SNSM si je ne me trompe pas veut dire "Societe Nationale de Sauvetage en Mer". En fait, et la encore corrigez moi si me trompe,
cette societe est constituee de volontaires. Le financement des bateaux et egalement dus a des dons. L'Etat francais ne
participant que marginalement dans le financement ou pas du tout.
Je me demande combien de pays en Europe sont dans la meme situation.
Je vis aux Etats Unis et les Cost Guards ont en plus du role de Police de la mer, et controle douannier, un role de sauveteurs.
Quand on voit les moyens dont ils disposent on ne peut qu'etre envieux. Meme chose au Canada
Pour quoi la Marine francaise n'a pas le meme role...et pourquoi l'Etat est il si peu engage dans le secour en mer.
Quand a la SNSM bravo et encore merci pour toutes les actions de secours qu'elle effectue tous les ans.
pour comprendre pourquoi nous avons en France une Société Nationale de Sauvetage en Mer, organisme indépendant régit par
les dispositions de la Loi du 1er juillet 1901, il faut rappeler rapidement ce qu?est une association, en droit français et ce que
sont, chez nous, les associations.
C'est une particularité de notre pays de confier à des organismes associatifs des missions de service public. Aussi contestable -
politiquement parlant- que cela puisse être, et aussi étonnant que ce soit pour ceux qui vivent dans d'autres pays. En France,
nous y sommes habitués, au point que personne, ou presque, ne s'en étonne plus.
Ce n'est pas particulier à la SNSM. Dans de nombreux domaines, l'Etat, plutôt que de mettre en oeuvre des moyens spécifiques,
préfère subventionner des organismes indépendants, constitués le plus souvent sous la forme d'association à but non lucratif.
Parfois, ces associations ont une véritable mission de service public, comme l'Agence Nationale Pour l'Emploi (ANPE) par exemple,
ou les centaines d'associations qui interviennent dans le domaine social et juridico social. Ces associations ont pour objet une
mission définie par l'Etat ou reconnue par lui comme d'utilité publique, reçoivent des subventions qui couvrent ou non la totalité
de leurs besoins et se substituent à l'Etat pour ces missions, dites de service public, dont on pourrait penser qu'elles sont plutôt
de la compétence et du ressort de l'administration.
En ce qui concerne la SNSM, il s'agit d?une association qui reçoit des subventions publiques de l'État, des régions, des
départements et des collectivités locales. Ces subventions étant insuffisantes pour assurer le budget de fonctionnement, la
SNSM fait appel à d'autres moyens, et notamment aux dons, cotisations, legs. Bref, appel au peuple. Les membres de la SNSM
sont bénévoles ! Ce qui signifie que l'Etat ne prend pas financièrement en charge la totalité du coût du sauvetage maritime.
Notons au passage que dans le domaine du non engagement de l'Etat en France, il y a pire, comme par exemple en ce qui
concerne la recherche médicale (qui ne concerne pas quelques plaisanciers et marins mais toute la population), domaine dans
lequel une partie importante du budget global vient de dons faits aux associations (recherche contre le cancer, par exemple),
autant d'argent que l'Etat ne dépense donc pas. Trivialement dit, c'est « vous voulez des sous, démerdez vous ». Or, la santé
publique est bel et bien, dans une démocratie, de la compétence de l'Etat, pas du bon vouloir des généreux donateurs. En tout
cas, cela semble évident, sauf en France.
Disons le clairement, tout cela n'a rien à voir avec la politique politicienne, et rien à voir avec le libéralisme politico économique
actuel : c'est ainsi depuis fort longtemps, et la Loi qui régit le fonctionnement associatif français date de 1901.
Cette particularité franco-française a sans doute des avantages, mais aussi de nombreux inconvénient pratiques. Les
associations ont bien entendu un fonctionnement autonome, elles sont décisionnaires quand à leurs modes d'actions, la gestion
de leur budget, le choix de leur personnel, etc. Parfois, ça fonctionne bien, parfois non. Il existe une institution, la Cour des
Comptes, qui a notamment pour mission de contrôler le fonctionnement des associations qui reçoivent des participations
financières de l'Etat. En fait, ce contrôle porte significativement sur l'utilisation qui est faite pas ces associations des deniers
publics, dans le cadre de leurs missions.
Mais venons en à la SNSM, puisque c'est le sujet ici, sujet lancé suite à la présentation par Jacques REY d'un livre, Sauvetages
en Méditerranée, qui relate un certains nombres d'interventions d'assistance en mer. Ce livre a, à mon avis, un intérêt certain : il
relate les faits tels qu'ils sont vécus à bord d?un canot de sauvetage et le narrateur fut membre de l'équipage de ce canot. Le
récit vient donc de "l'intérieur" et, sans doute un peu naïvement, l'auteur nous livre des pistes de réflexions, pour peu que nous
ayons envie de réfléchir.
A mon avis, deux impressions particulièrement fortes ressortent de la lecture de cet ouvrage. La première : le courage. Tout le
monde se doutait que les équipages des canots tout temps de la SNSM étaient constitués de gens courageux. Comment pouvait-
il en être autrement ? Mais en lisant ce livre, on en a la totale certitude, et plus encore, on voit bien qu'il s'agit d'un très grand
courage. Quiconque a navigué à bord d'une vedette à moteur par force 6 peut imaginer ce que c'est que de le faire par force
10, fusse à bord d'un canot insubmersible et auto redressage, avec 6 mètres de creux, pendant des heures à toutes les allures.
Lorsqu'en plus, ces intervention, souvent nocturnes et hivernales, se font dans des conditions dramatiques - et une action de
sauvetage est toujours angoissante -, alors qu'on vient d?être tiré du lit par le bip d?alarme, lorsqu'il va falloir se déplacer sur le
pont d'un canot ballotté comme un fétu de paille, noyé sous les embruns, et manipuler des engins rendus dangereux par les
conditions de temps, c'est vraiment un courage à tout épreuve qui est nécessaire, un courage qui force le respect.
La seconde impression ressentie à la lecture du livre, c'est celle du manque de professionnalisme des équipages des canots.
Comprenons nous bien sur ce point, délicat. Il ne s'agit pas ici de critiquer l'action d?hommes courageux, qui donnent de leur
temps et de leur énergie au service des autres. Il s'agit plutôt de comprendre et de dire les limites du système, ce qui est très
différent. Cette impression n'en est d?ailleurs pas une, c'est une réalité éclairée par les termes mêmes de l?auteur. Prenons
quelques exemples dans le livre :
« [Le canot] est armé par un équipage de huit hommes, tous bénévoles et formés sur le tas »
« (...) j'ai eu la surprise de constater qu'aucun [des équipiers du canot] n'était marin professionnel »
« Gilles était un des rares marins professionnels de la station. Maître principal infirmier dans la marine (...) »
« Jean-Yves (...) trouvait toujours que l?équipage qu'il avait sous ses ordres n'était pas assez entraîné (...) Il était impitoyable
avec la sécurité de ses hommes (...) Cela ne plaisait pas à certains équipiers, mais c'est lui qui avait raison»
« Il était un des plus assidus aux exercices du dimanche (...) »
« A mon grand étonnement, je découvris un ensemble de personnes, venu de tous les horizons (...), touchant un peu ou pas du
tout au milieu maritime »
On serait, en effet, étonné à moins. Les équipages sont formés sur le tas: on croit rêver.
Aucun des équipiers de la vedette n'est marin professionnel (certains ne sont même pas marins du tout).
Gilles, un des rares marins, est infirmier.
Jean-Yves insiste sur l'entraînement, ce qui signifie que ce n'est pas le cas d'autres patrons.
L'un est assidu aux exercices; et les autres ?
Cela fait bien entendu toute la différence qu'il existe entre, d'une part, des équipages professionnels, correctement formés,
encadrés et entraînés, équipé d'un matériel dont l'entretien fait l'objet de procédures rigoureuses, comme cela est le cas des
Coast Guard US, et, d'autre part, la SNSM, dont les canots sont armés par des bénévoles. L'engagement de l'Etat n'est certes
pas le même ! On a tout de même l'impression que la SNSM se débrouille comme elle peut avec les moyens qu'elle a.
La France n'a pas souhaité confier l'action de sauvetage maritime à un corps spécialisé, au contraire d'autres pays maritimes. La
conséquence en est qu'une partie de la mission globale de secours en mer est assurée par des gens qui, quel que soit leur
mérite, ne sont pas des professionnels. Partant de ce constat, car s'en est un, on peut légitimement se poser la question du
niveau de compétence des équipages de la SNSM. Il est facile de comprendre qu'il ne saurait être du même niveau que celui
d'équipages pro., correctement formés et entraînés. Cela ne signifie pas obligatoirement qu'il soit insuffisant, et encore moins
insuffisant en toutes circonstances. Pour certaines missions, comme aller remorquer par temps maniable un plaisancier en panne
de moteur, il n'y a pas de commentaire à faire. Il est certain aussi que lorsque la nature de la détresse l'exige, d?autres moyens
sont mis en oeuvre, comme par exemple ceux de l'aéronavale, diablement efficace (par exemple, on ne leur connaît aucun cas
d'échec d'hélitreuillage). Restent beaucoup d'autres interventions, pour lesquelles on demande à des gens courageux de risquer
leur santé ou leur vie, bénévolement, et dans lesquelles ils ne pourront agir que « de leur mieux », dans la mesure de leurs
moyens.
Tout le monde a l'air de trouver cela normal et la moindre critique formulée à l'encontre des intervenants de la SNSM est en
général très mal perçue. Sans doute parce qu'ils sont courageux, peut-être simplement parce qu'ils sont là, il semble qu'il soit de
bon ton de tout leur pardonner, voire même de tout accepter. Qu'un canot de la SNSM remorque un voilier échoué et, ce
faisant, arrache la quille, il ne faut pas en parler. Qu'une vedette SNSM défonce un bateau qu'elle assiste parce que son timonier
a mal manoeuvré, silence SVP. Que le canot tout temps entre à 11 noeuds dans le port (et que son sillage fasse valdinguer la
casserole d'eau bouillante qui chauffait sur mon réchaud), je n'ai qu'à me taire. Et tout le monde a intérêt à se taire, ne serais-ce
que parce que la SNSM véhicule une impression favorable auprès du public, public dont elle a besoin, financièrement, pour
assurer sa mission. Que demain, l'image de marque de la SNSM se dégrade, qu'en sera-t-il de ses revenus ? Parviendra-t-elle
encore à recruter des bénévoles ? Or, nous qui naviguons, nous risquons un jour ou l?autre d'avoir besoin d'aide. Alors on
continue à verser sa cotisation annuelle (et on a raison de le faire) et à vanter les mérites de ces "marins" qui "risquent leur vie
bénévolement" pour secourir les autres. La SNSM, sans doute consciente du problème (ses cadres en tout cas) fait d'ailleurs très
attention à son image, ce qui se ressent bien lorsqu'on est attentif à sa communication, très bien faite et très professionnelle,
elle.
Mais, encore une fois, que personne ne voit ici une critique de la SNSM, ce n?est pas mon propos et ce n'est pas ma pensée. La
SNSM fait au mieux, avec les moyens qu'on lui donne.
Voilà bien ce paradoxe franco-français dont nous parlions plus haut, où l'Etat n'assume pas sa responsabilité et ose faire appel
au bénévolat dans un domaine qui, je le répète, relève à mon avis de sa compétence non seulement morale (ou politique), mais
également définie par les conventions internationales régissant le sauvetage en mer. Je conçois donc parfaitement que pour toi,
Philippe, vue depuis le Canada, cette situation soit difficile à comprendre. Si cela peut te rassurer, j'ai moi aussi du mal à
comprendre.
Bonjour
Je vous félicite pour votre lecture exhaustive du live de R Bruneliere, mais permettez moi de vous apporter certaines
informations et de vous préciser certains points:
- les "coast guards" devenus mythiques pour certains ont en ce qui concerne le sauvetage côtier la même organisation que
nous à base de bénévoles, le matériel étant il est vrai d'Etat . Les opérations au large sont faites par des coast guards
professionnels ressemblant à ceux de nos Abeille utilisées par les Premar.
- toute l'Europe du Nord est fondée sur le bénévolat, et la collecte de fonds est réalisée auprès de ceux qui utilisent la mer pour
leur plaisir. Notons que les Britanniques ont des professionnels pour la conduite mécanique et l'entretien des bateaux .
- les ressources en France en provenance des adhérents représentent 31% des recettes
- pour terminer sur ces points, avez vous pensé un seul instant au coût d'un système de sécurité qui devrait garantir la
permanence des secours le long des côtes alors que le nombre d'accidents est très faible et que ce système est mono-mission
contrairement aux pompiers qui sont multimissions ?.
En ce qui concerne le professionnalisme des sauveteurs, il y a bien sûr du vrai dans vos propos . Mais notons:
- que nous ne déplorons aucune perte d'un équipier SNSM depuis dix ans qui serait due à un manque avéré d'expérience
- qu?aucune vie humaine n?a été perdue lors de sauvetages
-que les bris de coques lors d'interventions existent mais sont rares . J'ai l'expérience de deux remorqueurs civils: j'affirme que
lorsqu'il faut tirer un bateau d'un échouement ils ne font pas dans la dentelle !
Voici encore quelques réflexions
- qui est un bon marin de bateau de sauvetage ? Un voileux qui n'a jamais man?uvré un canot de 1000CV ? Un pêcheur
professionnel en Méditerranée propriétaire d'un pointu de 6 mètres ou en Atlantique un homme qui à fond de cale découpe des
filets de poisson ? Un mécanicien de la Marmar qui navigue sur un pétrolier ?
- en ce qui concerne le Var ,l'essentiel sur un canot c'est le patron , produit rare nommé par le Siège ; on en trouve 3 au mieux
par station mais ils sont costauds . Des exemples : Kl.., 16 ans de sauvetage avec 50 sortie par an, Th... 20 ans q?ili man?uvre
de grosses vedettes, Ge... skipper de voilier depuis des dizaines d'année, Ce... contrôleur des affaires maritimes, marin
professionnel tout comme Qu..(24 ans de snsm), d'Or...pilote de la pilotine du port de Marseille etc.
- c'est vrai que les équipages ne sont pas tous des grands marins car ceux-ci répugnent dans leur majorité à nous rejoindre(
exception pour le vainqueur du dernier Vendée Globe) et c'est bien pour cela qu'à l'image des pompiers, des soldats nous faisons
des cours dans tous les domaines( navigation, matelotage, secourisme etc) et que nous nous entraînons . Venez avec moi faire
un entraînement de nuit à l'hélitreuillage ...c'est vrai qu'on mouille sa chemise?
Voilà un ensemble de réponses qui n'est pas un plaidoyer ;nous avons nos faiblesses ,nous les connaissons et essayons avec
succès de les combler.
Mais nous vous remercions pour votre contribution qui nous amène à réfléchir encore et à nous motiver pour parfaire notre
entraînement afin d?approcher le plus possible du top niveau .
Jacques REY Président de l?antenne SNSM de Ste Maxime
----- Original
SNSM si je ne me trompe pas veut dire "Societe Nationale de Sauvetage en Mer". En fait, et la encore corrigez moi si me trompe,
cette societe est constituee de volontaires. Le financement des bateaux et egalement dus a des dons. L'Etat francais ne
participant que marginalement dans le financement ou pas du tout.
Je me demande combien de pays en Europe sont dans la meme situation.
Je vis aux Etats Unis et les Cost Guards ont en plus du role de Police de la mer, et controle douannier, un role de sauveteurs.
Quand on voit les moyens dont ils disposent on ne peut qu'etre envieux. Meme chose au Canada
Pour quoi la Marine francaise n'a pas le meme role...et pourquoi l'Etat est il si peu engage dans le secour en mer.
Quand a la SNSM bravo et encore merci pour toutes les actions de secours qu'elle effectue tous les ans.
Philippe
Philippe,
pour comprendre pourquoi nous avons en France une Société Nationale de Sauvetage en Mer, organisme indépendant régit par
les dispositions de la Loi du 1er juillet 1901, il faut rappeler rapidement ce qu?est une association, en droit français et ce que
sont, chez nous, les associations.
C'est une particularité de notre pays de confier à des organismes associatifs des missions de service public. Aussi contestable -
politiquement parlant- que cela puisse être, et aussi étonnant que ce soit pour ceux qui vivent dans d'autres pays. En France,
nous y sommes habitués, au point que personne, ou presque, ne s'en étonne plus.
Ce n'est pas particulier à la SNSM. Dans de nombreux domaines, l'Etat, plutôt que de mettre en oeuvre des moyens spécifiques,
préfère subventionner des organismes indépendants, constitués le plus souvent sous la forme d'association à but non lucratif.
Parfois, ces associations ont une véritable mission de service public, comme l'Agence Nationale Pour l'Emploi (ANPE) par exemple,
ou les centaines d'associations qui interviennent dans le domaine social et juridico social. Ces associations ont pour objet une
mission définie par l'Etat ou reconnue par lui comme d'utilité publique, reçoivent des subventions qui couvrent ou non la totalité
de leurs besoins et se substituent à l'Etat pour ces missions, dites de service public, dont on pourrait penser qu'elles sont plutôt
de la compétence et du ressort de l'administration.
En ce qui concerne la SNSM, il s'agit d?une association qui reçoit des subventions publiques de l'État, des régions, des
départements et des collectivités locales. Ces subventions étant insuffisantes pour assurer le budget de fonctionnement, la
SNSM fait appel à d'autres moyens, et notamment aux dons, cotisations, legs. Bref, appel au peuple. Les membres de la SNSM
sont bénévoles ! Ce qui signifie que l'Etat ne prend pas financièrement en charge la totalité du coût du sauvetage maritime.
Notons au passage que dans le domaine du non engagement de l'Etat en France, il y a pire, comme par exemple en ce qui
concerne la recherche médicale (qui ne concerne pas quelques plaisanciers et marins mais toute la population), domaine dans
lequel une partie importante du budget global vient de dons faits aux associations (recherche contre le cancer, par exemple),
autant d'argent que l'Etat ne dépense donc pas. Trivialement dit, c'est « vous voulez des sous, démerdez vous ». Or, la santé
publique est bel et bien, dans une démocratie, de la compétence de l'Etat, pas du bon vouloir des généreux donateurs. En tout
cas, cela semble évident, sauf en France.
Disons le clairement, tout cela n'a rien à voir avec la politique politicienne, et rien à voir avec le libéralisme politico économique
actuel : c'est ainsi depuis fort longtemps, et la Loi qui régit le fonctionnement associatif français date de 1901.
Cette particularité franco-française a sans doute des avantages, mais aussi de nombreux inconvénient pratiques. Les
associations ont bien entendu un fonctionnement autonome, elles sont décisionnaires quand à leurs modes d'actions, la gestion
de leur budget, le choix de leur personnel, etc. Parfois, ça fonctionne bien, parfois non. Il existe une institution, la Cour des
Comptes, qui a notamment pour mission de contrôler le fonctionnement des associations qui reçoivent des participations
financières de l'Etat. En fait, ce contrôle porte significativement sur l'utilisation qui est faite pas ces associations des deniers
publics, dans le cadre de leurs missions.
Mais venons en à la SNSM, puisque c'est le sujet ici, sujet lancé suite à la présentation par Jacques REY d'un livre, Sauvetages
en Méditerranée, qui relate un certains nombres d'interventions d'assistance en mer. Ce livre a, à mon avis, un intérêt certain : il
relate les faits tels qu'ils sont vécus à bord d?un canot de sauvetage et le narrateur fut membre de l'équipage de ce canot. Le
récit vient donc de "l'intérieur" et, sans doute un peu naïvement, l'auteur nous livre des pistes de réflexions, pour peu que nous
ayons envie de réfléchir.
A mon avis, deux impressions particulièrement fortes ressortent de la lecture de cet ouvrage. La première : le courage. Tout le
monde se doutait que les équipages des canots tout temps de la SNSM étaient constitués de gens courageux. Comment pouvait-
il en être autrement ? Mais en lisant ce livre, on en a la totale certitude, et plus encore, on voit bien qu'il s'agit d'un très grand
courage. Quiconque a navigué à bord d'une vedette à moteur par force 6 peut imaginer ce que c'est que de le faire par force
10, fusse à bord d'un canot insubmersible et auto redressage, avec 6 mètres de creux, pendant des heures à toutes les allures.
Lorsqu'en plus, ces intervention, souvent nocturnes et hivernales, se font dans des conditions dramatiques - et une action de
sauvetage est toujours angoissante -, alors qu'on vient d?être tiré du lit par le bip d?alarme, lorsqu'il va falloir se déplacer sur le
pont d'un canot ballotté comme un fétu de paille, noyé sous les embruns, et manipuler des engins rendus dangereux par les
conditions de temps, c'est vraiment un courage à tout épreuve qui est nécessaire, un courage qui force le respect.
La seconde impression ressentie à la lecture du livre, c'est celle du manque de professionnalisme des équipages des canots.
Comprenons nous bien sur ce point, délicat. Il ne s'agit pas ici de critiquer l'action d?hommes courageux, qui donnent de leur
temps et de leur énergie au service des autres. Il s'agit plutôt de comprendre et de dire les limites du système, ce qui est très
différent. Cette impression n'en est d?ailleurs pas une, c'est une réalité éclairée par les termes mêmes de l?auteur. Prenons
quelques exemples dans le livre :
« [Le canot] est armé par un équipage de huit hommes, tous bénévoles et formés sur le tas »
« (...) j'ai eu la surprise de constater qu'aucun [des équipiers du canot] n'était marin professionnel »
« Gilles était un des rares marins professionnels de la station. Maître principal infirmier dans la marine (...) »
« Jean-Yves (...) trouvait toujours que l?équipage qu'il avait sous ses ordres n'était pas assez entraîné (...) Il était impitoyable
avec la sécurité de ses hommes (...) Cela ne plaisait pas à certains équipiers, mais c'est lui qui avait raison»
« Il était un des plus assidus aux exercices du dimanche (...) »
« A mon grand étonnement, je découvris un ensemble de personnes, venu de tous les horizons (...), touchant un peu ou pas du
tout au milieu maritime »
On serait, en effet, étonné à moins. Les équipages sont formés sur le tas: on croit rêver.
Aucun des équipiers de la vedette n'est marin professionnel (certains ne sont même pas marins du tout).
Gilles, un des rares marins, est infirmier.
Jean-Yves insiste sur l'entraînement, ce qui signifie que ce n'est pas le cas d'autres patrons.
L'un est assidu aux exercices; et les autres ?
Cela fait bien entendu toute la différence qu'il existe entre, d'une part, des équipages professionnels, correctement formés,
encadrés et entraînés, équipé d'un matériel dont l'entretien fait l'objet de procédures rigoureuses, comme cela est le cas des
Coast Guard US, et, d'autre part, la SNSM, dont les canots sont armés par des bénévoles. L'engagement de l'Etat n'est certes
pas le même ! On a tout de même l'impression que la SNSM se débrouille comme elle peut avec les moyens qu'elle a.
La France n'a pas souhaité confier l'action de sauvetage maritime à un corps spécialisé, au contraire d'autres pays maritimes. La
conséquence en est qu'une partie de la mission globale de secours en mer est assurée par des gens qui, quel que soit leur
mérite, ne sont pas des professionnels. Partant de ce constat, car s'en est un, on peut légitimement se poser la question du
niveau de compétence des équipages de la SNSM. Il est facile de comprendre qu'il ne saurait être du même niveau que celui
d'équipages pro., correctement formés et entraînés. Cela ne signifie pas obligatoirement qu'il soit insuffisant, et encore moins
insuffisant en toutes circonstances. Pour certaines missions, comme aller remorquer par temps maniable un plaisancier en panne
de moteur, il n'y a pas de commentaire à faire. Il est certain aussi que lorsque la nature de la détresse l'exige, d?autres moyens
sont mis en oeuvre, comme par exemple ceux de l'aéronavale, diablement efficace (par exemple, on ne leur connaît aucun cas
d'échec d'hélitreuillage). Restent beaucoup d'autres interventions, pour lesquelles on demande à des gens courageux de risquer
leur santé ou leur vie, bénévolement, et dans lesquelles ils ne pourront agir que « de leur mieux », dans la mesure de leurs
moyens.
Tout le monde a l'air de trouver cela normal et la moindre critique formulée à l'encontre des intervenants de la SNSM est en
général très mal perçue. Sans doute parce qu'ils sont courageux, peut-être simplement parce qu'ils sont là, il semble qu'il soit de
bon ton de tout leur pardonner, voire même de tout accepter. Qu'un canot de la SNSM remorque un voilier échoué et, ce
faisant, arrache la quille, il ne faut pas en parler. Qu'une vedette SNSM défonce un bateau qu'elle assiste parce que son timonier
a mal manoeuvré, silence SVP. Que le canot tout temps entre à 11 noeuds dans le port (et que son sillage fasse valdinguer la
casserole d'eau bouillante qui chauffait sur mon réchaud), je n'ai qu'à me taire. Et tout le monde a intérêt à se taire, ne serais-ce
que parce que la SNSM véhicule une impression favorable auprès du public, public dont elle a besoin, financièrement, pour
assurer sa mission. Que demain, l'image de marque de la SNSM se dégrade, qu'en sera-t-il de ses revenus ? Parviendra-t-elle
encore à recruter des bénévoles ? Or, nous qui naviguons, nous risquons un jour ou l?autre d'avoir besoin d'aide. Alors on
continue à verser sa cotisation annuelle (et on a raison de le faire) et à vanter les mérites de ces "marins" qui "risquent leur vie
bénévolement" pour secourir les autres. La SNSM, sans doute consciente du problème (ses cadres en tout cas) fait d'ailleurs très
attention à son image, ce qui se ressent bien lorsqu'on est attentif à sa communication, très bien faite et très professionnelle,
elle.
Mais, encore une fois, que personne ne voit ici une critique de la SNSM, ce n?est pas mon propos et ce n'est pas ma pensée. La
SNSM fait au mieux, avec les moyens qu'on lui donne.
Voilà bien ce paradoxe franco-français dont nous parlions plus haut, où l'Etat n'assume pas sa responsabilité et ose faire appel
au bénévolat dans un domaine qui, je le répète, relève à mon avis de sa compétence non seulement morale (ou politique), mais
également définie par les conventions internationales régissant le sauvetage en mer. Je conçois donc parfaitement que pour toi,
Philippe, vue depuis le Canada, cette situation soit difficile à comprendre. Si cela peut te rassurer, j'ai moi aussi du mal à
comprendre.
Cordialement.
Tres clair. Merci. J'ai appris pas mal de choses aujourd'hui.
Philippe
exposé clair, complet et objectif
merci
Bonjour
Je vous félicite pour votre lecture exhaustive du live de R Bruneliere, mais permettez moi de vous apporter certaines
informations et de vous préciser certains points:
- les "coast guards" devenus mythiques pour certains ont en ce qui concerne le sauvetage côtier la même organisation que
nous à base de bénévoles, le matériel étant il est vrai d'Etat . Les opérations au large sont faites par des coast guards
professionnels ressemblant à ceux de nos Abeille utilisées par les Premar.
- toute l'Europe du Nord est fondée sur le bénévolat, et la collecte de fonds est réalisée auprès de ceux qui utilisent la mer pour
leur plaisir. Notons que les Britanniques ont des professionnels pour la conduite mécanique et l'entretien des bateaux .
- les ressources en France en provenance des adhérents représentent 31% des recettes
- pour terminer sur ces points, avez vous pensé un seul instant au coût d'un système de sécurité qui devrait garantir la
permanence des secours le long des côtes alors que le nombre d'accidents est très faible et que ce système est mono-mission
contrairement aux pompiers qui sont multimissions ?.
En ce qui concerne le professionnalisme des sauveteurs, il y a bien sûr du vrai dans vos propos . Mais notons:
- que nous ne déplorons aucune perte d'un équipier SNSM depuis dix ans qui serait due à un manque avéré d'expérience
- qu?aucune vie humaine n?a été perdue lors de sauvetages
-que les bris de coques lors d'interventions existent mais sont rares . J'ai l'expérience de deux remorqueurs civils: j'affirme que
lorsqu'il faut tirer un bateau d'un échouement ils ne font pas dans la dentelle !
Voici encore quelques réflexions
- qui est un bon marin de bateau de sauvetage ? Un voileux qui n'a jamais man?uvré un canot de 1000CV ? Un pêcheur
professionnel en Méditerranée propriétaire d'un pointu de 6 mètres ou en Atlantique un homme qui à fond de cale découpe des
filets de poisson ? Un mécanicien de la Marmar qui navigue sur un pétrolier ?
- en ce qui concerne le Var ,l'essentiel sur un canot c'est le patron , produit rare nommé par le Siège ; on en trouve 3 au mieux
par station mais ils sont costauds . Des exemples : Kl.., 16 ans de sauvetage avec 50 sortie par an, Th... 20 ans q?ili man?uvre
de grosses vedettes, Ge... skipper de voilier depuis des dizaines d'année, Ce... contrôleur des affaires maritimes, marin
professionnel tout comme Qu..(24 ans de snsm), d'Or...pilote de la pilotine du port de Marseille etc.
- c'est vrai que les équipages ne sont pas tous des grands marins car ceux-ci répugnent dans leur majorité à nous rejoindre(
exception pour le vainqueur du dernier Vendée Globe) et c'est bien pour cela qu'à l'image des pompiers, des soldats nous faisons
des cours dans tous les domaines( navigation, matelotage, secourisme etc) et que nous nous entraînons . Venez avec moi faire
un entraînement de nuit à l'hélitreuillage ...c'est vrai qu'on mouille sa chemise?
Voilà un ensemble de réponses qui n'est pas un plaidoyer ;nous avons nos faiblesses ,nous les connaissons et essayons avec
succès de les combler.
Mais nous vous remercions pour votre contribution qui nous amène à réfléchir encore et à nous motiver pour parfaire notre
entraînement afin d?approcher le plus possible du top niveau .
Jacques REY Président de l?antenne SNSM de Ste Maxime
----- Original