Ce livre est une heureuse surprise, un petit bijou d’originalité et d’intérêt. Il nous propulse sur la route des Indes en ces temps de découverte du monde, dans l’époque des premières grandes expéditions maritimes portugaises et nous les fait vivre, sur terre et sur mer, par le regard et les émotions du narrateur, un personnage qui semble égaré entre le Moyen Age et la Renaissance, le judaïsme et le christianisme, le terre et la mer, l’Ancien et le Nouveau Monde.
Basé sur des faits historiques, des personnages ayant existé, le récit raconte la vie à bord de ces caravelles, bateaux emblématiques, qui devenait dantesque lorsque ces nefs étaient prises dans ces tempêtes qui se succèdent dans l’Atlantique sud et l’Océan indien.
L’auteur, nous fait vivre avec talent, la vie tourmentée de Joao Faras, médecin et chirurgien du roi du Portugal, cosmographe chargé de dessiner le contour des cotes. Ce personnage nous touche par ses limites et la conscience qu’il a de celles-ci ; l’auteur nous fait percevoir son humanité comme celle de ses protagonistes.
Toute la première partie du récit « la Mer » est d’une densité exceptionnelle et fait bien comprendre ce que les marins de l’époque ont pu endurer de souffrances lors de ces navigations qui pouvaient durer plusieurs années. L’action nous tient en haleine et nous fait découvrir la réalité historique à laquelle elle est accrochée. Une réalité dont on pénètre les ombres, les échecs et les à-peu-près derrière les enluminures des images d’Epinal.
Notre héros va progressivement sombrer physiquement et moralement lorsqu’il reviendra à terre et que, juif converti au christianisme, il sera confronté aux les événements historiques de ce début du 16ème siècle : tremblement de terre, peste, attaque des juifs.
Mais peut-on échapper à la mer et à l’amour ? Dans un dernier sursaut, Joao Faras va quitter Lisbonne et sa famille pour embarquer pour Vera Cruz et peut être retrouver cette « Camapua » dont les formes l’ont tant fait rêver.

La lecture de ce roman d’aventures, passionnant, qui est un magnifique livre de mer, nous pousse à aller plus loin, à nous replonger dans la grande histoire européenne de cette fin de XVIème siècle.
En résumé, au travers de sa lecture, il nous rend plus cultivé. Le style est soigné, alerte. Bref, il y a du travail d’écriture, et du beau travail.


Brigitte Eude, Jean-Michel Sautter et Jacques Rey pour la commission des Livres de Mer