longévité de l'inox
publié le 11 Mars 2008 17:54
Je viens de vivre une »tentative » de traversée Antilles ? Bretagne : après 500 miles au près, rupture de la mèche de safran en
inox. Retour vers les Antilles en cape courante avec le tmt comme trainard puis remorquage. Du coup, je me pose deux
questions :
- une question d?ordre général : les pertes de safran suspendu par rupture de la mèche en inox ne sont pas exceptionnelles.
J?ai moi-même failli perdre deux fois le safran extérieur de mon Gibsea 28 par rupture de l?aiguillot inférieur en inox. L?article de
R. Athenour ( dossier STW/ grands voyages/ infos pratiques/bilan d?une traversée Fr.-Antilles / transat AR) parle lui de
corrosion de l?inox massif. Cet article parle d?un affaiblissement de l?inox après 10-12 ans par « corrosion interne, intracristalline,
invisible ». Je pense, moi, à l?écrouissage (des millions de micro-vibrations). On m?a dit aussi que les soudures affaiblissent l?inox.
Mais est-ce le chauffage au cours de la soudure ou plutôt le brusque refroidissement de pièces comportant des volumes
différents ou dans le cas d?une mèche de safran qu?on aurait eu à chauffer à flot, la différence de refroidissement entre la
partie située dans l?air et celle située dans l?eau ? D?ailleurs, faut-il tremper l?acier inox si on a eu à le chauffer ?
- une question plus particulière concernant mon Gibsea 28 dériveur lesté, qui va avoir 30 ans : je n?aimerais pas perdre le lest ! Y
a-t-il un moyen de vérifier l?état des boulons ou goujons (pas de fissure sous le plancher) et du polyester (risque de délamination
car liaison lest-coque pas parfaitement étanche) ?
Y a-t-il des connaisseurs en métaux au bout du fil ?
Bonjour DonKiflote (joli nom pour un bateau)
C?est difficile de faire un diagnostic a distance, mais Je vais tenter modestement de dire ce que peux savoir (ou crois savoir, car
malgré une déjà longue carrière dans la métallurgie et la résistance a la corrosion des inox, plus le temps passe plus je me sens
ignorant ! la nature est riche et nous surprend toujours) pour aider à comprendre la rupture de votre mèche de safran.
D?abord bien sur il faudrait savoir en quel inox est faite cette mèche. Espérons déjà que ce n?est pas du 18-8 (AISI 304 ou 304L)
mais en immersion dans la mer il serait je pense rouillé depuis longtemps et ca se serait vu sans problème. Il reste l?acier au
molybdène 18-10 Mo (ou AISI 316 ou 316L) dit de qualité marine) mais afin d?alléger on prend parfois un acier plus résistant dit «
austenoferritique » qui présente, en plus de sa résistance a la corrosion une bonne caractéristique mécanique (en traction)
Ensuite, la rupture peut être purement mécanique ou être due à un affaiblissement local par corrosion. Mais la encore,
normalement, s?il ya des traces de corrosion, ca se voit (le difficile étant de distinguer entre corrosion préalable, cause possible
de rupture par perte locale de matière, et corrosion a posteriori sur rupture déjà consommée). Concernant l?article que vous
citez, et que je ne connais pas, je ne pense pas à une rupture intercristalline restée invisible 12 ans. Ce type de corrosion, en
principe absente pour les aciers bas carbone type 316L qui y sont insensibles, se produit en général au voisinage des soudures
a cause du traitement thermique involontaire du a la soudure, qui appauvrit localement le métal en chrome. Mais ca n?attend pas
12 ans, non plus qu?une corrosion due a un défaut opératoire de soudage.
De façon générale, un inox corrode ou non en eau de mer mais assez vite (disons en quelques mois). Il n?ya a pas d?usure
invisible due a la corrosion, du moins a si long terme, et si on surveille frequemment les endroits sensibles.
Reste l?hypothèse mécanique qui me semble assez vraisemblable dans le cas évoqué. C?est vrai que les soudures peuvent
affaiblir localement le métal dans certains cas, mais surtout vis-à-vis d?une rupture sous l?effet d?un effort statique à la limite de
résistance. Ca n?attend pas 12 ans. Et normalement il en est tenu compte a la réalisation de sorte qu?il ya une marge. Je ne crois
pas non plus à un différentiel de vitesse de refroidissement entre partie dans l?air et partie dans l?eau. Le métal est trop bon
conducteur de la chaleur pour ca.
En revanche, l?hypothèse de la fatigue due a des vibrations répétées me parait a retenir. A chaque vibration, une petite fissure
préexistante s?ouvre, et progresse sous l?effet de la concentration de contraintes existant en tête de fissure, de sorte que la
fissure avance jusqu'à entrainer la rupture. Cela concerne la plupart des métaux. C?est par exemple le risque qu?il a fallu
combattre pour les trains d?atterrissage d?avion ou sur les roues de chemin de fer (dans le temps les cheminots tapaient chaque
jour sur la roue avec un marteau pour "ausculter" la présence des fissures avancées, qui rendent un son mat ou lieu du
tintement normal du métal. Le remède est (outre la surveillance) d?utiliser un acier ayant une bonne résistance intrinsèque a la
fatigue (ce qui est normalement le cas des aciers utilises en marine, mais le rique croit avec la duéeté de l'acier) et surtout qu?il
n?ait pas de fissure préexistante, qui provoquerait l?amorçage de la fatigue. Sinon, le processus enclenché conduit a la rupture
par fatigue en disons par exemple en quelques centaines de millier de cycles, ce qui est très possible en 10 ans voire
beaucoup moins. Reste que cela ne devrait pas se produire et est peut être du a un mauvais état de surface après soudure,
voir une légère corrosion locale.
Enfin, vous dites, ou j?ai cru comprendre, que cette mèche de safran avait été chauffée sur place en au moins une occasion.
Non il ne faut pas tremper l?inox après ce traitement, mais surtout bien décaper après chauffage pour éliminer toute trace
d?oxydation , génératrice de corrosion ultérieure voire de défaut de surface possiblement générateur de fatigue (si c?est bien
ca qui a conduit a la rupture)
Voila, je ne suis pas sur que ce petit discours serve a grand-chose, mais sans expertise de la pièce je ne sais pas faire mieux !
Concernant maintenant les boulons de quille : j?ai eu le même souci sur mon Sun Odyssey de 15 ans, la rouille dégorgeant a la
jonction quille coque. J?ai fait déquiller pour vérifier (après démâtage pour éviter la compression par le gréement). ca m?a coute
assez cher et ce n?était pas ca. Mais je suis maintenant tranquille : Il faut dire que suis assez attaché à l?idée d'une quille
tolérablement solidaire du bateau !!
ça, c'est de la réponse! Merci, Igern.
que la meche inox casse ainsi c'est pas normal.
Souvent le probleme vient du mode opratoire de la soudure qui n' a pas été respecté souvent par ignorance ou par economie.
Lorsque l'on soude des diametres assez important disons au dessus de 30mm il faut avant soudure monté la piece en
temperature 150° (à verifier) dans son integralité , ensuite soudé puis remettre la piece à temperature et la laisser descendre
tranquillement .
mais pour celà il faut etre équipé avoir un four et un four qui peut recevoir une meche ça me court pas les rues alors on soude
et roule...
josé