Naviguer sans...safran

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GIBSEA 28 D L
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Naviguer sans...safran
subject no 85776
Naviguer sans?safran Intéressant de chercher en tapant« sans safran » dans le forum « café du port » de STW.FR, l?article « ancre flottante » du 28 mai 2003, mais je vais y ajouter ma petite expérience, surtout pour rassurer ceux à qui ça arriverait loin des côtes. Partis de Martinique à bord d?un Gibsea 414. Le propriétaire F.S. plaisancier et régatier très compétant chef de bord, et moi- même, plaisancier bien aguerri. Vent E à NE 5 à 7, mer forte. Après 5 jours de près soit environ 5OO NM (23°30?N, 58°W), la nuit, F.S. de quart, le bateau sous pilote fait n?importe quoi. Il n?y a pas eu de choc. Barre sans effet, drosses OK, mèche présente dans le coffre arrière. Mise à la cape pour attendre le jour, mais bateau très instable. Au matin, force 3, F.S. plonge : mèche coupée au ras de la voûte. Recherche de solutions. Gouvernail de fortune : nous ne sommes que deux, peu d?outils, tangon gros et court, efficacité douteuse : on ne fait pas ça. Le vent à fraîchit. Vent arrière génois un peu déroulé ou tourmentin : ne donne rien car voile ne reste pas devant le bateau ; il faudrait une aile de cerf-volant. Naviguer la poupe en avant, tourmentin tout aussi instable. Seule la cape courante (g.v. un peu choquée, génois à contre ?et en principe barre sous le vent, mais y?en a plus !) Navire très instable, lofe souvent, parfois un tour complet. Il faut un traînard. Pas d?ancre flottante (qui serait sans doute trop efficace) pas de grandes aussières. On mouille le tourmentin tenu par deux points à 10-15 m sur l?arrière. ça va mieux malgré de fréquents virements de bord qui après de savants réglages du régatier, finissent par se limiter à quelques uns par 24 heures, mais les réglages sont à reprendre quand la force du vent change. Nous progressons à 2 nds de moyenne vers l?arc des Antilles, route plus ou moins au 230. (attention, je suis très susceptible : ne me parlez pas de dérive, mais de progression !). Au troisième jour, un cargo en vue. Contact VHF, demandons qu?il veuille bien relayer un message. Pas un MAYDAY, pas un appel de détresse, un simple message aux familles et signaler notre route au Cross Antilles-Guyane dont nous aurons besoin dans quelques jours. Un appel de détresse aurait obligé le cargo à nous secourir et abandonner le bateau. Le cargo nous rappelle en confirmant qu?il a eu nos familles au téléphone. Super sympa ! Après 8 jours, vu notre position essayons de viser l?ile de St Martin. Le régleur à fort à faire, mais moyennant quelques virements de bord nous arrivons à 10 miles de cette ile et contactons le Cross (VHF). Remorquage le soir même, très laborieux car le Gibsea part au travers d?un bord sur l?autre malgré le traînard, violents rappels, rupture de la première remorque. Après 5 heure à 3 nds, mouillage dans la baies de Marigot. Ouf ! Moralité. Tant qu?il y a de l?eau à courrir, ça va. La recherche d?une bonne solution peut être longue. Pas de Mayday intempestif. Le cargo US John Page a été très sympa. Une ancre flottante « modulable », à petits cônes aurait été bien utile. Voir le sujet du 12 mars « longévité de l?inox » sur le forum signalé au début. Tourmentin »traînard « en miettes.Un bon régleur, c'est précieux.
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X95
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answer no 112187

Bonjour

merci de ce retour d'expérience.

Votre solution est bonne puisque vous êtes arrivés. Le trainard permet de re-reculer le centre de dérive et de stabiliser la
route.

J'ai lu quelque part, il y a longtemps un retour d'expérience sur l'usage du tangon et du seau comme gouvernail.

C'était un bateau qui avait, je crois un peu de safran (donc un centre de dérive encore suffisamment reculé).

Ils avaient amarré le tangon perpendiculairement à l'axe du bateau (en travers quoi) sur le bas du balcon arrière.

Ensuite, un vas et viens avait été gréé entre les mâchoires du tangon avec des poulies. Le seau était accroché sur le vas et
viens et trainait dans l'eau derrière le bateau.

L'équilibrage du bateau se faisait en décalant latéralement le point de tire du seau : sous le vent pour lofer et au vent
pour abattre.

Je ne sais pas si cela aurait marché sans safran du tout.

Pour l'arrivée, une annexe à couple, sur l'arrière, permet de man?uvrer un bateau avec le moteur de l'annexe. L'avantage de
l'annexe gonflable, c'est que c'est mou. Ce n'est valable que pour des petites distances. il faut principalement mettre une
garde entre l'avant de l'annexe et l'arrière du bateau (c'est elle qui prend l'effort de propulsion) et une pointe arrière.
C'est une technique utilisée pour les bateaux de course sans moteurs. Cela ne marche pas forcément avec de la houle.

Eric Clin

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SUN ODISSEY 33
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answer no 112208

Merci de ce recit vecu Donkiflotte
cette histoire d'appareil a gouverner hors d'usage me tracasse depuis des années et j'avais en tete une idee dont je ne sais pas
si elle est realiste: embarquer un tres long aviron de godille (pas facile a trouver) . ne me dites pas que c'est impossible j'ai deja
godille un lourd cotre breton de 12m... evidemment ca ne va pas vite (et pourtant j'etais bien plus jeune!),. et le tableau arriere
n'etait pas dans le meme sens que les jupes de nos bateaux de plaisance actuels ...ca aide.
L'aviron en question serait surtout destine a servir d'appareil a gouverener de secours, a l'ancienne . En cas de pepin ilfaudrait
alors le frapper sur le bacon arriere, au ras du pont. mais est ce bien mecaniquement (j'ai des douts). Surement pas une partie
de plaisir mais mieux que rien (c'est vrai que nos tangons sont trop courts pour ca)
Des avis?

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answer no 112225

bonjour
merci pour ce recit, pourriez vous nous indiquer le diametre de la mèche de safran sur ce bateau?

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answer no 112228

Sinon on peut aussi embarquer ce genre de chose

http://www.selfsteer.com/products/sos/index.php

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ICP 44
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answer no 112232

Merci Donkiflote,

Pour ce témoignage précieux. En voyant le SOS Rudder proposé par Ludo, je me dis que l?on achète ce type de système de
secours, probablement très efficace, lorsque que l?on a un doute sur son appareil à gouverner.

N?y avait-il vraiment aucun signe te permettant d?avoir le moindre doute sur l?état de la mèche de ton safran avant de la perdre ?

Marc

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GIBSEA 28 D L
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answer no 112237

Je ne peux pas bien répondre, le bateau n'est pas à moi. Diamètre: ?? C'est un gibsea 414. Signes avant-courreurs ?? Le
bateau était en gestion à une entreprise de location. Une "petite sortie" avant le grand dépard n'aurait servi à rien car rupture
après 5OO miles. De toute façon, je crois que l'acier, ça ne plie pas; ça tient ou ça casse.Voir le sujet du 12 mars "longévité de
l'inox". Aviron de secours: j'en ai en effet un très grand sur mon propre gibsea 28 car par deux fois, l'aiguillot inférieur a cassé.
Une fois entre Lisbone et Madère: retour à Lisbone avec le safran tenu par des bout' sur les winch. Heureusement personne
pour m'inquièter sur le rail des cargos car je ne pouvais utiliser que les voiles pour me diriger. L'autre fois en quittant Inish
Boffin, ouest de l'Irlande. Là le safran était sur le pont,donc le plan de dérive complètement anormal. Là aussi, jouer avec les
voiles, et la houle pour virer de bord dans ce coin sans cargos ni pêcheurs. Descendu jusqu'à la rivière Shannon où je savais qu'il
y aurait des bateaux. Un baliseur irlandais, puis un bateau de secours m'ont remorqué. Depuis j'ai remplacé les deux aiguillots
par trois, fait faire un aviron (dans un chantier près d'Arzal, Bretagne sud) et comme ça fait 8 ou 10 ans, je ne repars pas sans
3 aiguillots neufs, les anciens restant en secours. Bien sûr j'amarre solidement le safran (extérieur) au balcon. On peut imaginer
un safran de secours en bois comme l'original ou bois et plastique. Technique des seaux pour freiner le GS 414, on y a pensé
mais estimé que le pauvre seau serait vite aplati car anse peu solide. A +

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X95
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answer no 112239

Bonsoir :
Si tu ne pratique pas le seau à ciment en caoutchouc, c'est rédhibitoire!!! Sourire
Eric MDR

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X95
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answer no 112240

Bonsoir

Certains bateaux de courses au large ou de grande croisière ont des gabarit de safran prédécoupés dans les planchers. Il est
alors possible de bréler ces planches sur un tangon fixé sur un point fixe et solide à l'arrière (genre Kon Tiki). Les
efforts sont monstrueux et l'usage de palans pour tenir la barre est fortement recommandé.

Eric

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GIBSEA 28 D L
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answer no 112314

Bonne idée, le seau à ciment en caoutchou. Volumes gonflables: j'en ai depuis lgtemps, marque française Vogod (existe
encore??). Jamais servi, mais essayé plusieurs fois.Il faut estimer le poids du bateau dans l'eau en additionnant tout ce qui pèse
et soustrayant tout ce qui flotte. J'avais trouvé un article là-dessus. Où?? Trouver des points de fixation super-solides car
supporteront tout le poids du bateau. Un gonfleur non électrique très efficace. Protéger du ragage (table à carte, etc). Savoir
qu'il restera peu de place dans le bateau. Refaire des essais car on oublie. Risque de condamner des coffres importants (vivres
etc). Prévenir les équipiers au moins que ça existe à bord. Tout sera mouillé mais on peut faire route à la voile (essai Glénans,)
Gonflage avec bouteilles d'air: givrera probablement si pas de circiut spécial. Mais ,bon... c'est mieux qu'une survie où il y a
encore moins de place, dérive, peu de matos, escars,etc... A +

JM
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answer no 112320

Bonjour,

Je vais certainement sortir une grosse incongruïté, mais il me semble que ce risque d'accident milite d'autant plus pour un
propulseur d'étrave !!!

Merci de votre indulgence !!

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GIBSEA 28 D L
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answer no 112321

Propulseur d'étrave: Sur un petit bateau, à part la pompe des toilettes....

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FIRST 30
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answer no 112329

avais prevu l'usage des planchers et achete aiguillots et femelots ad hoc. si je recommence je prendrai le safran de secours
fabrique par une boite californienne
cet incident de perte de safran est incroyablement frequent
surtout sur les safrans sans aileron, je ne partirai pas sur un ocean avec ce type de safran

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FIRST 30
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answer no 112330

et utilisation des planchers,

les planchers du First 30 sont costauds (du 15 mm) , en double colle a l'epoxy plus roving ca dervait permettre de continuer au
ralenti sans GV bien sur

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GIBSEA 28 D L
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answer no 112354

Trouvé dans Voiles et Voiliers deux articles traitant du sujet. N° 396 FEVR 04 " 2100 milles sans safran" Nombreuses
photos . je résume: Jouet 37 3personnes à bord, gros bosseurs, nombreux outils. Avarie à 770 milles des antilles, gagneront
les Açores. Vitesse moyenne 2,7 nds. 32 jours. 1er essai tangon + planche. Trop fragile. 2ème essai idem mieux construit mais
très gros temps et épuisant pour les barreurs. 3ème essai un seau solide et tangon en travers du tableau. Correct. Préparent
pour l'aterrissage une pelle de safran car mèche intacte.Une semaine de travail. Servira à entrer au port. N° 425 JUILLET
06 "Nous avons parcouru 800 milles sans safran" Je résume: Océanis. Deux à bord.17 jours, parcouru 11OO milles sur l'eau.
Vitesse moyenne 2,6 nds. Voiles en ciseaux et ancre flottante, épuisant car demande règlage de chaque minute. Ne pouvons
dormir que 20 mn. Ne pensons plus à boire ou manger.Epuisement physique important, perdu chacun 10 kg. Route à 30° de
part et d'autre du vent arrière. Moteur pour électricité. Remorqués sur 70 milles, jugé les plus dangereux (pas de détails).
Intéressant de comparer avec l'article d'ouverture de ce sujet: Cape courante, atténue la mer forte, règlages nombreux mais
pas incessants, sommeil acceptable grace aussi au détecteur de radars. Horaires des repas + ou - respectés Vit environ 2 nds.
Durée 10 jours pour 5OO milles. Avons fait confiance à la direction stable du vent.

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First-25
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answer no 118712

Pour info, lors de la perte de mon safran la semaine dernière, nous avions envoyé un trainard gréé en pâte d'oie sur l'arrière,
c'est à dire: 2 courtes aussières partant de chaque taquet arrière, raccordées en "Y" à une longue aussière, le trainard au bout.
Cela permettait d'orienter le trainard babord / tribord. En guise de trainard, nous avions d'abord essayé d'utiliser un sceau, mais
après quelques minutes, l'anse avait lâché. C'était pourtant un gros sceau aux apparences bien solides. Finalement, c'est ma
petite ancre flottante plastimo, ne payant pas de mine, retrouvée en fond de cale: Elle a pris le relais. Après deux jours de gros
temps, elle est intacte. Je l'avais achetée après avoir lu "Navigation par gros temps" d'Adlard Coles, bien au chaud dans mon lit
parisien... Le vendeur avait rigolé, convaincu que je n'allais jamais m'en servir... Mais de toutes nos réparations de fortune:
Porte intérieure, aviron etc: La petite ancre flottante plastimo est la seule chose qui ait tenu.

Bref, c'est pour dire que lorsqu'on perd un safran, il y a des chance pour que ce soit par temps fort, et que les réparations de
fortunes (porte etc.) ne tiennent pas forcément par gros temps / grosse houle...

Lors de notre arrivée au Maroc, un marin du cru nous avait parlé d'une méthode consistant à envoyer deux pneux de voitures
en guise de trainard, chacun raccordé à une aussière: Babord + tribord. En réglant la longueur des aussière, on doit pouvoir
s'orienter. Quelqu'un a t'il entendu parler de cette méthode?...

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