 17h30, après une nuit tranquille au mouillage à Grand Case, nous avons appareillé ce matin de St Martin à 5H45 route sur les Açores. Nous sommes à environ 2000 milles de Flores. Nous faisons route au 45, directe pour l'instant mais cela devrait changer dans les jours à venir.
Alain, Mahée et Florence.
Position : 19°28'9220N, 061°57'1020W

 

Jeudi 27 mai

1er pépin : le gousset de la latte supérieure de la grande voile se déchire et la latte veut se faire la belle. Génois enroulé,  Frankiz bout au vent, ça bouge, j'affale la  GV et je retire la latte, on verra cela plus tard, pour l'instant au largue, c'est pas trop grave. Grande voile haute, route sur les Açores.

Vendredi 28 mai

2ème pépin : Le vent est monté à plus de 35 nœuds,  génois enroulé à 50%, 2 ris dans la grande voile, Frankiz file bon train dans une mer agitée à forte. Alors que je suis de quart dans la matinée, je m'aperçois que la grande voile porte une déchirure dans le haut, cela correspond au niveau du 2ème étage de barre de flèche. Bon pour l'instant vu l'état de la mer, pas possible de réparer. Dans la soirée le vent se calme et la mer devient moins forte, j'en profite de réparer avec du tape car les autres produits de réparation de voiles ne collaient pas sur la toile humide. Je décidais de ne pas en parler dans mes mails, pas la peine d'affoler les terriens.

Mail envoyé par l'Iridium :

Josiane, pour samedi soir envoi moi un fichier "est Antilles". Ici météo de M..... Aujourd'hui beaucoup de grain, le vent est tombé et la mer agitée donc pour être plus stable on avance au moteur.
22°03.5560 N, 058°21.0570 O

 

Samedi 29 mai

3ème pépin : la nuit le vent était tombé à 20 nœuds, dans la matinée Frankiz se lambinait un peu, donc j'enlevais le 2ème ris et mis le génois. En début d'après midi, un bruit sourd et la GV qui se met à battre, la bosse de ris vient d'exploser. Vite le 2ème ris. De toute façon les prévisions météos à venir ne sont pas des meilleurs, un petit coup de vent doit nous tomber dessus dans les prochaines heures. Le Solent est a poste aussi, o, ne sait jamais. Toujours motus et bouche cousu dans mes mails.

Mail envoyé par l'Iridium :

Bonjour à tous
Nous sommes à 1600 milles des Açores, 500 effectués en 3 jours 1/2, bonne moyenne.
Demain je dois normalement goûter aux crêpes Québécoises, mais comme ça va décoiffer cette nuit et demain, on verra (je n'ai pas encore ouvert le fichier météo que j'ai reçu tout à l'heure. A la météo de RFI il annonçait du 7 beaufort, nous avons déjà à 16h locale 25 nds de vent établit. Nous sommes au largue. J'ai pris le 2ème  ris dans la GV, génois enroulé, le
Solent est à poste près à être établit. Nous avançons à 6 nds, cela permet aux filles de s'habituer à la barre dans une mer formée. Il y a 1 heure j'étais à la barre avec la GV 1 ris et génois légèrement enroulé j'allais entre 9 et 10 nds avec quelques départs au lof.
A bord tout va bien, je découvre la cuisine végétarienne de Mahée, très bonne pour mon cholestérol.
Jean Paul, merci pour le message, je vais être aux petits soin avec les filles tout comme j'étais avec Amandine.
A bientôt
Position : 23°45.9620 N, 056°31.3740 W
Alain, Mahée et Florence

Dimanche 30 mai

Cela fait 5 jours, 650 milles de parcourue, je sens bien que les filles commencent à fatiguer, elles se nourrissent peu. Florence est allongée dans sa cabine, elle est malle  en point, mais ne bronche pas malgré tout. Mahée serre les dents, fait le gros dos. Tient superbement ces quarts, j'ai maintenant une grande confiance en elle, je peux me reposer de plus en plus, elle assure. Mahée, trouve même de l'énergie pour écrire beaucoup dans le cahier. Voici quelques uns de ces passages, je ne citerais pas tout, car il y en a des pages :

Les 1ères 24h, pas question de descendre dans la cabine qui s'est transformée en enfer depuis la fermeture obligatoire des hublots. Une visite de quelques minutes vous assure un évanouissement imminent !

Le statut de Français de notre capitaine est confirmé. Houle ou pas houle, le fromage et le vin sont au rendez-vous, quand il ne le renverse pas du moins.

Nous tenons à remercier les bons conseils culinaires de notre capitaine : "mangez des bananes, ça goûte bon quand ça ressort ! " ou encore "Mon père me disait : un sac vide ne tient pas debout !  Alors faut manger les filles.

Il fait orage, la mer est fortement agitée et florence ne va pas toujours mieux, j'entame mon 3ème quart de la journée. Les quarts reviennent vite quand on les prend à deux. Je gravit les marches qui mènent au cockpit, enfile mon ciré, mon imperméable et mon gilet gonflable et ce qu'il me reste de courage, chancelante je me rends jusqu'à la barre et je m'assure à l'aide de la sangle sur le pontet fixé au pont. J'ai à peine le temps de m'interroger, qu'une rafale d'eau vient gicler mon visage. Je reprends mes esprits, il faut suivre le cap ! Intérieurement, je salue mon courage teinté d'orgueil et mon habileté hors du commun à me mettre dans des situations meurtrières. Je regarde autour de moi, au mon dieu, on dirait que se referme sur moi. Tout droit ! Regarder droit devant toi et suivre mon cap. Mais ils sont où les dauphins, les couchers du soleil, les douces nuits étoilées !!! J'ai envie de crier "Maman, au secours, j'ai peur".

Etrangement je maintiens la route et je vise juste, j'ai beau être novice, toutes ces heures de navigation m'ont appris beaucoup. Des gestes pour ramener le bateau se sont enregistrés dans mon cerveau. Bref, mes réflexes sont tellement machinaux que j'en ai oublié le temps, c'est le capitaine qui sort sa tête de la cabine pour prendre son quart. Ses yeux au dessous de des creux tirés par la fatigue, me regardent d'un air mi-compatissant, mi-inquiet … Tu tiens le cap ? C'est dur hein. Je lui réponds d'un sourire un peu faux que tout est sous contrôle.

Devant l'état de la mer le capitaine a décidé de passer la nuit sur le pont sous le froid et la pluie. A l'intérieur du bateau on dirait que la coque va se briser en deux. Terrifiée, je me blottie contre Florence? J'ai peur lui dis je, elle me rassure un peu, il est bon notre capitaine (merci Flo). Mon esprit associe difficilement tous les bruits qui retentissent droite et à gauche. J'angoisse, c'en est assez, j'aime mieux voir et affronter la bête que la laisser me mater doucement. J'enfile mes habits et sort rejoindre Alain. La mer est dans tous ces états. Je suis restée sur le pont jusqu'à épuisement total, je retourne dans la cabine.

Au jour, même tableau, je me suis trouvée milles autres occupations que de prendre la barre. Puis j'ai eu pitié de notre pauvre capitaine qui avait peu dormi. Allez hop, on y va, la meilleur façon de vaincre ses peurs, c'est de les affronter, foncer dessus, au près serré. Je suis maintenant armée pour la grande traversée.

Au soir, la mer s'est calmée, le vent est tombé et le soleil a esquissé une sortie, nous offrant la fin de chute dans l'océan…. Nous avons pris notre rosé ce soir là, une récompense bien méritée après ces jours de galère…

 

Lundi 31 mai

Ouf ! Les filles cuisines, la forme revient le moral aussi. Florence est sortie de sa torpeur et commence à barrer.

Mail envoyé par l'Iridium :

Après 3 jours de grisaille complète, pluie, vent et mer formée nous avons retrouvé le soleil, pour combien de temps ? Au moins le temps de sécher nos tenues et le voilier. Beaucoup d'humidité partout. Enfin une bonne chose il fait beaucoup moins chaud depuis 2 jours et la température de la mer a drôlement baissée, j'en ai fait les frais ce matin en me lavant. Sur les derniers fichiers GRIB que j'ai les vents devraient être au nord est, mais voila ils sont au nord ouest. Nous avons pu remettre le frigo en route, car les panneaux solaires sans soleil !!!!! Pas de charge batteries. Ouf une bonne bière fraîche en apéro à midi. Josiane j'aurai besoin de 2 fichiers météo : Est Antilles, Est Bermudes. Heure du bord : 12h (Paris 17h, Québec 12h)
Alain, Mahée et Florence.
Position 26°35.6870 N 054°06.4600 W, Route au 45, bâbord amure.

 

Mardi 1er juin

Mail envoyé par l'Iridium :

J'ai bien reçu hier soir les 2 fichiers, mais c'est un peu le bordel ici avec la météo. Je n'ai pas pu monter comme je le voulais vers le nord à cause de la direction du vent ou coup de vent sur est Bermudes. Nous, nous en sortons très bien pour l'instant sur la route directe en zigzagant  un peu. Nous allons quitter ce soir la zone Est Antilles en même temps que Est Bermudes pour rentrer dans la zone Colorado. Donc peux tu m'envoyer ce soir un fichier de la zone Colorado. Il est 12H40 local, Mahée nous fait des crêpes Québécoises. Lorsque tu m'envoies un fichier préviens moi par message Iridium.

 

Mercredi 2 juin

Mail envoyé par l'Iridium :

Bonjour à toutes et à tous,
Après 7 jours de navigation le vent s'est orienté au nord est, du coup la nuit passée nous avons fait route au nord. Nous, nous dirigeons vers l'entrée du St Laurent. Nos amis Québécois, n'ayez crainte vous ne verrez pas Frankiz dans les prochains jours, d'ici la nous espérons avoir repris une route plus directe sur les Açores avec les vents portant. Depuis quelques heures nous naviguons dans une zone de vent très faible, de l'ordre de 5 nds, donc nous nous traînons difficilement à 2 nds. Enfin aussi depuis 2 jours le soleil tape fort, ce qui nous permet de
laisser le frigo en marche et ainsi d'avoir une bière fraîche et bien sur un verre de rosé bien frais en apéro. .
Ah oui, je deviens végétarien grâce à Mahée et en plus je ne peux plus me passer de sirop d'érable. Danièle, merci pour tous les petits messages, saches que tu es présente
avec nous sur cette transat, chaque jour je raconte aux filles une de tes péripéties (en bien évidemment !!!!) du bord et bien sur elles ont hâte de te connaître.
Josiane demain soir envoies moi une météo de la zone Colorado.
Position du jour : 29°15.9700 N, 052°03.9340 W, ROUTE AU 354 à 2,5 nds
1190 milles des Açores.
Alain pour l'équipage des Frankiziens

 

Jeudi 3 juin

Toujours l'écriture de Mahée sur le cahier, bien sur le me réserve le livre de bord, document officiel. En lisant ces lignes, je pense qu'un jour notre petite écrivain nous sortira un bouquin.

Narration d'un quart de nuit : Même dans les aventures les plus insolites, une certaine routine finit par s'installer. C'est ainsi que j'ai pris l'habitude de prendre le 1er quart de nuit suivi de florence qui cède ensuite sa place au capitaine. J'ai de plein gré étiré mon temps de surveillance à l'extérieur la nuit histoire de laisser mes compatriotes plus longtemps dans les bras de Morphée, bercés par la houle. Les voiles qui battent doucement au vent sont des ailes légères qui me mènent aux pays des milles et une nuits. La brise légère devenue perceptible par le calme de la nuit, vient flatter mon visage….. Ces rêveries effaces toutes notions du temps.

Alain : Voilà j'ai embarqué à bord des poétesses, plutôt des artistes. Je ne peux m'étendre plus sur les récits de Mahée, car  il me faudrait plusieurs pages. Un petit mot sur les quarts : entre les quart à Mahée et Florence certaines nuits elles me laissait entre 6 et 8 heures de repos et je me suis vite habitué, parfois je dormais plus de 6 heures d'affilées ! Il arrivait souvent que ce soit une fille qui me réveillait vers les 3 ou 4 heures du matin. Bien sur je leur rendais largement, en les laissant dormir profondément le matin, sauf lorsque les dauphins venaient nous voir, alors là je les réveillais rapidement.

 

Vendredi 4 juin

Mail envoyé par l'Iridium :

Bonjour,
Ce qui devait arriver est arrivé, nous sommes dans la pétole molle (pas un souffle de vent), la mer ressemble à un miroir. Le soleil tape dur, mais la chaleur est supportable, à l'intérieur du voilier il fait plus frais maintenant. Les grosses chaleurs du départ nous ont pourri les vivres fraîches, il nous reste encore les pommes, oranges, pamplemousses et ananas qui sont consommables. Bon les fichiers météo nous promettent du vent dans les 24 heures, d'ici là pas le choix, nous utilisons la risée Yanmar. C'est quand même bizarre, la mer est tellement grande que les cargos nous croisent très proche, faut dire que la visibilité n'est pas des plus grande malgré la belle luminosité apparente. Un gros cargo de 800 pieds, nous l'apercevons à moins de 5 milles. Maintenant nous laissons en permanence le lecteur de carte en marche, ainsi avec l'AIS nous voyons approcher les gros bateaux. Ce matin nous avons doublé notre 1er voilier depuis 8 jours, ça fait du bien de savoir que nous ne sommes pas seul dans
notre option de nav, mais pour l'instant les conditions météo et de nav ne nous ont pas laissées le choix. Y a longtemps que nous voulions monter vers le nord chercher les vents portant.
Dimanche approche, j'espère que les filles pourront nous faire des crêpes Québécoises comme le veut la tradition. Bientôt nous allons souhaiter un anniversaire à bord et cette personne souhaite de tout son coeur apercevoir des dauphins autour de Frankiz. Ce matin nous avons croisé un troupeau de baleines, assez loin du voilier. Nous apercevions les souffles et rejets d'eau. Josiane pour samedi il nous faudrait les fichiers pour les zones Colorado et Ridge
Alain pour l'équipage des Frankiziens.
Position : 32°16.0180 N, 050°31.2450 W
Route moteur au 50 à 6 nds (et oui, faut pas trop traîner, on nous attend le 18 juin à Horta).


Dimanche 6 juin

Mail envoyé par l'Iridium :

Bonjour à tous,
Pour vous signaler que le téléphone IRIDIUM du bord qui me sert pour la réception et envoie des messages à des signes de fatigues. Donc si vous ne recevez plus de messages durant les prochains jours, ne vous alarmez surtout pas. Pour l'instant je ne peux plus lire les messages IRIDIUM, ne pas hésiter d'envoyer un petit e mail. Il y a encore quelques années les voiliers n'étaient pas équipés de telles techniques et arrivaient simplement à bon port.

Alors les crêpes Québécoises du dimanche étaient succulentes, mais, mais les crêpes Bretonnes !!!!!!!! Vendredi soir à la tombé de la nuit nous avons touché du vent ce qui nous à permis de naviguer à la voile. Ces dernières 24 heures nous ont été favorables, nous avons avalé 140 milles en 24 heures. Les options de nav pour éviter l'anticyclone ne sont pas toujours des plus faciles à prendre. Pour l'instant nous faisons route directe sur Flores aux Açores. Plus haut il y a du vent mais plein ouest et faible. Donc je (Alain) risque la route directe et pour l'instant à la voile.
Josiane pour lundi soir, envoie un fichier GRIB de la zone Ridge Colorado.
Position : 35°13.1280 N, 046°41.8330 W, Route au 65, Flores à 780 milles
Alain

 

Lundi 7 juin

Grand jour : Bonne anniversaire Florence. Nous arrosons cela, champagne (1/2 bouteille) et vin mousseux; bien sur repas amélioré avec en désert un gâteau en chocolat.

 

Mercredi 9 juin

Mail envoyé par l'Iridium :

Bonjour à toutes et à tous,
Voilà nous sommes à 480 milles des Açores, l'île de Flores, avec un ETA entre samedi 12h et dimanche 12h. Nous sommes au sud de la zone météo Ridge ou un avis de coup de vent est en cours, mais nous ne devront pas trop être touché vu que nous sommes à raser un anticyclone. Le vent est du sud, actuellement 12 nouds. Mais parfois il chute à 5 nouds pendant quelques heures et donc la vitesse du bateau se voit drôlement ralentie. La nuit prochaine nous devront avoir un vent d'environ 20 nœuds toujours de sud voir sud est. Donc nous allons progresser directement sur Flores sur une mer belle à peu agitée. Nous avons retrouvé un peu de vie sur l'océan, les dauphins sont apparus en grand nombre ces dernières heures. Quelle joie
ont Mahée et Florence de voir virevolter ces animaux dans l'eau. C'est vrai que depuis plus de 14 jours nous n'avons pratiquement rien vu, seulement un troupeau de baleine et de loin, plus quelques oiseaux un peu perdus. Quant à la pêche, vu les prises, j'ai arrêté depuis quelques jours : rien, pas un poisson, même pas un suicidaire. Sandrine tes appâts ne sont
pas terribles, les bretons marchaient mieux, fait le savoir au commercial de ta boutique.
Position 37°07.3500 N, 041°03.2800 W, Route au 71 vrai. Vitesse moyenne 5 nouds.

Bon à la demande de copains, des ch'ti mi en particulier, je vais vous donner quelques explications sur les termes marins utilisés dans mes mails. 1 mille marin = 1852 mètres
1 noud = 1 mille à l'heure. ETA : en français : Temps d'arrivée estimé. Route : Direction du voilier par rapport au nord (définition rapide) Position : trop compliqué à expliquer, pour les non initiés à la navigation : allez voir sur Google earth.
Météo : Qui écoute trop la météo, reste au dodo.
Voilà mes copains Ch'ti, j'espère que cela vous aidera dans la compréhension de mes mails. Mais j'ai aussi un petit problème. Mon téléphone satellite à des disfonctionnements, la société qui me l'a vendu m'a répondu de leur envoyer l'appareil par la poste. Mais voilà je ne trouve pas un bureau de poste sur ma carte de navigation dans le coin. Pouvez-vous m'envoyer votre facteur mondialement connu ? (Au dire de mes équipières Québécoises).
Josiane : une météo des zones Ridges et Açores pour jeudi soir.
Alain pour l'équipage.

Jeudi 10 juin

Mail envoyé par l'Iridium :

Ici les nuits sont fraîches en mer, même dans les cabines, nous nous couvrons maintenant.
IL est 13 du bord, 17 heures en Bretagne. Nous sommes un peu ralenti maintenant, cette nuit nous allions entre 6 et 7 noeuds et vu les fichiers météo je pensais arriver samedi après midi à Flores, maintenant ? De toute façon j'arriverai à Horta dans la journée de jeudi.

Position actuelle : 37°52.1800 N, 037°58.5560 W, A 330 milles de Flores
N'oublies pas la météo Ridge et Açores

 

Vendredi 11 juin

Mail envoyé par l'Iridium :

Nous sommes à 217 milles de Flores. Nous avançons péniblement dans un vent faible de sud est. Le moteur alterne avec les voiles et d'après les fichiers cela risque d'être comme cela jusque Flores. Je n'annote plus le livre de bord lors de la mise en route du moteur !!!! On fera les comptes à l'arrivée, une chose est sure, maintenant nous avons assez de gaz oïl
pour rejoindre Flores. Bon soyons contant, car vers Horta sur l'île de Faial les vents sont plein est. Il faut espérer que la semaine prochaine les vents retourneront sud ouest ou nord ouest.
Depuis ce matin nous avons 2 voiliers au loin. De plus en plus de dauphins et toujours les cris de joie de Mahée et Florence, sauf ce matin au lever du jour ou je les ai sorties de leurs bannettes pour admirer les galipettes des petits animaux marins. Mais voila à l'apparition les filles, ils ont pris la poudre d'escampette. Je ne vous dis pas les regards fusillant à mon égard, mais bon elles n'ont pas osé râler envers leur capitaine. Nous avons aperçu à environ 1/4 de mille sur notre bâbord une grosse masse sombre, comme un rocher, avec plein d'oiseaux
dessus, nous nous sommes approchés et avons découvert une baleine morte. Toujours pas de poisson au bout de la ligne, c'est vrai Claudine que le Bigouden n'est pas à bord pour nous prodiguer les bons conseils et merci pour le petit message. Nous avons aussi constaté de grosses anomalies magnétiques, si l'on garde toujours le même cap au compas, le cap vrai prend des allures drôlement bizarres. C'est vrai que dans les parages la variation lu sur la carte papier est très importante entre 18 et 20° suivant les longitudes. Donc nous pouvons dire un grand merci au lecteur de carte et GPS. Comme nous avons trop attendu pour utiliser le moteur, nous n'arriverons à Flores que dimanche dans l'après midi. Nous espérions réaliser l'ensemble du parcours pratiquement à la voile, se sera pour une prochaine fois. De toute façon nous n'avons pas de remords, car tout l'ouest des Açores est barré par l'anticyclone depuis plusieurs jours. Donc quelques soit la route choisi, la risée Yanmar est de rigueur. Peu être que si nous étions passé plus vers les Bermudes nous serions passés avant, mais avec 3 coups de vent en plus dans "la gueule". Cela je vous en parlerai plus tard sur le choix de mon
option route directe à flirter avec les anticyclones, merci encore les fichiers GRIB. Bon voilà que Mahée veut me faire écouter de la musique Québécoise et finalement c'est Bob Marley qui chante !!! Bravo la jeunesse. Josiane, pour ces jeunes filles emmène des CD de danse Bretonne, elle adore. J'ai même reconnu sur leur CD des airs bien de chez nous, et là y a pas photos, c'était bien des chansons du groupe TRI YANN adaptées en Québécois. A bientôt
Alain, maudit capitaine français, pardon BRETON (nos amis Québécois comprendront)
Position : 38°26.1950 N, 035°35.7777 W, Route pêche sur Flores au moteur.

 

Samedi 12 juin

Mail envoyé par l'Iridium :

Depuis hier soir nous avons retrouvé du vent entre 8 et 15 nds de direction variable allant de l'est au sud est, nous obligeant à naviguer au près serré, donc par moment ça gîte la dedans. Mais la mer reste toujours belle à peu agitée. Ce matin, j'ai décidé de relancer nos chances de pêche, pour cela j'ai organisé un concours avec à tribord une ligne Trégoroise et à bâbord une ligne Bigoudène. La ligne léonarde étant absente (désolé, amis Québécois, les bretons c'est un
peu Astérix et Obélix, toujours entrain de se chicaner). Le résultat à cette heure est match nul, prise = 0. Pourquoi ? Simplement à l'heure de midi, une bande d'oiseaux de mer affamés est venue attaquer sauvagement la ligne Trégoroise, sûrement payés par les Bigoudens, j'ai eu un mal de chien à la remonter. Restait la ligne Bigoudène, mais là c'est le vent qui décida de rendre justice. Vers 13H30, alors que je faisais ma sieste dans ma cabine, j'ai senti le voilier partir au lof (c'est Charles le pilote qui était aux commandes), lorsque je suis sorti, trop tard malgré les efforts de Florence pour récupérer la barre, Frankiz avait fait un superbe 1/2 et route retour St Martin. Résultat la ligne nylon Bigoudène s'était prise dans l'hélice. Après une heure de bagarre Frankiz pouvait reprendre sa route vers Flores. La ligne Bigoudène filant
vers le fond de l'océan. Voilà comment ce termine une partie de pêche. A demain pour la fin de cette traversée.
Flores à 92 milles à 18H15 UTC. Position : 39°05.7450 N, 033°08.4500 W
Alain.


Dimanche 13 juin

Mail envoyé par l'Iridium :

A l'heure où je commence ce mail, nous sommes à 20 milles de Flores. Il est
9H30 Açorienne et UTC. Je préfère commencer l'écriture, car lorsque nous allons arriver à Porto Das Lages, nous allons être très occupés. Ce Matin vers 5H30 l'île est apparue au lever du soleil comme un gros rocher au loin, nous étions à 35 milles. Florence est sortie de sa bannette lorsque j'ai crié "terre, terre, terre". Mahée est restée dans un sommeil profond.
Notre route depuis St Martin, reportée sur la carte papier, a pratiquement été directe avec un léger arc vers le nord ouest. C'est vrai que ce n'est pas forcément la route idéale, car risque de rester englué dans des zones de calmes durant plusieurs jours. Grâce aux fichiers météo GRIB que nous envoyait Josiane, nous avons toujours pu éviter les zones anticycloniques et
il y en a eu plusieurs. En restant en bordure nous restions dans un vent de 5 à 8 nouds, ce qui nous permettait d'avancer entre 2 et 3 noeuds. Sauf  2 où 3 jours nous avons utilisé le moteur en alternance avec les voiles pour retrouver du vent en visant les nuages que nous apercevons au loin. Nous avons navigué pratiquement en permanence tribord amures, bâbord doit se  sentir vexé. Quant aux vents portant, à l'approche des Açores, rien, depuis 2 jours nous sommes au près serré, avec la gîte qui va avec et le bateau qui tape fort dans le gros clapot.
Maintenant je peux vous donner une explication sur le choix de cette route que j'ai (Alain) choisie : Lorsque nous avons quitté St Martin les Alizés était de sud est et la météo (RFI et GRIB) nous annonçaient des coups de vent avec mer forte à énorme sur les zones Est Bermudes, Ridge et Colorado. Je me suis dit tout d'abord que je devais profiter des vents de
sud-est au début pour gagner dans le nord-est et qu'il ne serait jamais trop tard pour remonter au nord dès que cela se calmerait plus haut. Mais voila le 27 mai Un gousset de latte sur la grande voile s'est déchiré, pas trop grave j'ai affalé et retiré la latte, cela ne gênait pas de trop la marche du voilier. Le 28 mai nous avons subi un petit coup de vent avec grains violents, au milieu de l'après midi je me suis aperçu que la grande voile avait une déchirure au niveau du 2ème étage de barre de flèche, nous étions avec 2 ris déjà. Dans la soirée ça s'est calmé,
mais pas la pluie, j'ai pu réparer avec du tape (gros scotch gris) les autres produits ne collaient pas sur la toile avec la pluie. Cette réparation tient toujours, mais nous prenons souvent 1 ris pour pas que la réparation touche la barre de flèche lorsque nous choquons le grand voile.
Alors je ne vous parle pas de la bosse de ris (cordage qui sert à réduire la
grande voile) qui a cassé lendemain 29 mai = 2 heures pour la remplacer avec un bout qui n'est pas de première jeunesse. Voilà, c'est un peu pour cela que je ne suis pas
allé jouer dans le nord avec les soit disant vents portants, j'ai choisi la
sécurité pour la GV. A Horta elle ira directement chez le "docteur" maître voilier du coin, déjà repéré dans le guide IMRAY. Je pense que nous nous en sortons bien vu le nombre de coups de vent qui ont sévi là haut. Josiane, ta balade de l'Ile Calot nous a visiblement servi !!!!!.
Aujourd'hui dimanche (toujours Alain) j'espère que mes équipières Québécoises vont me cuisiner des crêpes !!!!! Mahé, à peine sortie de sa bannette, saute de joie sur le pont en apercevant la terre.

13H00 Mouillage à Porto Das Lajes île de flores. Ca roule, la houle entre dans le port. Maintenant l'Apéro d'arrivée. Position : 39°22.8290 N, 031°10.0430 W, VITESSE 0
Et plein de voilier Breton au mouillage et pas un Canadien.
Alain, Mahée et Florence


Les Açores

 Une arrivée par la mer aux Açores, nécessite la réalisation d'une "Clearance" d'entrée et sortie. L'île de Flores est dans l'Europe, mais n'est pas entrée dans l'espace Schengen, nous avons fait une simple déclaration d'arrivée. C'est à Horta que nous ferons notre clearance d'entrée : Police aux frontières, douanes, police maritime (petite taxe). Lorsque vous quittez une île, vous devez signaler votre départ et refaire une clearance lors d'une escale sur une autre île. La marina de Angra  sur Terceira réalise l'ensemble des papiers pour toutes les autorités. Surtout, lorsque vous quittez les Açores, ne pas oublier les formalités de départ, sinon gare….

 Alors à partir de Florès, je pense que Florence et Mahée m'ont adopté comme leur père marin. Sûrement du à une reconnaissance de les avoir emmenées saines et sauves ici aux Açores, car à mon avis elles ont du avoir une sacrée trouille de leur vie, surtout les 6er  jour de navigation.

 

Maintenant, elle abandonne l'écriture, pour saisir leurs pensées et souvenir directement sur le PC du bord. Finalement, j'aurai moins de saisie, je n'ai plus qu'à coller leurs récits à la suite.

A Florès, et plus tard Horta, lors de discutions avec d'autres marins jeunes et moins jeunes elles comprennent que les conditions que nous avions eu, sont tout a fait normal dès que l'on navigue au large. Il se trouve même que les conditions de ceux ayant optés pour la route plus nord, passant par la latitude des Bermudes, ont été plus dantesques que la notre.

Mardi 13 juillet

Nous sommes partis ce matin car hier lundi, après les courses, le plein de gaz oïl, tout le rangement et les formalités de départ à refaire complètement puisque nous étions plus que 3, nous n'avions pas eu le courage de prendre la mer, donc nous appareillé ce matin vers 7h15. La mer était belle tout le long de la cote mais dans la soirée elle est plus agitée vu que nous ne sommes plus protégés par Terceira.

Mail envoyé par l'Iridium :

Après 3 semaines de vacances aux Açores, nous avons repris la mer ce matin vers 7h (local) et faisons route sur Lagos au Portugal. Après les escales sur les îles de Faial, Sao Gorje, Terceira et Sao Miguel, c'est un peu difficile de repartir. Tout était bien sur les Açores et se serait trop long à expliquer. Nous avons quand même été salués lors
de notre départ par un super arc en ciel et les baleines sont venues nous dire au revoir à quelques mètres de Frankiz. Nous avons 800 milles marins à parcourir et comptons mettre entre 6 et 7 jours vu les fichiers météos pris avant le départ.
Position : 37°44.3680 N, 024°35.5670 W, ROUTE AU 89°.

 

Jeudi 15 juillet

Mail envoyé par l'Iridium :

Hier j'étais tout seul pour fêter le 14 juillet Français, pas de feux d'artifice mais un superbe ciel étoilé toute la nuit. Mes équipières Québécoises n'avaient pas le courage pour m'accompagner, pourquoi ???? Peu être la nostalgie des Açores, ou alors le roulis du voilier serrait un peu de trop leur coeur. En tout cas hier soir j'ai bu mon apéro tout seul en regardant
le pavillon français qui flottait fièrement (il est surveillé de près par le pavillon Breton).
En ce qui concerne la navigation, si nous avons bien avancé les 2 premiers jours, aujourd'hui nous sommes ralentis par un petit vent portant W/NW de 8 nds et une grosse houle de NW. Actuellement nous naviguons avec seulement le génois, la grande voile est affalée car elle battait de trop au risque d'animer du matériel, nous filons à une moyenne de 4 nouds vers Lagos. Demain le vent devrait revenir plus au nord / Nord ouest et forcir entre 10 et 15 nds. Enfin nous avons le temps. Lagos est à 500 milles de nous (pour les non marins, environ 900 Km), donc encore 4 bonnes journées de navigation. Josiane pour demain soir, peux tu m'envoyer un fichier "Joséphine".
Position : 37°42.5960 N, 019°25.6800 W, Ca roule dur la dedans.
Alain.
PS : Les filles me signalent quelles sont au régime !!!!!! Post retraite des Açores (plus d'alcool ni crème glacée), soit disant la vie est dure avec un jeune retraité. Enfin je vais surveiller cela de près en arrivant sur le continent européen. Hein Danièle nous avons déjà entendu parler de régime et on sait ce que cela donne.

 

Samedi 17 juillet

Mail envoyé par l'Iridium :

Journée un peu grise aujourd'hui, nous avons commencé par des grains avec rafales à 25 noeuds, une pluie intense durant 1 heure, un ciel plombé qui ce dégage peu à peu en fin de journée et un cargo de 920 pieds (300 m) qui nous a grillé la politesse. Ce matin nous faisions cap sur Agadir, le vent revient un peu au nord donc notre route se rapproche de Lagos, encore à 286 milles. Allez 2 bonnes journées et on y est. Merci Phil pour la dédicace du livre, je ne manquerai pas de le lire dès mon arrivée à Plougasnou et ensuite le déposer dans la bibliothèque de Frankiz. A part cela, les filles sont toujours très sages à bord, tiennent bien leur quart de nuit, ainsi maintenant je peux profiter de 6 bonnes heures de sommeil par nuit sauf lorsqu'une confond les feux de nav d'un bateau avec une étoile et me réveille pour savoir comment faire. Je ne parle pas d'un arrêt du moteur et l'alarme qui me fait sauter de la bannette en moins de 2 secondes. Pour aujourd'hui c'est tout, car je vous l'avoue, ici dedans ça remue drôlement il est temps de prendre l'air, sauf qu'une vague viens de tremper les filles et Mahée qui se marre à fond car il y a Florence qui vient de prendre sa douche.
Josiane pour demain soir un fichier météo "Joséphine et Soa Vicente".
Position 37°21.1370N, 014°53.8450W

 

Lundi 19 juillet
Les Québécoises sont enfin sur le sol Européen. Nous sommes arrivés à Lagos vers 16 heures, une superbe marina, pour nous reposer de cette dernière étape les Açores Europe. Nous avons effectué les 820 milles en 6 jours 1/2 avec 2 jours pratiquement sans vent ou nous
avons mis le moteur le moins souvent possible (pour ne pas polluer l'océan d'après les filles). L'état de la mer n'était pas propice à la détente, surtout lorsqu'il faut plonger sous le bateau pour voir ce qui il y a dans l'hélice : un beau sac en plastique. Nous avons naviguer pratiquement les 4 derniers jours au près, hier dans la soirée le vent s'est un peu débridé et nous avons pu mettre les chevaux en marche, un peu difficile pour les filles lorsque la barre devenait dure avec les vagues dans tous les sens et Frankiz qui filait à 9 noeuds. Résultat nos tenues et Frankiz bien trempés et l'équipages aussi. Frankiz a eu sa toilette dès l'arrivée
au ponton, l'équipage ensuite. Faut dire aussi que nous avons été accueillis au cap Sao Vicente avec un vent de 30 noeuds voir rafales à plus à 40. Pour Josiane et Danièle, je pense que le pigeon Auguste n'a pas osé défier les 30 noeuds de vents pour venir nous accueillir et déposer sa marque sur Frankiz. Par contre toujours cette odeur agréable de terre et d'eucalyptus sous le vent des cotes Portugaises.
A bientôt pour la suite de l'aventure.
Position : Ponton E 11 de la marina de Lagos.
PS : Quelle était bonne la bière de l'arrivée après 1 semaine de sevrage !!!!

 

Croisière côtière du 20 au 29 juillet

Les 19 et 20 juillet, les filles ont découvert la vie portugaise plus continentale à Lagos. Marina toujours agréable, mais fort chère, 2 nuits pour 90,76 €. Lagos reste un peu un point de passage très pratique, quelques soit les navigations. Après un avitaillement, le 21 route sur la lagune de Culatra.

Le 21 en fin d'après midi, mouillage face à Ponte Do Carvao et visite de l'Ilha Da Culatra. Les filles ont adoré, car à terre c'est vraiment un endroit paradisiaque où la nature est encore préservée quoique des signes de dégradation soient visibles. Je ne parle pas du nouveau port, pas très esthétique dans le cadre, mais cela doit quand même faciliter la vie des gens ici.

Le 22  route sur Chipiona, arrivée tardive, vers 21h et toujours un excellant accueil du vigile qui nous octroie une place à un ponton.

Le 23 courte étape, Cadix nous reçoit dans le la marina  Puerto America, mais pour 2 nuits seulement car après, une régate Nelson arrive. Voilà Nelson encore qui vient chatouiller des Français. Bon dans 2 jours on avisera. Visite de la ville, il faut marcher une bonne ½ heure, mais cela vaut le coup. En plus ici à Cadix, c'est la fiesta en ville "carnavale", des troupes de chanteurs parodies dans tous les coins de rue, superbes.

Le 25, il faut partir, faut pas chercher à comprendre, certains plaisanciers peuvent rester d'autres non, la régate arrive, une trentaine de voilier, mais plus de 50 places sont réservées. Dans la soirée il est annoncé un coup de vent sur Gibraltar Straid, donc nous faisons route sur Barbatte.  Passage de cap Trafalgar, Nelson ou est tu ? La marina de Barbatte ne m'inspire pas confiance, ni la ville non plus, en plus l'accueil n'est pas des meilleurs, impression bizarre !

Le lundi 26 : GROSSE COLERE : Mon annexe + moteur ont été volés. Dépôt de plainte, faut attendre car la guardia civile ne vient pas toujours. Les responsables de la marina nous signalent qu'il n'y a jamais de problème ici. Tient Alain t'a encore raté d'obéir au guide IMRAY qui précise de bien rester sous les pontons de la capitainerie. On nous avait mis au fond du port pour soit disant être plus prêt de la sortie. La météo sur Gibraltar n'est pas des meilleurs, mes fichiers GRIB m'annonce 25 à 30 nœuds de vent d'est. Allez on s'en va, la plainte tant pis (quelle erreur !). Route Gibraltar, moteur et voile. En plein détroit, j'ai failli faire route sur Tanger, mais en regardant de plus prêt, cela risque de compliquer la vie pour les filles. 25 à 30 nœuds de vent plein est, ça tape dur mais en forçant un peu avec le moteur  nous passons Tarifa et le long de la cote espagnole vers Gibraltar, le vent se calme et la mer devient plate. 16 h, Marina Bay de Gibraltar, l'aéroport n'est pas loin. Accueil très sympa et en plus il y a de la place pour autant de jour que je souhaite. Accueil facilité, il n'y a plus de contrôles de police ni de douanes préalables, tout ce fait à la capitainerie.

Mardi 29 juillet : Au revoir les filles : Mes équipières Québécoises sont parties mardi matin en direction de la Belgique sur le pouce (en stop) et je crois que les cabanes à frites manquaient à Florence. Il y a surtout Mahée qui avait hâte de découvrir la France. J'en profite de les remercier pour leur comportement exemplaire durant ces 2 mois, pas facile pour 2 jeunes filles de 22 ans de supporter un vieux grignon comme moi et aussi cet espace très restreint qu'est un voilier de 40 pieds. Qu'elles gardent à vie dans leurs souvenirs cette expérience extraordinaire.

Bon, maintenant faut penser à rejoindre Saïda au Maroc, pas gagner encore car en ce moment il y a un coup de vent 8 à 9 sur Gibraltar Straid  et ce jusqu'au 28 à 18 h UTC. Ben y a plus qu'à attendre et aller dire bonjour aux singes là haut sur la montagne

 

Jeudi 29 juillet
Le vent s'est complètement calmé, après 2 jours de coup de vent force 8 voir 9 dans le détroit, je suis reparti ce matin jeudi 29 juillet pour ma dernière étape de ce périple. Je suis en solitaire, hé oui mes équipières Québécoises sont parties mardi matin. Je fais route sur le port de Saïda au Maroc (sur les cartes il ne figure nul part, seulement dans quelques documents maritimes récents et sur Internet), si vous le cherchez, il se situe pratiquement à la frontière du Maroc et de l'Algérie. Je pense y être pour midi demain vendredi et malheureusement tout au moteur vu les fichiers météos. Comme cela je vais bien rester réveillé cette nuit, car visiblement sur cette zone ici il y a du trafic et en plus pleins de petits pêcheurs locaux dans des barques pas toujours éclairées la nuit, donc grande vigilance. Je vous dis à bientôt à vous tous  et promis Mahée je tiendrai ma parole pour un voyage au Québec.
Alain
Position : 35°50.8000N, 004°27.2910W, 114 milles de Saïda, Un petit vent qui se lève,
Et que c'est bon d'entendre sur la VHF les appels d'un bateau français, un câblier, qui travaille dans le coin, son nom Ile de Sein. Vive la Bretagne.

 

Vendredi 30 juillet


Voilà je suis à Saida, un port dans nul part, le village à 3 km. Arrivée à 12h, papiers terminés à 13H. Immense marina, mais disons 20 bateaux amarrés et quelques uns sur quai. Accueil très courtois, les gens, police, gendarmerie, douane et j'en passe. Très sympa.
Suis fatigué, il est 13h45, pas dormi beaucoup cette nuit, j'ai fait 4 heures de voiles dans la nuit. Repos et grand nettoyage de Frankiz dans les jours à venir. Frankiz va maintenant se reposer jusqu'au 21 septembre. Avion lundi pour la france.

 

A bientôt pour de nouvelles aventures

N'oubliez pas de regarder l'album photos "Transat 2010 …"

 

merci pour cet article. Très interessant !

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