De Stella Nova (Brunovski, 10 octobre 1604 - STW, 30 janvier 2014)

De Stella Nova (Brunovski, 10 octobre 1604 - STW, 30 janvier 2014)

Posté par : CSO
30 Enero 2014 à 00h
Última actualización 22 Octubre 2014 à 14h
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Prague.jpgNous étions en 1604, et Prague connaissait un age d’or. En ces temps de contre réforme, l’Eglise Luthérienne essuyait de nombreux revers. Aussi Kepler avait-il rejoint son vieux maître, Tycho Brahé, à la cour de Ferdinand II.

Le roi de Bohème, pourtant catholique fervent savait parfois se montrer large d’esprit et les vastes salles du vieux château des Habsbourg abritaient une étrange cour de magiciens, d’astrologues et d’alchimistes.

Le monarque était friand d’horoscopes. Aussi entretenait-il un observatoire impérial. En 1601, à la mort du savant danois, Kepler s’en vit confier la direction. Là marche du ciel guidait encore celle du siècle. Il importait donc de confier la délicate prédiction de la course des planètes aux plus habiles astronomes du moment.

N.jpgLe 10 octobre, Jan Brunovski, un étudiant boursier, découvre dans le Serpentaire un nouveau corps céleste plus brillant que les planètes. L’astre mystérieux demeura visible quelques mois avant de décroître progressivement jusqu’à disparaître complètement au regard des hommes. Aristote avait donc tort, l’ordre cosmique n’est pas immuable. Kepler publia la découverte en 1606 dans un ouvrage demeuré fameux : De Stella Nova in Pede Serpentarii. L’étoile nouvelle, identifiée par un N, fait son apparition sur les cartes du ciel. Elle va y demeurer près d’un siècle tant elle marqua les esprits.

De Stella NovaNova ! Le mot est désormais consacré, et quelque puisse avoir été la cause de ce cataclysme stellaire, les télescopes peuvent encore distinguer les reliquats de l’explosion survenue à l’automne 1604.

En 1572, par un hasard extraordinaire de l’Histoire, Tycho Brahé avait lui-même été témoin d’une telle déflagration, mais en réalité, ces évènements sont rarissimes, et, il fallut attendre ensuite jusqu’en 1987 pour observer un phénomène d’importance comparable dans le Grand Nuage de Magellan.

 

 

 Supernovae_Chaco.jpgMais on connaît bien sur d’autres novae historiques. La plus ancienne d’entre elles est citée dans des annales chinoises rédigées en 185 de notre ère. L’une des plus célèbres supernovae de l’histoire apparut dans le Taureau le 4 juillet 1054. Elle demeura observable même en plein jour durant plus de trois semaines comme le rapportent les astronomes indiens, chinois et japonais. Les archéologues s’accordent pour en identifier de nombreuses traces, comme cette étoile à 10 branches figurant sur une peinture rupestre réalisée vers cette époque par un indien Chaco, dans l’actuel état du Nouveau Mexique.

 

M82.jpgLe 21 janvier dernier, plus de quatre siècles après la découverte de Brunovsky, un autre groupe d’étudiants, réalise en Angleterre une série de clichés de la Galaxie du Cigare, (M 82) dans la Grande Ourse.

 

L’objet est populaire car il est plutôt photogénique dès que l’on dispose d’un télescope de taille moyenne. Hélas, dans nos jumelles de marine, M 82 apparaît au mieux comme une tâche floue sur le fond du ciel.

L’analyse des images obtenues met en évidence l’apparition d’une étoile nouvelle. La plus spectaculaire depuis près de trente ans, puisqu’elle est aussi brillante que le reste de la galaxie.

Cons_Grande_Ourse.jpgToutefois, ne nous leurrons pas. En gros, cela veut dire que la galaxie M 82, considérée généralement comme presque inaccessible avec les moyens du bord va devenir dans les semaines qui viennent à peine plus facilement perceptible. Mais qui sait, la nova baptisée SN 2014J sera peut-être la dernière opportunité d’observer un phénomène comparable de notre vivant.

Alors, si d’ici la mi-février le mauvais temps nous en accorde la possibilité, essayons de dénicher M 82 et sa voisine M 81 dans la Grande Ourse.

 Attention, La Grande Ourse, troisième constellation par sa superficie, s’étend en réalité bien au-delà de la classique Grande Casserole puisque la patte du plantigrade s’appuie sur l’échine du Lion.

Sigma_UMa.jpgCeci étant bien compris, il faut identifier upsilon Ursae Majoris (magnitude + 3,80) et 23 Ursae Majoris (magnitude + 3,67). En doublant la droite joignant ces deux repères, nous parvenons aux environs d’un groupe de trois étoiles relativement brillantes : rhô, sigma 1 et sigma 2 de magnitudes +4,76, + 5,14 et + 4,80 respectivement. Le couple formé par M 81 et M 82 constitue le sommet d’un triangle équilatéral dont la base est définie par 23 et sigma 2 Ursae Majoris.

 

M_81_M_82.jpgCes deux galaxies initialement décrites par Johann Elert Bode sont fortement liées par la gravité. L’image ci contre est un aperçu de la visée aux jumelles.

Savourons notre chance. Les télescopes les plus performants détectent en moyenne deux ou trois novæ tous les dix ans. SN 2014J est discernable aux jumelles parce qu’elle est proche de nous. Sa lumière en effet n’aura pris qu’une douzaine de millions d’années pour parvenir…

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