Les PERLAS et la TRAVERSEE du PACIFIQUE

Les PERLAS et la TRAVERSEE du PACIFIQUE

Posté par : Guylaine et Max
27 Mars 2018 à 02h
Dernière mise à jour 16 Mai 2018 à 06h
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Les PERLAS et la TRAVERSEE du PACIFIQUE

 

Après avoir fait le plein de gasoil et d'eau au mouillage de Balboa, nous partons pour Tagura, une île un peu à l'écart de l'archipel des Perlas.  Nous laissons Panama City et ses tours. Le départ est vraiment trés joli avec tous ces gratte-ciel en arrière fond. Pour la petite histoire, bon nombre de ces tours sont inoccupées. Il paraît que leur construction  n'a servi qu'à blanchir de l'argent !

Armelle, une amie venue de France spécialement pour  jouer la lamaneuse lorsque nous avons franchi le canal, est avec nous. Nous sommes le 27 janvier 2018. Elle repart le samedi 3 février. 

La navigation est courte, 10MN. Nous faisons le tour de la petite île à coté de Tagura, réputée pour ses eaux poissonneuses. Max a mis beaucoup d'espoir avec une ligne de traîne qui ne prendra malheureusement aucun poisson. Nous nous amarrons à un coffre pour y passer la nuit et la mer agitée interdit toute descente à terre . Nous regardons l'île depuis le bateau.   

Le bain de mer est agréable et rafraîchissant.     Dure la vie de marin ! Sur notre guide papier,  nous choississons les îles des Perlas en fonction de la tenue du mouillage et de la hauteur d'eau. Ici, nous retrouvons les marées avec des marnages de 6m, ce qui n'est pas négligeable.  Armelle, tout comme nous, aime les coins sauvages.  Pachéca nous attire. Le guide nous la donne comme une île inhabitée. Nous larguons les amarres. Des oiseaux s'envolent.

En chemin, Max pêche un joli thon de 5kg.

  3 parts au frigo, 6 parts au congélateur. 

A Pachéca, nous optons pour le mouillage à l'ouest, à l'abri du vent. L'île est colonisée par des bandes d'oiseaux. On y voit beaucoup de frégates et de pélicans. Les frégates mâles présentent une grosse gorge rouge, un vrai ballon que l'on peut admirer en plein vol. Ils nichent sur des arbustes où le rouge de leur gorge ressemble à une grosse fleur.  Sans doute, est-ce pour séduire leur partenaire, que le mâle se pavane ainsi paré. Les pélicans quant à eux, nichent plus haut, au sommet des arbres un peu dénudés. Parmi tous ces oiseaux, vole un vautour au bec rouge. 

Nous sommes les seuls au mouillage et nous profitons d'un bon bain de mer. Les fonds ne sont pas extraordinaires, composés de sable et de roche. Les poissons y sont nombreux. Max tirera un poisson perroquet. Dentition du poisson perroquet adaptée à son mode alimentaire.

Sa chair blanche et délicate est un régal 

Nous repérons une petite allée  bétonnée pour cheminer dans l'île. Nous accostons avec l'annexe. Mais, à peine débarqué, un petit 4X4 arrive et son conducteur nous fait comprendre par "privado" que l'île est privée. Il nous autorise à rester sur la petite plage sur laquelle nous avons débarqué. Puis, au bout de quelques minutes,  nous appelle et nous explique que beaucoup d'animaux vivent sur cette île. Il nous décrit la faune et semble prêt à nous y emmener.  Je lui explique alors que nous n'avons pas un centime sur nous et alors, l'île nous redevient inaccessible ! 

Le soir, le soleil couchant, les oiseaux, le cri des singes hurleurs nous offrent gracieusement des images sublimes.

Le mercredi 31 janvier, nous quittons Pachéca pour un mouillage entre 2 îles, le sud l'île de Pachéra et le nord de Mogo Mogo. Quelques bateaux y sont déjà installés, d'autres viennent nous y rejoindre. 3 hirondelles venues nous voir. Le soir, c'est la lune qui nous enchante. Elle est rousse et toute ronde et un étrange phénomène de rayon bleu/vert nous laisse interrogatifs. 

Le lendemain, ramassage de gros bigorneaux pour Max. Cela lui rappelle sa Bretagne ! Tandis qu'Armelle et moi partons à la découverte de Pachéra. Les plages y sont belles,  avec des bois flottés que je me retiens de ramasser.   Un damoiseau sur une banlançoire.  Sexi l'arbre ! 

Hérisson des sables !   Un courlis ?

Nous contournons l'île à pied par les rochers.   Un oiseau est passé par là.  L'intérieur paraît impénétrable. Dans quelques centimètres d'eau des limaces de mer attendent que la marée remonte.  Pour les étoiles de mer, il sera trop tard ; elles agonisent sur la plage.  Les roches sont très belles avec des formes surprenantes et de ravissantes couleurs douces, du bleu et ses dégradés à l'ocre/gris.     L'île doit être d'origine volcanique . On y trouve du balsate et une forêt primaire fossilisée. Puis, nous arrivons à une habitation et des chiens nous ont repérées. Ils se dirigent vers nous, babines retroussées en aboyant. De toute façon, nous devons rentrer avant que la marée remonte. Courageusement, nous faisons demi-tour.

CANTADORA est la prochaine île.  Nous y retrouvons l'équipage de "Maïna", celui "d'Eleuthera et celui "d'Aramis".  Cantadora a été longtemps la villégiature de la "gente" de Panama. Aujourd'hui, délaissée car trop fréquentée par ce qu'ils appellent des "loqueteux". Le mouillage y est de bonne tenue. Nous pouvons nous approvisionner en vivre. En route pour les courses. Une petite bière !

Faute de ponton, nous achetons 32 bouteilles d'eau de 1 galon (1 galon équivaut à environ 3,80 litre).  Avec notre réserve de 600 litres sur "Légende du Val", cela nous suffira pour la traversée du Pacifique.  Côté gasoil, le plein a été fait à Balboa (400 litres). C'est depuis Cantadora qu'Armelle nous quitte. Nous avons été repéré l'aéroport et le guichet d'enregistrement.    

Un charmant taxi boat vient la chercher au bateau.   Au revoir Armelle. Son atterrage sera sportif  ! Les pieds dans l'eau, son pantalon sera tout mouillé mais heureusement les bagages échapperont à la vague.  L'avion décollera à sa grande surprise vers le sud ! Il ira chercher d'autres passagers sur une île avant d'atterrir à Panama. Changement d'aéroport et, départ le soir vers l'Europe. Son séjour aura été pour elle, l'aventure jusqu'au bout.

Avec Max, nous regardons la météo. Mardi 6 février 2018 nous paraît propice au départ. Nous comptons entre 25 et 40 jours de traversée selon le vent. Nous partons le jour-dit sous les grands coups de corne de brume de nos amis. C'est Max le capitaine. Il contourne l'archipel par le nord, génois et ballooneur à l'avant.      Le bateau file bien, 10 à 11 noeuds. C'est un vrai plaisir. Vers 16h, voyant le vent monter, je suggére de rentrer le ballooner. Max, capitaine, pense que le vent n'est pas si fort que ça. A 19h30, même  proposition de le rentrer et même réponse reçue. A 20h00, Max se décide. La nuit est maintenant largement installée. Je suis à l'écoute pour lui donner du mou et lui à l'emmagasineur. Arrivée au 3/4 de la voile enroulée, il annonce qu'il est épuisé et décide qu'il faut lâcher le point de drisse. Il me demande d'aller au pied du mat pendant que lui, récupère le ballooner. Mais, voilà la drisse qui me file entre les mains et le ballooner passe à l'eau.  Impossible de le remonter. Il est pris dans l'hélice qui tournait pour faire le plein des batteries ! Il ne nous reste plus qu'à nous dévier pour trouver un mouillage. Nous traversons un rail trés fréquenté, sans possibilité de mettre le moteur !  Au petit matin, nous mouillons dans la baie Isla Cana dans le nord du Panama. Cette baie qui s'offre à nous est superbe. Elle est immense et descend en pente douce sur du sable. Le vent est toujours là, ce qui nous permet de mouiller sans mettre le moteur en route. Nous sommes les seuls dans la baie. Elle est pour nous tout seul ! Son eau cristalline est turquoise. Max se met à l'eau et me dit que cela vite réglé. Je récupére le balloonner sur l'avant du bateau. Il est déchiré. La voile mythique de "Légende du Val" est hors d'usage ! Nous l'avions faite réviser l'an passé, elle était en très bonne état. D'humeur maussade, je résiste à l'envie d'un petit bain de mer. Le trajet est long jusqu'aux Marquises. Il n'y a pas de temps supplémentaire à perdre. Nous déjeunons de 2 oeufs au plat  et repartons au moteur, le vent a chuté. Nous retouchons du vent seulement quelques heures après et mettons l'arbre d'hélice en route pour recharger les batteries. Tout fonctionne, tout semble normal. Mais, pendant mon premier quart de nuit, je m'aperçois que ça ne marche plus et le signale à Max à la relève. Il constate que l'hélice ne tourne plus.  Nous attendons le jour pour se mettre à la cape et aller voir en dessous ce qui se passe. Des fils du ballooner sont restés et bloque l'hélice ! Max les retire et nous repartons. J'avoue que l' incident de cette voile me met de mauvaise humeur et j'annonce à Max que j'arrête ce tour du monde à Tahiti si nous ne sommes pas en capacité de rentrer sans encombre une voile sur emmagasineur ! Mais, le bleu du ciel, celui de la mer et la longue houle de début de traversée viennent adoucir mon courroux. Le bien-être est là. Elle est pas belle la vie !  Et puis, je suis autant responsable  et je cherche le moyen de rentrer les voiles sur emmagasineur quand le vent est trop fort.  C'est au matin suivant que j'ai une idée : mettre le génois devant la voile en question afin de la faire déventer et ainsi la rentrer plus facilement . Nous testons la métode avec le Code D, autre voile d'avant sur emmagasineur. Et là, tout devient facile ! C'est un jeu d'enfant ! Pourquoi n'y ai-je pas pensé avant ? L'apprentissage de ce type de voile nous coûtera cher en réparation du ballooner !   Spectable du soir avec le coucher de soleil.

Face au plat de riz assez infame, il faut bien le dire, que Max a préparé, il me demande si je ne veux pas me charger de la confection des repas pendant toute la traversée et lui ferait la vaisselle. Je relève le défi d'autant que cuisiner sans avoir les gamelles à laver, cela me va plutôt bien.  D'habitude, Max cuisine bien mais là, avec sa question au  lever du jour : "qu'est-ce qu'il nous reste à manger ?"  je sens l'angoisse  à l'idée de devoir calculer les proportions pendant tout le temps du trajet. La préparation des repas, me prendra plusieurs heures par jour. je teste des nouvelles recettes, j'invente avec ce que nous avons à bord. Les poissons volants, les plus gros, se transforment en rillette. Les autres retournent à l'eau. Avec les galettes de riz, j'élabore des nems de fruits et différents fourrages. J'ai pris beaucoup de plaisir à cuisiner, à créer des petits plats, à agrémenter la présentation. L'avant dernier jour par exemple, nous avons mangé des escalopes de poulet au curry avec du chutney de mangue accompagné de pois au coco. Quelques tranches d'ananas en boite arrosées d'un peu de rhum firent le dessert. Il y a eu aussi la soirée crêpes ! Mais, assez parlé de nourriture. Voyons un peu du côté de la mer.

Au départ, il nous a fallu descendre sud, toujours plus sud pour trouver un peu de vent. Mer d'huile.

Ce peu que nous rencontrions, nous ramener toujours vers les Galapagos que nous voulions éviter pour 4 raisons : formalités extrêment compliquées, tarifs prohibitifs, droits d'accés limité et circulation inter-îles  interdite. En bref, une arnaque à touristes.

Côté vent donc, quelquefois, nous suivions un souffle qui s'arrêtait brutalement ! Bruno de "MAÏNA" nous envoyé tous les jours un bulletin météo. Max de son côté prenait aussi la météo. Jean et Brigitte de La Rochelle nous expédiaient également un bulletin. Seuls au milieu du Pacifique, nous attendions impatiemment ces liaisons via l'irridium. Mais, dans les petits temps les bulletins ne sont pas trés fiables.  Nous étions à la hauteur de l'équateur et du pot au noir. Par 2 fois, nous mîmes à la cape séche. Max en profita pour un bain de mer et pour changer les charbons de l'enrouleur de bôme. Quant à moi, les méduses qui gravitaient autour de "Légende du Val" me m'incitèrent pas à la baignade. J'en ai profité pour faire un peu de ménage, dépoussiérer les meubles, secouer les draps, brosser les tapis, passer l'aspirateur etc.. en somme la vie ordinaire  d'une maison. 

Max, dans le petit temps a perfectionné le réglage des voiles de façon optimum.  Réglage du chariot de la grand'voile. 

Avec un vent arrière de 4 à 6 noeuds, nous atteignons la vitesse de 5 noeuds, ce qui n'est pas négligeable. Nous avons coupé la ligne de l'équateur de nuit.  Max était de quart.   Le lendemain, nous avons fêté l'évènement, salué Neptune,   en ouvrant une boîte de paté Hénaff avec  une bouteille de Volnay 2005, premier cru. Max suggère d'écrire à Hénaff pour leur relater les conditions de dégustation de leur paté. Il espère ainsi obtenir une caisse. Je lui suggère, dans ce cas, d'écrire aussi à Volnay !

Nous sommes maintenant dans la partie sud du globe terrestre. 3 oiseaux sont venus se poser sur "Légende du Val". Une petite sterne a passé la soirée et nuit à l'arrière du bateau. Elle n'avait pas l'air trés en forme.  Un autre, plus gros, est venu se poser dans les haubans. Puis, un drôle d'oiseaux avec une tête rigolotte nous a accompagné durant une soirée et une nuit, posé sur le balcon avant. Lorsque nous nous servions de l'enrouleur du génois, il s'envolait puis venait se reposer à la fin de la manoeuvre.  Son bec est bleu et ses pieds palmés sont rouges. Si vous connaissez l'espèce, merci de nous le dire. Côté faune, nous avons assisté à des spectacles très surprenants. Des bandes de raies manta faisant des sauts de plusieurs mètres hors de l'eau. Le lendemain, une bande d'une centaine de dauphins, qui passaient trop au large de nous pour que nous puissions réaliser un bon film, faisaient eux aussi des cabrioles hors de l'eau. Il fort probable que les raies et les dauphins en sautant ainsi hors de l'eau, cherchent à se débarasser de leurs parasites. Côté pêche, quelques touches qui ont embarqué l'hameçon et cassé le fil d'acier. Puis, une autre touche mais le leurre n'était pas avec l'hameçon ! dommage ! Les seuls poissons que nous avons mangé sont ceux qui ont bien voulu sauter dans le bateau !

Mardi 20 février, aprés une alternance moteur/voile, le vent s'est enfin établi. Code D sur tribord associé à la grand'voile, nous sommes vent de travers. Nous marchons à 7/8 noeuds. Il reste un peu plus de 2500MN. Nous sommes au 14ème jour de navigation. Petit à petit, nous nous rapprochons du but. La mer devient agitée et des vagues scélérates prennent le bateau par derrière en le secouant comme un prunier !  Belle vague arrière. Le 24 février, nous passons sous la barre des 2000MN. Pendant nos quarts de nuit, nous avons les nuages et les étoiles comme couverture, le vent comme compagnon et les flots comme berceuse.  Quart de nuit avec ou sans lune. Parfois, la vigilance se dispute à la somnolence. 

Mercredi 7 mars, 30ème jour de navigation. L'alternateur de l'arbre d'hélice ne répond plus à la commande. Impossible de l'arrêter. Il fait un bruit bizarre depuis plusieurs jours. Max s'aperçoit que le moteur est désacouplé !! Il arrive à remettre 2 boulons sur les 4 pour tenir l'ensemble. Mais, plus question de se servir de l'arbre d'hélice pour recharger les batteries. Je coupe le congélateur, grand consommateur d'énergie. Pour le moment, nous sommes à la voile et nous nous servirons du moteur le plus tard possible. Il nous reste encore 400MN. Un ennui arrivant rarement seul, le taquet tribord du hale-bas du tangon joue les filles de l'air ! Il s'est arraché ! La mer est très agitée et nous regardons maintenant les MN défiler avec une certaine impatience. 

Samedi 10 mars, le vent ne va pas dans la direction que nous espérons. Nous changeons donc de cap et allons sur l'île de HIVA OA au lieu de NUKU HIVA. Les panneaux solaires fonctionnent trés bien mais, de méchants nuages annoncent de l'orage.   La pluie tombe avec de fortes rafales à 7B. Nous réduisons la voilure. A 10h00, la silhouette de Hiva Oa se dessine.   L'île parait sombre et sinistre sous la pluie !    Plus nous nous raprochons de l'île et plus le vent baisse. Il reste encore 7,5MN et nous devons mettre le moteur. Bizarrement, les batteries ne se rechargent pas malgré le moteur ! Nous apprendrons plus tard que 2 de nos alternateurs sont hors service ! Avec Max, nous récapitulons les solutions que nous avons si le moteur lâche. Laisser dériver "Légende du Val" et ancrer dès que possible ou remorquer le bateau avec l'annexe. A 16h00, nous rentrons dans la baie de TAHAUKU" sur l'île d'Hiva Oa de l'archipel des Marquises. A 16H30, nous ancrons par 4 m de fond et 35 m de chaîne. Comme la coutume le veut dans cette baie, nous installons également une ancre arrière. Max en train de poser l'ancre arrière.

Pendant cette traversée, malgré le bien être ressenti, le stress dû aux incidents a amoidri mon désir d'aventure et de découverte. Je me questionne sur les futures navigations. Mais, comme dit Max : "C'est juste quelques petites réparations à faire".  Alors, tout va trés bien madame la Marquise !

 

 

 

 

 

 

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