On ne vend pas son voilier tous les jours et par conséquent on n’en acquiert pas non plus un chaque matin.
Cela faisait six ans que je détenais mon Sun Kiss 45, avec lequel j’avais dû bien parcourir plus de 40 000 milles, dans la mesure ou mon métier ou plus précisément ma passion est : plaisancier au long cours.
Mon cher voilier ayant quelques maladies inhérentes à son âge, mais aussi, et je l’avoue ici, un manque d’entretien en profondeur que je ne lui accordais pas, ne me donnait plus la confiance nécessaire pour poursuivre mes voyages hauturiers. Il convenait que son prochain propriétaire s’investisse dans sa remise à niveau, mais il convenait que celui-ci ait des compétences dans la cosmétique que je n’avais pas.
Et donc je mis en vente mon cher bateau chez un broker. Je pris celui qui se trouvait sur mon port.
Comme j’habitais sur mon voilier, je reçu la visite de quelques acheteurs potentiellement intéressés. Pourtant je ne souhaitais pas être à bord lors de la visite de ces personnes. En effet, je redoutais leurs questions où leurs remarques et qu’immanquablement mes réponses ne seraient pas celles qu’ils auraient aimé entendre. Le voilier était proposé à la vente, pour ce je croyais a un juste prix, compte tenu des travaux à effectuer, mais aussi en prenant en compte que les voiles étaient neuves comme pour exemple le génois qui n'avait jamais quitté sa housse.
Lors d’une visite, le prétendant à la barre de mon voilier me fit la remarque, que compte tenu de sa taille (1.95m) il trouvait que la hauteur sous barreau du Sun Kiss était trop petite.
Je lui indiquais que ce n’était pas un voilier qu’il devait acheter, mais un porte-avion.
Et donc au bout de cinq mois, mon voilier n’étant pas vendu, je le mis sur ber en position de stockage et m’en alla prendre la barre d’un soixante pieds alu en Patagonie.
Lors de mon retour, six mois plus tard, je fus contacté par un internaute marin qui ayant vu sur mon site internet la vente de mon bateau, me contacta. Je lui répondis que je n’avais plus envie de le vendre. Il insista et me précisa que de toute façon il serait sur zone le week-end suivant.
Et effectivement, il se présenta bien au pied de la passerelle le dimanche suivant. Je le reçus avec courtoisie ainsi que toute sa petite famille. Je le laissais visiter le bateau à sa convenance. Il s’agissait d’un jeune couple avec deux filles d’une dizaine d’années.
Il m’indiqua son intérêt, bien que je soulignais les travaux conséquents à entreprendre avant qu’il se lance à la conquête des océans. Il admit le fait et me proposa un prix pour l’achat du voilier. Je jugeais sa proposition tout à fait convenable, sachant que si je vendais mon voilier, je voulais par la suite ne pas culpabiliser et croire un seul instant que j’avais « arnaqué » l’acheteur. Je voulais que ce dernier achetât en toutes connaissances de causes de l’état du voilier.
Je lui indiquais que je réfléchirais à sa proposition et lui donnerais une réponse dans la semaine.
Et c’est ainsi que je vendis mon voilier à un sympathique « Capitaine ».
Fin du premier épisode, celui du «vendeur»
Conclusions : Bien entendu, pour certains celles-ci pourraient apparaitre comme des truismes, mais il me semble indispensable de les préciser.
- Vendre un bateau s’apparente à vendre une maison. Et donc les critères à respecter sont les mêmes.
Si vous le surévaluez, il ne se vendra pas, à contrario, si vous le sous-évalué vous instiller un doute dans l’esprit de l’acheteur. Donc, consulter les sites internet, faites des comparaisons avec des modèles identiques, et proposer un juste prix auquel vous-même vous achèteriez ce voilier.
Acheter un voilier ou un bien immobilier, c’est la rencontre avec le « coup de foudre »
Faites que votre bateau soit « accueillant ». Un bateau propre, un carré et des cabines rangés.
Et surtout soyez « honnête » Présentez objectivement votre voilier, faites «parler» votre interlocuteur pour connaitre son besoin, et à l’aune de celui mettez en avant les caractéristiques de votre voilier correspondantes à sa recherche.
- Quel support pour vendre ? :
Passer par un professionnel : Oui, s’il est compétent. Mais cela n’est pas toujours évident à déterminer. Pas nécessairement un spécialiste qui aura la science infuse et noiera l’acheteur sous un déluge de spéciations techniques, mais plus surement sur la démarche commerciale qu’il entreprendra, et sera répondre aux attentes et aux besoins du futur plaisancier.
Le fait de passer par un professionnel vous évite d’avoir à faire visiter votre voilier et par conséquent souvent à vous déplacer de loin pour un chaland plus curieux qu’intéressé.
Le vendre sois même : Bien entendu ca présente des avantages : Pas de commission à laisser au professionnel (entre 6 et 8%).
Pour cela : - le panneau sur la filière « A VENDRE »
- Les sites internet : Il y en a pléthore. Des payants et des gratuits. Il faut cependant avoir quelques connaissances en matière de « marketing » En effet, la façon dont vous présenterez votre voilier à la vente peut être très positive mais aussi dissuasive pour un acheteur potentiel. Faites un test pour exemple : Allez sur le site « leboncoin.fr » sous la rubrique « nautisme » et vous comprendrez en parcourant certaines annonces, pourquoi l’acheteur potentiel n’a pas envie de cliquer sur celles-ci pour en voir les détails : Absence de prix, année de construction non-indiquée, détails sans intérêt, formule « bateau » : - Prêt pour un tour du monde, etc..
En guise de conclusion générale et comme liaison avec le deuxième épisode, cette maxime que j’ai fait mienne :
« - Ne fait pas à autrui ce que tu n’as pas aimé qu’on te fit »
Deuxième épisode : celui de l’acheteur :
À l’issue du convoyage d’un voilier aux Antilles, j’eus l’impérieux besoin de me retrouver à bord de mon propre voilier.
Et donc je me mis en quête et en chasse pour l’acquisition du voilier de mes « rêves ». Je vous invite à suivre sur mon site internet mes tribulations (La balade du sans logis)
Et donc, au-delà de ce récit anecdotique, je vous livre mes réflexions sur ce parcours d’obstacles du marin à la recherche d’un voilier à l’achat.
- Globalement les prix des voiliers d’occasion sont trop élevés en France, de l’ordre de 20% par rapport à d’autres pays européen.
Les professionnels affichent généralement des prix plus en rapport avec la valeur réelle du voilier.
Les particuliers ont tendance à considérer que leur bateau est une offre exceptionnelle et son prix en conséquence.
- Les informations, les caractéristiques, les inventaires, sont tendancieux, souvent orientés, incomplet, voir controuvés.
Mais le plus subjectif sont les photos accompagnant l’annonce qui se révèlent trompeuses. Et j’avoue, au cours de mes nombreuses visites, avoir été souvent vexé de m’être laissé abusé par les photos.
Donc, où trouver le voilier de ses rêves ?
Chez un professionnel :
Vos démarches s’en seront simplifiées, ainsi que vos déplacements. La présentation du voilier sera plus objective que celle du propriétaire. Mais ce qui me semble le plus intéressant, c’est qu’il apporte sa caution à la démarche commerciale et vous assure qu’en cas de litige, comme pour exemple, un vice caché lors de l’expertise, que la vente sera annulée. Il y va de sa notoriété.
À contrario, les unités qu’il vous proposera ne seront que les mandats de vente qu’il détient ; par conséquent un choix limité.
Après du propriétaire-vendeur :
Comme explicité plus haut ça peut être le meilleur comme le plus mauvais choix.
Ce choix ne peut être fait que par un acheteur averti avec une bonne expérience.
Quelques opportunités :
Acheter aux Antilles française à partir du mois d’avril. Mais ce qui vous obligera à quitter les Antilles avant le mois de juillet.
Acheter aux USA :
Oui…Mais : Déplacement, convoyage, francisation, etc.…
Conclusion partielle :
- « Faites ce que j’écris et non pas ce que j’ai fait ».
Avant de se précipiter sur les premières annonces, commencez sur une feuille de papier à bien définir vos besoins (Budget, zone de navigation présentement, futur, connaissances techniques, place de port, etc...)
Sous forme d’algorithmes :
Pour exemple, si vos projets de voyages se feront essentiellement dans le bassin méditerranéen, inutile de vous tourner impérativement vers une coque en acier, même si elles sont moins chères.
Déterminer la taille de votre futur voilier. Sachant que le coût de votre bateau ira bien au-delà de son prix d’achat. Le coût annuel est très différent entre une unité de 12 m et une de 14 m, ne serait-ce que par le prix de la place de port.
CONCLUSION GÉNÉRALE
Acheter ou vendre son voilier n’est pas évident, souvent vous entendrez vous dire
-« Ce n’est pas le bon moment, le marché est atone ».
Il est certain que pour acheter ou vendre il existe des époques plus propices. L’essentiel étant de ne pas être pressé et de se bien organiser, en particulier pour les visites des voiliers de façon à pouvoir regrouper celles-ci.
Pour un plaisancier qui aura déjà une bonne expérience, le parcours d’obstacles sera facilité. Mais pour un néophyte, il est conseillé de s’entourer d’une relation, d’un ami qui sera le guider dans son choix.
Marcus