Retour Guadeloupe-Toulon 2023 trop sud?
Nous quittons PAP le dimanche 21 mai à 9h30, après être arrivé un jeudi 18 férié en avarie, avoir réparé le mat le vendredi, fait les courses le samedi, difficile d'être plus efficace! et ......chanceux!
Je ne peux que continuer de penser aux haubans latéraux qui sont encore d'origine (23 ans) et qui pourraient bien aussi nous lâcher, mais le choix de faire un TAN de plus avec a été fait hiver 2022 et comme on dit le coup est parti, il reste à assumer....
Avec les poulies explosées en tête de mat (une pour le génois, une pour la GV, soit 2 sur 4 hors service), le deuxième démâtage de Teranga est d'ores et déjà programmé pour l'hiver 2023! (moi qui espérait changer mes haubans latéraux à flot.....fastidieux un dématage...).
La météo est toujours tranquille avec une composante sud qui va nous offrir une route NE, entre celles les deux derniers TAN.
Les cinq premiers jours sont entre 10 et 15 noeuds ESE avec un peu de pluie, plutôt agréables puisque nous allongeons le pas de 110 milles/jour à 140.
Puis le vent tombe, on sort le geneeker, on met le moteur, le vent passe au SW, un gros cachalot longe notre route à 300 mètres (très rare de voir des gros "poissons" au milieu de nulle part), on avance entre 80 et 120 milles par jour.
Le 12ème jour le vent accélère jusqu'à 20' WSW; on remets le tangon et 7' de moyenne, magique!, 160' dans la journée, on en demande pas plus. Par contre la température a bien baissé dans le bateau, on est passé de 30° à 23, c'est l'hiver!
Puis le vent passe au nord, pas trop fort, geneeker et moteur, 7 journées entre 90 et 130'. Deux espadons vont être ramenés sur la jupe. un de deux mètres (y compris le rostre) et un plus petit. Dans les deux cas le fil en nylon n'a pas résisté aux premiers débattements et nous ne mangerons sur ce retour ni espadon ni daurade, ni thon, une première! Peut-être l'effet Sargasses qui ne nous aurons pas quitté jusqu'aux Açores (année 2023 exceptionnelle paraît-il!).
Le 9 juin, c'est n'importe quoi, ciseau, bruine, orage à 17h, et la nuit la plus pénible depuis que Teranga navigue, entre force 5 et 6 de NWau près bon plein (3 ris partout!et même plus sur le génois), je m'en souviens très bien, j'ai pas dormi!
Récompense le lendemain, le vent adonne gentiment et nous offre une très belle journée à 120' qui nous fait atterrir le 11 à Santa Maria, l'escale de Christophe Colomb!
Sans cette heureuse surprise des dernières 24 h, nous restions à 100' au sud de Santa Maria et c'était soit escale à Madère (cinq jours de plus) soit direct Gibraltar (on sait pas combien en plus)! Nous avions assez d'eau pour le faire mais les tomates auraient manqué cruellement!
Le dernier tiers de cette traversée s'est passé entre 100 et 200 milles plus au sud que les trois dernières (toutes trois quasiment sur la même route). Du coup l'escale traditionnelle de Ponta Delgada a été assez rapidement exclue et celle de Santa Maria "accrochée" au dernier moment. Très petite île accueillante et sympathique où nous séjournerons deux nuits, le temps de se reposer et de retrouver tomates (rares sur l'île) et autres produits frais (porto....).
Les TAN de Teranga
A part deux nuits mouvementées cette traversée a été assez tranquille; 21 jours et 55 heures de moteur, dont une vingtaine d'heures pour passer une nuit "anticyclonique" (du 28 au 29 mai) sur un lac étoilé et le reflet de Vénus dans le sillage, magie de ces conditions qu'on ne voudrait pas quitter: beau temps avec petits cumulus éthérés, vents variables faibles autour de 10 noeuds, l'idéal du geneeker, nuits lumineuses, températures agréables, Teranga ne veut pas autre chose!
Nous repartons le 13 juin avec un temps bouché, vent SW force 4, rien de passionnant!
Le vent reste bien orienté mais devient faible au bout de deux jours et ce sera moteur- geneeker jusqu'à Gibraltar. C'est l'occasion pour Teranga de tester sa consommation gasoil à moins de 1600 tr/mn (vitesse optimale calculée). Olivier, mon équipier de la descente Toulon - Canaries, qui a le même bateau équipé d'un Volvo D255, m'avait vanté les mérites d'une consommation à moins de 2 l/h en restant en dessous des 1400tr/mn. Je m'étais un peu moqué de lui, cette consommation me paraissant ridiculement faible par rapport aux 3 l/h constatés quand Teranga est entre 1600 et 1800 tr/mn.
Et bien ça marche, entre 1200 et 1400 tr/mn on est bien à moins de 2 l/h et on a perdu que 20% de vitesse.
Conclusion pour aller le plus loin possible avec une quantité de gasoil déterminée, le régime moteur adéquat est bien en dessous de ce que j'avais pu calculer à partir des courbes théoriques de consommation du moteur.
Au bout de 5 jours, les voyants moteur et le contact moteur deviennent "intermittents". Il est temps d'abandonner la batterie moteur qui a 6 ans (100 AH au plomb classique) et de passer sur la batterie de secours type OPTIMA bleue 55 AH. Ne voulant pas me séparer à titre préventif de la "vieille" batterie, j'avais installé avant mon départ de Toulon une deuxième batterie, que je fais "travailler" de temps en temps, histoire de vérifier que je peux compter dessus, bien m'en a pris.
Deux jours plus tard, le 20 juin, nous arrivons à la hauteur de Tarifa vers 20h, poussé par un léger vent d'ouest qui va se renforcer dans le détroit jusqu'à 20 milles après Ceuta. La marée se présente bien et nous pousse déjà.
Comme pour la sortie il y a 7 mois, nous longeons le rail sud , côté Maroc, en priant pour que les orques nous oublient. Nous attendons d'en voir pour tester l'efficacité éventuelle du Pinger de la société Isifish, il fait encore jour! et effectivement nous en voyons une dizaine passer à 200 m de Teranga, direction Est-Ouest. La "rencontre" à distance ne dure pas longtemps puisque nous sommes déjà à plus de 8 noeuds en sens inverse, et les bestioles ne montrent aucun intérêt pour nous, contrairement à il y a deux ans (cf. billet spécial orques). Ouf!
Nous sortons du Détroit devant Ceuta a plus de 10 noeuds sous GV seule (pas le courage de prendre des ris au milieu du "bazar"), plein vent arrière, bâbord amure, ça décoiffe. Le Pinger est resté dans son coffre et les orques sont oubliés depuis longtemps.
Une bande de petits dauphins vient jouer un quart d'heure dans les petites vagues qui déferlent autour de la jupe (le courant doit être en train de s'inverser, mais le vent est monté à plus de 20 noeuds!).
Les cargos commencent à nous doubler à bâbord et à tribord, je n'aime pas ça!
Je décide donc de traverser les deux rails pour me mettre "à l'abri" côté côte espagnole vers Marbella.
Il y a du monde!
S'ensuit une route sinueuse entre les cargos pendant plus de deux heures, toujours sous GV seule à plus de 8 noeuds, ça fait du bien quand ça se calme!
Le vent va vite s'épuiser et c'est au moteur que nous arrivons à Garrucha le 22 à 10h. Port de fret en vrac peu agréable mais escale accueillante et toutes commodités faciles d'accès (petite précision, l'arrêt est facturé au prix d'une nuit, plus de tarif journée depuis la COVID!).
Le reste du retour vers Toulon va se passer essentiellement au moteur, arrêt à Ibiza - San Antony pour faire le plein, mouillage pas du tout bondé à Portinatx au nord de l'île, remouillage à Blanes pour attendre que monsieur Mistral se calme.
L'île aux pins toujours aussi belle!
On arrive finalement à Toulon le 29 juin , toujours au moteur, vive la Méditerranée!
Mais nous sommes heureux d'avoir ramené Teranga une fois de plus à son port d'attache sain et sauf.
Je retiendrai que les quelques jours passés dans l'Anticyclone des Açores méritent à eux seul le voyage, j'en suis encore chaque fois émerveillé!
Sinon ces transats, qu'elles soient aller ou retour, sont toujours très différentes en termes météo et confort,
Ceux qui me demandent si on ne s'ennuie pas à faire toujours le même tour (Teranga en est à son quatrième) me font bien sourire, même si je comprend qu'il en faille pour tous les goûts.
Ceci dit le voyage est quand même long, c'est peut-être le dernier de Teranga, il parait que je dis ça à chaque retour à Toulon.....
En attendant de savoir, bon vent à tous ceux qui sont sur l'eau..........
A Garrucha
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