Bonne nouvelle à ce sujet: le groupe est en passe d'être en ordre! Le mécano de La Haye avait fait l'impasse sur certains détails, et un senseur de sécurité était tombé en panne, ce qui empêchait le groupe de démarrer.

L'escale en tous les cas valait la peine: sans doute moins typique que Bayona, située à quelques milles plus loin, Vigo a, elle, tous les avantages d'une grande ville portuaire, avec tous les magasins et l'expertise indispensables à portée de main. Pour limiter les frais, nous nous sommes installés dans une marina à deux pas du centre à vol d'oiseau, mais nettement plus loin par la terre. Pour le rejoindre, nous devons d'abord traverser une grande zone portuaire de chantiers navals, conserveries de poissons/fruits de mer et autres ateliers de mécanique navale. C'est un peu ennuyeux, mais aussi très intéressant: hier, nous avons pu assister à la pose d'une mèche de safran (ce que les béotiens appellent “gouvernail”, ndlr ;-)), l'ensemble mèche-safran faisant tout de même la hauteur de la maison! Tous les jours, d'énormes Ro-Ro (transporteurs de voitures) viennent, presque à côté de nous, chercher une partie des 1.500 peugeots et citroëns fabriquées quotidiennement ici.

Ca ne nous empêche pas d'être en bonne compagnie - outre les autres bateau qui, comme nous, attendent une meilleure météo - : amarrés au ponton des grosses unités, nous sommes juste derrière un “super” yacht. Pour ceux qui sont intéressés, il est à louer! Il l'a d'ailleurs été la semaine passée. Pas de chance pour la météo, surtout quand on voit le coût de la location de ce magnifique bateau à la semaine: près de 200.000 euros la semaine (si, si!), apparemment sans compter la caisse de bord, qui inclus frais de port, nourriture, carburant, et le salaires des... 14 membres d'équipage qui seront aux petits soins pour vous et les 11 autres “Guests”! Sans oublier le bateau, bien sûr: En voilà un qui est parfaitement entretenu: le personnel le brique même sous la pluie! Mais si, mais si: on met son ciré, on prend sa peau de chamois, et on profite de la pluie pour s'épargner un rinçage! Une autre vision de la plaisance... A côté de ça, dans notre bateau de romanichels, avec la lessive qui pend et le pont qui pèle,... Le contraste est saisissant! Enfin ça a quand même motivé Tanguy à prendre sa brosse pour passer un coup sur la coque, qui en avait bien besoin, et à mettre ses matelots au travail sur le pont, qui lui aussi méritait un bon coup de frais!

Passé le port, on arrive dans le quartier de Bouzas, en cours de réhabilitation, qui recèle quelques merveilles architecturales inattendues. Il faut se perdre dans le tout vieux quartier pour trouver, à côté de très vielles maisons de pêcheurs dont la charpente et la structure sont encore en troncs à peine élagués, des villas de notables donnant sur de magnifiques parc et jardins plantés de différents fruitiers, le tout dans un granit assombri par le temps, ce qui n'est pas sans rappeler certains paysages de la Cité Ardente.

Une fois passé Bouzas, il faut à nouveau traverser une zone industrielle, véritable caverne d'Ali-Baba pour le plaisancier (on y trouve tout, et plus encore!), pour enfin rejoindre le centre. Et là, c'est la surprise! Parce que Vigo – comme la Corogne – a connu un essor très important à partir de la moitié du XIX siècle, son urbanisme présente deux visages bien distincts, avec une vieille ville dans une architecture marine du milieu du deuxième millénaire, et une périphérie d'une liberté de style totalement débridée – en tous cas dans le cadre des styles connus avant la seconde guerre mondiale. Ils sont tous représentés, parfois même sur une même façade! Les enfants s'essayent encore à prononcer le mot “éclectisme” ;-)

A côté des cours et des promenades au centre-ville, on visite quelques musées, comme le musée des salines romaines – saviez-vous qu'il fallait 10.000 murex pour obtenir 1g de pourpre, pigment rouge qui teintait les manteaux des riches romains, et qu'il faut énormément de sel pour l'en extraire? Ou que le garum, condiment de base de la cuisine romaine paré de bien des vertus, était fait à partir de sel et d'entrailles de poisson en décomposition? – les ruines d'une villa romaine, le centre d'information sur le parc naturel des îles toutes proches (splendide), et même l'office de tourisme qui présente quelques maquettes très instructives qui ont beaucoup mieux su capter l'attention des enfants que les efforts désespérés de leurs parents pour leur donner quelques explications... On y apprend que la Ria de Vigo a vu bien des flottes chercher refuge en ses eaux abritées, que Francis Drake y passait parfois et que la flotte Anglo-Hollandaise aurait coulé ici plusieurs vaisseaux espagnols chargés d'or, qui n'ont à ce jour pas été retrouvés. Chasseurs de trésors, à vos sondeurs!

Voilà, ça c'est pour Vigo. D'ici la fin de la semaine, on devrait la quitter, pour pouvoir profiter un peu des îles Cies, véritable paradis terrestre même si l'eau est fraîche – on ne peut pas tout avoir – et puis se diriger vers Baiona pour le début de la semaine prochaine. A moins que ce ne soit l'inverse? Après, direction le Portugal, mais ça, c'est une autre histoire...